Dans un monde saturé de discours et d’émotions instantanées, savoir parler ne suffit plus pour bien communiquer. Frédéric Fougerat, expert, consultant et écrivain en communication, rappelle avec justesse que le charisme, aussi séduisant soit-il, n’est pas une garantie d’efficacité. Et je partage, sur toute la ligne, cette réflexion profonde qui trouve d’ailleurs un écho particulier dans le contexte guinéen.
On confond souvent parler et communiquer. Cette confusion, si fréquente dans les milieux politiques et institutionnels, repose sur une illusion : celle de croire qu’une parole charismatique équivaut à une communication réussie. Pourtant, comme le souligne Frédéric Fougerat grand professionnel, consultant et écrivain reconnu dans le domaine nous dit, « ce n’est pas parce qu’on est un bon orateur qu’on est un bon communicant ».
En effet, le charisme agit sur la forme. Il s’exprime à travers le ton, la posture, la gestuelle, l’énergie et l’émotion. C’est ce qui permet à un individu de capter l’attention, de séduire un auditoire, de créer une connexion immédiate. Un chef charismatique, comme Barack Obama ou Nelson Mandela, sait faire vibrer une salle, éveiller l’espérance, susciter l’adhésion. Mais, et c’est tout le sens de la réflexion de Fougerat, le charisme, s’il n’est pas accompagné d’une pensée stratégique, ne produit que de l’émotion passagère, sans impact durable.
Prenons un exemple concret dans le contexte guinéen. Il n’est pas rare d’entendre des responsables politiques ou des porte-paroles qui, par leur aisance verbale et leur présence scénique, captivent les foules lors de meetings ou d’émissions télévisées. Leur discours est souvent bien rythmé, rempli de slogans et de formules fortes. Pourtant, lorsqu’on analyse le fond, on s’aperçoit que ces interventions manquent souvent de cohérence, de vision claire, ou d’objectifs de communication bien définis.
Le résultat est immédiat, une salle conquise sur le moment, mais aucune trace durable dans l’opinion publique.
C’est le « coup de com » dont parle Frédéric Fougerat: une étincelle brillante, mais sans trajectoire hélas!
À l’inverse, une communication stratégique agit sur le fond. Elle repose sur la compréhension du contexte, la définition des cibles, la construction de messages cohérents, et la sélection judicieuse des canaux et du moment d’émission. Un autre exemple : lors de certaines campagnes de sensibilisation sur l’assainissement ou la santé publique en Guinée, les résultats les plus efficaces ne sont pas venus de grands discours, mais de messages bien pensés, adaptés au public, diffusés par les bons relais communautaires. Là, la communication a non seulement touché, mais transformé durablement.
Frédéric Fougerat le rappelle d’ailleurs avec force : « La communication ne se résume pas à parler fort et bien. Elle consiste à penser avant d’émettre. » Concevoir un message, c’est anticiper les réactions, choisir les mots justes, comprendre le moment et l’audience. C’est une démarche intellectuelle et stratégique, pas un simple exercice de style.
Le charisme crée une adhésion instantanée, mais souvent superficielle. La stratégie, elle, construit une relation durable avec le public, fondée sur la crédibilité et la cohérence.
Autrement dit : le charisme attire, la stratégie transforme! Je partage entièrement cette vision de Frédéric Fougerat, car elle met en lumière une vérité fondamentale : la communication n’est pas un art de briller, mais un art d’agir.
C’est une discipline exigeante qui mobilise l’intelligence, la méthode et la sensibilité. Le communicant efficace n’est pas celui qui fait le plus de bruit, mais celui qui produit du sens, de la confiance et de l’impact.
Dans un pays comme la Guinée, où la parole publique occupe une place centrale et où la communication politique est souvent confondue avec la rhétorique, cette réflexion résonne avec une pertinence particulière.
Elle rappelle que la parole qui dure est celle qui s’appuie sur une vision claire, une stratégie bien conçue et une cohérence entre les mots et les actes.
Ainsi, pour reprendre l’esprit de Fougerat : « Le charisme fait briller, la stratégie fait avancer.», Autrement dit, « Le premier séduit ; la seconde construit. » Et dans cette différence essentielle se trouve toute la noblesse et la responsabilité du métier de communicant.
N’Faly Guilavogui, Journaliste Éditorialiste politique et Analyste politique, DIC Mastérant en Communication Politique et publique à ISIC de Kountia, Enseignant à UMIG.

