À quelques semaines d’élections décisives, la Guinée-Bissau replonge dans ses vieux démons. L’armée a annoncé ce vendredi 31 octobre 2025 avoir déjoué une « tentative de subversion de l’ordre constitutionnel » impliquant plusieurs officiers supérieurs. Ces arrestations interviennent à la veille de l’ouverture officielle de la campagne électorale, dans un climat politique déjà explosif.
L’annonce a été faite lors d’une conférence de presse animée par le vice-chef d’état-major, le lieutenant-général Mamadu Touré, qui a indiqué que cette action « visait à interrompre le processus électoral ». Sans préciser le nombre exact de personnes arrêtées, il a affirmé que plusieurs autres officiers avaient pris la fuite. Parmi les interpellés figure notamment le général de brigade Daba Nawalna, directeur d’un centre de formation militaire situé à une trentaine de kilomètres de la capitale, accusé d’être l’un des cerveaux du complot.
« Nous n’allons jamais permettre à qui que ce soit de perturber le processus électoral. S’il y a des civils impliqués, nous allons les arrêter aussi », a prévenu le lieutenant-général Touré, dénonçant ce qu’il décrit comme une tentative d’atteinte à la stabilité du pays.
La Guinée-Bissau, déjà marquée par quatre coups d’État et dix-sept tentatives de putschs depuis son indépendance en 1973, voit ce nouvel épisode renforcer les craintes d’un retour de l’instabilité militaire dans la vie politique.
Cette affaire survient à un moment crucial : la campagne pour les élections présidentielle et législatives du 23 novembre 2025 s’ouvre ce samedi, dans un contexte inédit. Le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), formation historique ayant conduit le pays à l’indépendance, et son leader Domingos Simões Pereira, principal opposant au président Umaro Sissoco Embaló, sont exclus de la compétition. Une absence qui alimente les soupçons d’un scrutin verrouillé.
Les observateurs internationaux expriment déjà leurs inquiétudes face à ce climat tendu, redoutant que le contrôle accru de l’armée sur le processus politique ne compromette la transparence et la crédibilité du vote. Entre peur d’un nouveau coup de force et incertitude électorale, la Guinée-Bissau marche sur une ligne étroite, partagée entre le retour des vieilles pratiques militaires et l’espoir fragile d’une démocratie apaisée.
Mohamed Saliou CAMARA pour Investigatorguinee

