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Candidature indépendante en Guinée : pluralisme sur la forme, verrouillage sur le fond?

octobre 21, 2025
in Edito
Candidature indépendante en Guinée : pluralisme sur la forme, verrouillage sur le fond?
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À l’approche de l’élection présidentielle du 28 septembre 2025, la scène politique guinéenne semble s’animer d’une diversité nouvelle. Une vingtaine de candidats indépendants ont d’ores et déjà manifesté leur intention de concourir. Cet élan, qui pourrait traduire un sursaut de vitalité démocratique, se heurte pourtant à une réalité juridique et politique d’une extrême complexité : le parrainage institutionnel, véritable verrou du système électoral guinéen.

Selon l’article 248 du Code électoral, tout candidat indépendant à la magistrature suprême doit être parrainé par au moins 30 % des maires, répartis dans 70 % des communes du pays. En théorie, cette exigence vise à garantir la représentativité nationale et à éviter la multiplication de candidatures fantaisistes. Mais en pratique, elle devient un obstacle presque insurmontable dans le contexte actuel. En effet, les maires en fonction ne sont pas issus du suffrage universel, mais désignés par des décrets du pouvoir transitoire. Les anciens conseils communaux élus en 2018 ayant été dissous, les communes sont désormais administrées par des délégations spéciales placées sous tutelle du ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation.

Ce détail, apparemment administratif, change tout. Les maires, qui doivent fournir les parrainages, tirent leur légitimité non du peuple, mais du pouvoir central. Solliciter leur signature revient donc, pour un candidat indépendant, à demander le soutien de personnalités dont la carrière dépend directement de l’exécutif. Dans ce contexte, la neutralité administrative devient une fiction, et l’obtention des parrainages exigés relève d’une épreuve quasi impossible.

Imaginons, par exemple, un universitaire respecté ou un jeune entrepreneur décidé à se présenter en dehors des partis politiques. Pour valider sa candidature, il lui faudrait convaincre environ cent vingt maires sur un total de trois cent soixante. Si l’on considère que la plupart de ces maires ont été nommés par le gouvernement de transition, l’hypothèse d’un refus massif devient évidente. L’enjeu n’est donc pas la popularité du candidat auprès du peuple, mais sa compatibilité politique avec le pouvoir en place. La règle du parrainage, censée mesurer la représentativité territoriale, devient un test de loyauté institutionnelle.

À cela s’ajoute la rigueur procédurale imposée par le Code électoral. L’article 251 interdit le double parrainage : un maire ne peut soutenir qu’un seul candidat, sous peine de poursuites judiciaires et d’invalidation du parrainage. L’article 253 exige que les collecteurs de parrainages soient identifiés, enregistrés, et inscrits sur les listes électorales des zones concernées. Quant à l’article 255, il impose un délai de soixante-douze heures pour régulariser un dossier en cas d’invalidation. Ces conditions, si elles garantissent une certaine rigueur administrative, renforcent également l’asymétrie entre les grands partis structurés et les candidats indépendants, souvent dépourvus de relais logistiques et institutionnels.

Cette situation n’est pas propre à la Guinée. Dans plusieurs pays africains, le parrainage électoral est devenu un outil politique de filtrage. Au Sénégal, la réforme de 2018 a imposé un parrainage citoyen équivalant à 0,8 % du corps électoral, soit plus de cinquante mille signatures. Officiellement destinée à moraliser la vie politique, cette mesure a abouti à l’exclusion de nombreux candidats lors de la présidentielle de 2019, réduisant la compétition à quelques figures dominantes. Au Bénin, le parrainage par les députés et maires, introduit en 2021, a éliminé toute candidature issue de l’opposition, puisque la quasi-totalité des élus appartenait à la mouvance présidentielle. En Côte d’Ivoire, la combinaison de conditions financières et administratives, telles que le dépôt d’une caution élevée et la présentation de parrainages régionaux, a rendu l’accès à la compétition réservé à une élite politique ou économique déjà intégrée au système.

La Guinée semble donc s’inscrire dans une tendance régionale où le parrainage, présenté comme un gage de sérieux, se transforme en instrument de verrouillage. Ce dispositif, qui devait garantir la représentativité des candidats, devient un outil de contrôle, voire d’exclusion, permettant au pouvoir de canaliser la compétition tout en affichant le respect formel des règles démocratiques. L’équilibre entre légalité et légitimité se trouve alors profondément fragilisé.

Trois hypothèses peuvent être envisagées pour comprendre cette dynamique. La première est celle du verrouillage politique. Le parrainage serait utilisé comme filtre administratif pour écarter toute candidature perçue comme gênante, assurant une compétition contrôlée sans recours à la répression directe. La seconde est celle du pluralisme de façade. Quelques candidatures indépendantes pourraient être autorisées, non pour créer une réelle alternance, mais pour illustrer une ouverture apparente du jeu politique, destinée à rassurer les partenaires internationaux. Enfin, la troisième hypothèse est celle du contournement stratégique. Certains candidats indépendants pourraient chercher à obtenir le soutien tacite d’acteurs du pouvoir ou d’élus influents, brouillant la frontière entre indépendance et connivence politique.

Dans tous les cas, la question centrale demeure : comment concilier stabilité institutionnelle et ouverture démocratique réelle ? Le principe du parrainage, tel qu’il est appliqué aujourd’hui, favorise une sélection par cooptation, où seuls les acteurs jugés acceptables par le pouvoir peuvent prétendre à la compétition. Ce choix, s’il peut paraître rassurant à court terme, risque à long terme d’affaiblir la légitimité du processus électoral. En restreignant la diversité des candidatures, il appauvrit le débat public et limite la capacité de renouvellement politique du pays.

Ainsi, la présidentielle de 2025 s’annonce comme un moment décisif. Elle permettra de savoir si la transition guinéenne aspire à refonder véritablement le pacte démocratique ou si elle préfère en préserver les formes tout en en neutralisant la substance. La Guinée se montre pluraliste sur la forme, mais demeure verrouillée sur le fond. Le droit d’être candidat existe, mais la possibilité effective de concourir reste étroitement conditionnée. C’est là toute l’ambiguïté d’un pluralisme institutionnel qui, sous le vernis du respect légal, cache souvent la réalité d’un contrôle politique raffiné.

N’Faly Guilavogui Journaliste Éditorialiste politique et Analyste politique, Mastérant en Communication Politique et publique à ISIC de Kountia, Enseignant à UMIG

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