Alors que les résultats provisoires du référendum du 21 septembre 2025 donnent une large victoire au “Oui”, le président du Bloc Libéral conteste la régularité du scrutin et met en garde contre les risques d’instabilité.
Le président du Bloc Libéral (BL), Dr Faya Lansana Milimouno, est sorti de son silence après la publication des premiers résultats partiels du référendum constitutionnel du 21 septembre 2025. Alors que le « Oui » l’emporte largement selon les chiffres annoncés par la Direction générale des élections avec même 100 % des voix dans sa localité d’origine, Ouendé Kénéma, l’opposant conteste la régularité du processus et met en garde contre les risques d’instabilité.
Lui qui a activement mené campagne pour le « Non » dit ne pas se reconnaître dans les résultats proclamés. « C’est une déception, mais je peux vous assurer que mon village, ma sous-préfecture, ma préfecture, ma région, et même la République de Guinée qui m’écoute avec attention, n’ont jamais désavoué mes prises de position », a-t-il déclaré.
Pour Dr Faya Milimouno, même l’administration électorale ne maîtrise pas ses propres chiffres. « Les pourcentages qu’elle annonce ne tiennent pas. On a l’impression qu’elle n’a même pas fait les mathématiques élémentaires. Et ça, c’est très grave », s’est-il insurgé.
L’opposant pointe également le nombre élevé de bulletins nuls plus de 160 000 selon les données provisoires. D’après lui, ce phénomène s’expliquerait par le fait que « dans beaucoup d’endroits, les bulletins étaient déjà cochés avant d’être remis aux électeurs », ce qui a conduit certains votants à les rendre invalides volontairement.
Le leader du BL dénonce aussi des bourrages d’urnes et des pressions exercées sur des responsables locaux. « Des chefs de quartier et présidents de district, à qui on avait dit s’il y a plus de cinq votes Non, vous perdez votre poste, se sont mis à bourrer les urnes. Même à Conakry, nous avons des photos montrant des personnes en train de procéder à ces bourrages », assure-t-il.
À ceux qui doutent de ses affirmations, notamment sur les résultats de sa localité, Dr Faya Milimouno rétorque qu’il dispose de relais sur le terrain et que ses consignes de prudence à ses militants face à la présence de 50 000 agents de sécurité expliquent leur discrétion le jour du vote. « Statistiquement, une telle probabilité n’existe pas. Je suis en contact quotidien avec les habitants de ma région, et cela suffit déjà comme indicateur pour affirmer que nous ne pouvons accorder aucun crédit à ce qui s’est passé », affirme-t-il.
Interrogé par nos confrères du site Africa Guinée sur un éventuel recours devant les juridictions compétentes, l’opposant se montre désabusé: « Il n’y a pas de juridictions compétentes en Guinée. Aucun détenteur du pouvoir judiciaire n’oserait aujourd’hui prendre une décision pour défendre la légalité. Je n’y crois pas », lâche-t-il.
Dans le même entretien, Dr Faya Milimouno a répondu aux critiques de ceux qui le qualifient d’opposant VIP du CNRD, une étiquette qu’il rejette en bloc. Selon lui, sa position demeure constante : celle d’une opposition de principe attachée à l’État de droit et à la transparence du processus électoral.
Avec ces accusations et mises en garde, le président du Bloc Libéral se pose en voix dissonante dans un paysage politique dominé par la victoire écrasante du « Oui », tout en dénonçant un référendum qu’il estime entaché d’irrégularités et dangereux pour la stabilité du pays.
Mohamed Saliou CAMARA pour Investigatorguinee.com

