À la veille de la rentrée scolaire 2025-2026, prévue pour ce lundi 6 octobre 2025, le ministre de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation, Jean Paul CÉDY, a dressé un constat préoccupant sur l’état du corps enseignant en Guinée. Invité vendredi dans l’émission Grand Angle de la RTG, le ministre a alerté sur un déficit estimé à près de 18000 enseignants à combler dans le système éducatif.
« Le besoin n’est pas comblé, il est loin de l’être. Il y a encore beaucoup d’efforts à fournir. Le gap est important. Aujourd’hui, nous estimons qu’il nous manque environ 18 000 enseignants », a-t-il déclaré, soulignant que les récents concours de recrutement à la fonction publique n’ont pas suffi à combler ce manque criant.
Des lacunes de formation et une dévalorisation inquiétante
Au-delà du déficit numérique, Jean Paul CÉDY a pointé du doigt la qualité de la formation et les insuffisances professionnelles de certains cadres nouvellement intégrés. Pour lui, la question n’est pas seulement quantitative, mais aussi qualitative : « Beaucoup doivent être formés, doivent continuer à se former, et nous devons les accompagner dans cette formation. »
Le ministre a également déploré la dévalorisation du métier d’enseignant en Guinée, rappelant qu’il s’agit pourtant d’une profession essentielle à la refondation du pays. « Le métier d’enseignant est tellement discrédité, tellement dévalorisé que beaucoup pensent pouvoir y accéder sans préparation. Pourtant, c’est un métier qui exige rigueur, compétence et passion. »
Un appel à la reconnaissance et à la solidarité
Malgré les défis, Jean Paul CÉDY a tenu à saluer les enseignants qui continuent de servir dans des conditions souvent difficiles : « Ceux qui acceptent d’y aller, nous les félicitons. Ce que nous devons faire, c’est les encourager à se perfectionner. J’appelle aussi les collectivités et les familles à les accueillir, car ils arrivent souvent dans des conditions très dures. Et s’il y a des lacunes académiques, elles peuvent être corrigées. »
Le ministre a également tenu à relativiser l’idée selon laquelle la faiblesse du salaire serait la seule cause du désintérêt pour la profession : « On pense toujours que c’est le salaire. Mais ce n’est pas que le salaire. »
Clarification : l’examen d’entrée en 7e année ne sera pas supprimé
Par ailleurs, Jean Paul CÉDY a tenu à démentir les rumeurs faisant état d’une suppression de l’examen d’entrée en 7e année. Selon lui, il n’a jamais été question de mettre fin à cette évaluation nationale, mais plutôt de repenser le statut du diplôme du Certificat d’Études Élémentaires (CEE).
« On n’a pas dit qu’on allait supprimer l’examen. On parle de supprimer le diplôme. Il faut comprendre qu’un diplôme est un document qui donne accès à un niveau de travail. Or, le CEE, tel qu’il est délivré aujourd’hui, n’a pas de valeur sur le marché de l’emploi. »
Le ministre a expliqué que la réflexion engagée vise à optimiser les ressources consacrées à l’organisation de cet examen, afin de les réaffecter à la formation des enseignants. « Ce qui va changer, c’est qu’on n’aura plus à mobiliser autant de moyens pour un examen national unique. Ces ressources pourront servir à former davantage d’enseignants. »
Une rentrée sous tension mais pleine d’espoir
Alors que les élèves s’apprêtent à reprendre le chemin de l’école ce lundi, les défis restent nombreux : pénurie de personnel qualifié, faible attractivité du métier, et réformes à mener. Mais pour le ministre Jean Paul CÉDY, l’enjeu dépasse les difficultés du moment : « La refondation du pays commence par la refondation du savoir. »
N’Faly Guilavogui pour Investigatorguinee

