Conakry, 9 octobre 2025- Ce jeudi matin, la capitale guinéenne s’est réveillée presque à l’arrêt. Les artères habituellement animées sont désertes, les embouteillages ont disparu, mais pour une raison bien moins réjouissante : la grève des transporteurs d’hydrocarbures, qui a entraîné une rareté du carburant et paralysé une grande partie des transports.
Depuis plusieurs heures, seules quelques voitures particulières circulent timidement dans les rues. Les transports publics, eux, tournent au ralenti, plongeant les citoyens dans une situation de blocage devenue tristement familière. « Cela fait des heures que j’attends un taxi pour aller à Madina chercher du matériel de travail. On ne peut rien faire sans carburant », témoigne un jeune homme rencontré sur l’axe Hamdallaye-Madina, visiblement épuisé.
Aux arrêts de bus, des files interminables se forment. Les travailleurs attendent, parfois en vain, un véhicule pour se rendre sur leur lieu d’activité. Dans ce désordre général, les prix du transport explosent. Dans certains quartiers, les tarifs sont fixés au bon vouloir des chauffeurs, tandis que les conducteurs de taxis-motos, très sollicités, sont accusés de profiter de la crise. « Ce n’est pas nous qui fixons les prix, c’est la situation qui nous dépasse », se défend un conducteur de moto-taxi à Kipé, estimant que « l’État doit réagir vite pour éviter le chaos ».
Face à cette pénurie qui s’aggrave d’heure en heure, la tension monte parmi les automobilistes, qui redoutent une flambée des prix du carburant sur le marché noir. Dans certaines stations-service, les rares litres disponibles s’arrachent à prix d’or.
Cependant, du côté de la Société Nationale des Pétroles, le ton se veut plus rassurant. Selon une source proche du dossier, les négociations avec les transporteurs d’hydrocarbures avancent positivement et un réapprovisionnement progressif des stations-service pourrait intervenir dans les prochaines heures.
En attendant un dénouement, Conakry reste quasiment paralysée, entre angoisse, frustration et incertitude. Une fois de plus, les citoyens paient le prix fort des tensions récurrentes dans le secteur des transports et de l’énergie, qui pèsent lourdement sur la vie quotidienne.
Gaspard Koïkoï pour Investigatorguinee
