Antananarivo, 17 octobre 2025- Quelques jours seulement après la fuite d’Andry Rajoelina, contraint de quitter le pays à la suite de trois semaines de contestations populaires, le colonel Michaël Randrianirina a été officiellement investi président de la République de Madagascar.
Lors d’une cérémonie solennelle tenue à la Haute Cour constitutionnelle, à Antananarivo, le chef du CAPSAT – une unité d’élite de l’armée qui s’était ralliée aux manifestants – a prêté serment en présence de hauts gradés, de responsables politiques, de représentants du mouvement de contestation Gen Z, ainsi que de délégations étrangères venues des États-Unis, de l’Union européenne, de la Russie et de la France, ancienne puissance coloniale. « Le jour d’aujourd’hui marque un tournant historique pour notre pays. Avec un peuple en effervescence, mû par la volonté du changement et par l’amour profond de la patrie, nous ouvrons un nouveau chapitre de la vie nationale », a déclaré le colonel Randrianirina dans son discours d’investiture.
Une rupture assumée avec le passé
Le nouveau chef de l’État s’est engagé à travailler en concertation avec toutes les forces vives de la nation, promettant d’ouvrir une ère de réformes profondes dans les domaines administratif, socio-économique et politique. Il a également annoncé la mise en place d’un processus constitutionnel inclusif, en vue de rédiger une nouvelle Constitution et de réviser les textes électoraux afin de préparer des élections libres d’ici dix-huit à vingt-quatre mois.
« Nous allons travailler main dans la main avec toutes les forces vives de la nation afin d’élaborer une belle Constitution de la République et de nouveaux textes électoraux. Nous nous engageons à une rupture avec le passé », a-t-il affirmé.
Tout en assurant que le pays ne sera pas gouverné par un régime militaire, le colonel Randrianirina a souligné que le gouvernement appartiendrait aux civils, confirmant ainsi sa volonté d’un retour progressif à l’ordre constitutionnel.
RĂ©actions internationales prudentes
L’Union européenne a appelé à un dialogue inclusif entre toutes les composantes politiques malgaches, invitant à un retour rapide aux valeurs démocratiques. « Nous suivons de près ces événements en cours », a déclaré Anouar El Anouni, porte-parole de la Commission européenne.
Depuis Abuja, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a estimé que « la transition est désormais engagée », tout en insistant sur la nécessité d’une pleine participation des civils au processus politique. De leur côté, les partisans d’Andry Rajoelina ont dénoncé la décision de la Haute Cour constitutionnelle, qu’ils jugent entachée d’irrégularités et contraire aux procédures légales en vigueur.
Enfin, l’Union africaine (UA) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ont annoncé l’envoi prochain de missions d’enquête sur l’île, appelant au respect de la démocratie constitutionnelle et à une transition apaisée.
Vers une transition décisive
La prestation de serment du colonel Randrianirina ouvre une nouvelle étape de la vie politique malgache, marquée par un espoir de stabilité mais aussi par de fortes attentes populaires.
Entre la promesse de réformes et la nécessité d’un retour rapide à l’ordre civil, la transition malgache s’annonce déterminante pour l’avenir institutionnel du pays.
Gaspard KoĂŻkoĂŻ pour Investigatorguinee
