À moins de trois mois de la présidentielle du 28 décembre 2025, la scène politique guinéenne se prépare lentement à ce rendez-vous électoral crucial. Pour l’heure, seuls deux partis ont officiellement confirmé leur participation : le PADES du Dr Ousmane Kaba et l’UDIR de Bouya Konaté. L’Alternance Démocratique pour le Changement – Bloc de l’Opposition Constructive (ADC-BOC), dirigée par le Dr Ibrahima Sory Diallo, exprime également son intention d’y prendre part, mais sous conditions.
Dans un entretien accordé à nos confrères du site Guinée matin, ce jeudi 9 octobre, le président de l’ADC-BOC a posé un préalable clair : le respect scrupuleux des dispositions de la nouvelle Constitution avant le lancement du processus électoral. « Dans la nouvelle Constitution, il est prévu un organe technique indépendant de gestion des élections (OTIGE). Aujourd’hui, cet organe n’est toujours pas mis en place. C’est la Direction générale des élections (DGE) qui continue de gérer, alors que son rôle devait s’arrêter au référendum constitutionnel. À partir du moment où la Constitution a été promulguée, il fallait installer l’organe qu’elle prévoit pour organiser les prochaines élections », explique Dr Diallo.
Selon lui, l’absence de l’OTIGE remet en cause la crédibilité du scrutin à venir. Il estime que la mise en place de cet organe est une condition sine qua non pour garantir la transparence électorale. Mais l’ADC-BOC ne s’arrête pas là. Le parti dénonce également le manque de transparence autour du nouveau Code électoral, pourtant promulgué par le président Mamadi Doumbouya.
« On ne peut pas se porter candidat sans connaître les règles du jeu. Nous voulons participer à cette élection, mais nous ne pouvons pas encore nous prononcer car le Code électoral n’est toujours pas publié. La DGE nous demande de désigner nos représentants dans les commissions pour recevoir les candidatures et fixer la caution, mais comment s’engager sans le ‘B.A.-ba’ ? C’est-à-dire la mise en place de l’OTIGE et la publication du Code électoral », souligne-t-il.
À ces préoccupations institutionnelles s’ajoute une question financière : le non-paiement des subventions destinées aux partis politiques. « Le MATD nous doit de l’argent. Il existe des subventions que nous devrions recevoir de droit, mais qui ne nous ont jamais été versées. Lors de l’évaluation des partis politiques, le ministère de l’Administration du territoire avait promis que ceux validés toucheraient les arriérés dus. Jusqu’à présent, cela n’a pas été respecté », regrette Dr Diallo.
Pour le président de l’ADC-BOC, la participation de sa formation à la présidentielle dépendra du respect de ces conditions fondamentales. « Avant d’aller à une élection, il faut d’abord réunir toutes les conditions nécessaires à sa bonne organisation. Si ces exigences sont satisfaites, l’ADC-BOC participera effectivement à la présidentielle du 28 décembre prochain », conclut-il.
Mohamed Saliou CAMARA pour Investigatorguinee

