Un procès mêlant accusation de vol, promesse d’échange et révélations intimes entre deux jeunes Guinéens.
Le procès opposant Mohamed Camara à Taliby Diané, tous deux hommes, s’est poursuivi ce mardi 7 octobre 2025 devant le tribunal de première instance de Dixinn. Devant le juge Lansana Keita, les deux protagonistes ont livré des versions totalement opposées des faits. Le prévenu affirme avoir pris l’iPhone X du plaignant parce que ce dernier lui aurait promis de lui offrir l’appareil après avoir eu des rapports sexuels avec lui. Une version que la partie civile rejette catégoriquement.
Détenu depuis le 18 août pour vol présumé de téléphone, Mohamed Camara a comparu une nouvelle fois devant le tribunal correctionnel de Dixinn. À la barre, le jeune homme reconnaît avoir pris le téléphone de marque iPhone X appartenant à Taliby Diané, mais soutient qu’il s’agissait selon lui d’un bien acquis à la suite d’un accord entre eux.
« Il m’a invité chez lui et m’a demandé si je fumais la chicha. J’ai répondu oui, alors il m’en a donné. Ensuite, il est sorti pour revenir avec deux boîtes de coca-cola. Dans la sienne, il a mis du Nescafé et m’a donné l’autre. Il avait deux iPhones : un 13 Pro Max et un X Pro Max. Je lui ai demandé de m’en donner un. Il m’a dit que si on couchait ensemble, il allait me le donner. Donc, nous avons eu une relation charnelle. Le matin, je lui ai dit que je voulais rentrer, il m’a donné 20 000 GNF. Quand j’ai réclamé le téléphone, il a refusé. C’est alors que j’ai pris son iPhone X et je suis parti », a expliqué Mohamed Camara.
Le procureur lui a demandé pourquoi il donne cette version des faits seulement maintenant, alors que le procès a déjà connu plusieurs audiences. Le prévenu a rétorqué qu’il s’agit de la même version qu’il a toujours soutenue.
De son côté, Taliby Diané nie catégoriquement toute relation sexuelle avec Mohamed Camara. Selon lui, il venait à peine de faire sa connaissance, sur recommandation d’un proche. « Le petit est à Kindia. Il m’a dit qu’il connaissait quelqu’un dans une situation difficile et qu’il voulait me le présenter. Un jour, j’ai appelé ce Mohamed pour lui dire que mon petit m’a envoyé son numéro. Il m’a dit qu’il jouait au ballon et qu’il passerait chez moi le soir. Il est venu, a fumé de la chicha, puis est rentré vers 23h. Le lendemain, il m’a rappelé pour venir à nouveau, mais disait ne pas avoir de transport. Je lui ai dit de prendre du crédit et qu’à son arrivée, j’allais payer.
Il est revenu à 23h et a passé la nuit chez moi. Le matin, à 6 h, il m’a réveillé pour dire qu’il voulait rentrer. Je lui ai encore donné 20 000 GNF pour le transport. À peine cinq minutes après son départ, j’ai constaté que mon téléphone avait disparu. J’ai essayé d’appeler, mais les numéros ne passaient plus. J’ai alors contacté le petit qui nous avait mis en relation, et c’est lui qui m’a indiqué où Mohamed habitait », a expliqué le plaignant.
Interrogé sur sa générosité envers Mohamed Camara, Taliby Diané a expliqué qu’il agit ainsi avec toutes les personnes qui viennent chez lui. Concernant le fait d’avoir laissé le jeune homme passer la nuit chez lui, il a précisé que c’est parce que le garçon qui les avait mis en contact passait souvent la nuit chez lui.
Face à ces déclarations contradictoires, le tribunal a décidé de confronter les deux parties. Chacun est resté ferme sur sa version, jurant de dire la vérité. Le ministère public a alors demandé au prévenu de décrire le corps du plaignant afin de prouver qu’il y a bien eu un rapport sexuel entre eux, mais le juge Lansana Keita a mis fin à cette démarche, estimant que le tribunal était saisi pour une affaire de vol, et non de mœurs.
Le magistrat a cependant laissé la possibilité au ministère public d’ouvrir une enquête distincte s’il le juge nécessaire. L’affaire a été renvoyée au 21 septembre pour réquisitions et plaidoiries.
Précision : Les deux protagonistes, Mohamed Camara et Taliby Diané, sont tous deux(2) des hommes.
Avec VAS TV224
