Après le retrait de l’organisation de la CAN 2025 pour insuffisance d’infrastructures, la Guinée se prépare à nouveau à frapper à la porte de la CAF pour accueillir une future édition. Entre stades en rénovation, promesses gouvernementales et ambitions nationales, le pays est-il réellement prêt à relever le défi ou risque-t-il de revivre la même humiliation ?
En effet, la Confédération Africaine de Football (CAF) a officiellement lancé le 25 septembre dernier le processus d’appel à candidatures pour les Coupes d’Afrique des Nations postérieures à l’édition 2027, ouvrant la course aux pays désireux d’accueillir les tournois de 2029, 2031, 2033 et 2035. « La CAF a le plaisir d’annoncer l’ouverture du processus d’appel à candidatures pour le droit d’accueillir les compétitions susmentionnées. Les associations intéressées sont invitées à remplir et retourner la Déclaration d’intérêt ci-jointe », indique le courrier officiel. Et les fédérations ont jusqu’au 10 octobre 2025 à 23h59 (CAT) pour déposer leur dossier.
La Guinée, qui avait perdu l’organisation de la CAN 2025 en raison de retards dans ses infrastructures, ambitionne désormais de rebondir. Les chantiers des stades avancent à grands pas : le Stade Général Lansana Conté de Nongo est réhabilité avec un budget de plus de 1 000 milliards de GNF, incluant des équipements modernes tels que tourniquets électroniques et vestiaires conformes aux normes internationales. Le Stade du 28 Septembre, haut lieu du football guinéen, est également en pleine rénovation. Au total, plus de 2 500 milliards de GNF ont déjà été investis, avec une livraison prévue dans trois mois, offrant ainsi une base solide pour une candidature crédible.
Le ministre des Sports, Keamou Bogola Haba, a renforcé cette dynamique dans une sortie officielle : « Avec la volonté manifeste de la Présidence de la République depuis septembre 2022, du Gouvernement, des parlementaires, des cadres du Ministère des Sports et des autres ministères impliqués, de la Fédération Guinéenne de Football, de tous les acteurs du football, du public guinéen et des entreprises partenaires, la République de Guinée soumettra bientôt une candidature très sérieuse pour l’organisation d’une édition proche de la CAN. »
Il a également précisé que la candidature s’appuiera sur un plan global d’infrastructures : stades rénovés, hôpitaux et aéroports régionaux, routes, hôtels haut standing, rails, fibre optique et Data Center national. Bogola Haba a annoncé la création d’une structure dédiée, la Direction Générale de Nimba Sport, chargée d’organiser l’événement, et a souligné le rôle des ambassadeurs sportifs pour porter l’image du dossier : « Cette candidature sera portée par nos ambassadeurs eux-mêmes, comme l’ambassadeur Serhou Guirassy, notre candidat sérieux au Ballon d’Or africain 2025. »
Cependant, disposer de stades rénovés ne garantit pas tout. La CAF impose des conditions strictes : infrastructures hôtelières, sécurité, transport, communication et logistique doivent être irréprochables. « Un stade homologué, c’est un pas en avant. Mais une CAN, c’est une compétition qui mobilise toute une nation. La Guinée doit convaincre qu’elle peut offrir une organisation fiable et sécurisée, au-delà des terrains. »
La Guinée devra également se mesurer à une concurrence déjà positionnée. Le Sénégal a annoncé son intérêt pour accueillir la CAN 2029 ou 2031, avec plusieurs stades régionaux réhabilités pour répondre aux standards de la CAF. D’autres pays pourraient se lancer dans la course, et la co-organisation avec un voisin pourrait être une stratégie à envisager pour renforcer les chances du pays.
Au-delà du sport, cette candidature représente un enjeu symbolique et diplomatique. C’est la possibilité pour la Guinée de tourner la page de 2022 et de montrer sa capacité à relever un défi continental. Les retombées économiques, touristiques et médiatiques d’une CAN seraient considérables, tout comme l’effet fédérateur pour un peuple passionné de football.
À quelques jours de la date limite du 10 octobre 2025, le suspense reste entier. La Guinée déposera-t-elle son dossier, seule ou en partenariat, et réussira-t-elle à transformer cette opportunité en succès tangible ? Après l’humiliation passée, le pays est sur la ligne de départ. La balle est dans son camp, et tout le stade retient son souffle : saura-t-elle marquer le but décisif et écrire une nouvelle page de son histoire footballistique ? La question reste pour l’heure sans réponse.
N’Faly Guilavogui pour Investigatorguinee

