L’arrestation du journaliste Djiba Millimouno continue de susciter de vives réactions dans le paysage politique guinéen. Ce mercredi, Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), est monté au créneau pour condamner ce qu’il qualifie de « dérive autoritaire et liberticide » du régime en place.
Dans une déclaration rendue publique sur sa page Facebook, l’ancien Premier ministre s’est dit profondément indigné par « l’arrestation arbitraire » du jeune journaliste, qu’il décrit comme « compétent et respecté ». Selon lui, cette interpellation illustre une fois de plus « le mépris de la junte pour la liberté d’expression et la presse indépendante ».
« L’arrestation arbitraire du journaliste Djiba Millimouno m’indigne profondément. Je condamne fermement cette grave atteinte à la liberté d’expression dont la junte vient, une fois encore, de se rendre coupable », a déclaré le leader de l’UFDG.
Une arrestation jugée illégale et injustifiée
D’après les informations rapportées, Djiba Millimouno a été arrêté le 2 octobre 2025 à Conakry, en dehors de toute procédure légale. Il a été détenu pendant quatre jours à la gendarmerie avant d’être déféré au Tribunal de Kaloum le lundi 6 octobre.
Les sources proches du dossier indiquent que cette arrestation serait liée à une publication sur les réseaux sociaux, dans laquelle le journaliste aurait pris la défense de son confrère Babila Keïta, journaliste d’investigation, critiqué par une personne considérée comme proche du pouvoir.
Pour Cellou Dalein Diallo, cette affaire témoigne d’un climat d’intimidation et de peur imposé par les autorités de transition aux voix critiques. « En s’en prenant encore à un journaliste, la junte confirme son mépris pour la liberté de la presse et sa peur viscérale de la vérité. Elle cherche à faire taire toute voix dissonante et à transformer le pays en un immense camp de silence et de soumission », dénonce-t-il.
Une dénonciation du climat de répression
L’ancien Premier ministre n’a pas mâché ses mots face à ce qu’il considère comme une stratégie délibérée d’étouffement du débat public. Il a rappelé que plusieurs journalistes et activistes ont récemment été interpellés ou intimidés pour leurs prises de position critiques à l’égard des autorités. « Je dénonce avec vigueur cette dérive liberticide de la junte et ce climat de terreur créé et entretenu pour museler nos libertés », a-t-il ajouté, avant de réclamer la libération immédiate et sans condition de Djiba Millimouno et de « tous les prisonniers d’opinion ».
Contexte tendu pour la presse guinéenne
Depuis plusieurs mois, les organisations de défense des droits humains et des journalistes alertent sur la détérioration de la liberté de la presse en Guinée. Fermetures de médias, arrestations, intimidations et restrictions d’accès à Internet ont été recensées, suscitant l’inquiétude de nombreux acteurs nationaux et internationaux.
La sortie de Cellou Dalein Diallo intervient dans ce contexte de tensions croissantes entre la junte et la société civile, où chaque voix critique semble désormais perçue comme une menace. Son appel à la libération de Djiba Millimouno résonne ainsi comme un plaidoyer en faveur du respect des libertés fondamentales, au moment où la Guinée traverse une période charnière de sa transition politique.
N’Faly Guilavogui pour Investigatorguinee
