La Haute Autorité de la Communication (HAC) a annoncé ce samedi 13 septembre 2025 la suspension de la radio privée Sabari FM pour une durée de quarante-cinq jours. Dans le même communiqué, l’institution interdit également à sa plateforme numérique, Sab TV, de diffuser pendant toute la période de la sanction.
La décision, rendue publique à travers la télévision nationale, intervient après la diffusion le 5 septembre dernier d’une émission produite et animée depuis la France par le journaliste Lamine Guirassy, qui est frappé d’une interdiction d’exercer le métier en République de Guinée depuis le 11 juin 2025.
L’émission en cause, intitulée « Les Fouineurs », a été relayée simultanément sur les deux canaux du groupe. Le centre de monitoring de la HAC a transmis un rapport sur ce programme, ce qui a conduit l’institution à s’autosaisir et à convoquer une séance plénière extraordinaire. À l’issue de cette réunion, les conseillers ont décidé de suspendre Sabari FM et de faire taire sa Web TV pour violation des dispositions légales en vigueur.
Le document officiel, signé par le président de la HAC, Boubacar Yacine Diallo, précise que cette décision s’appuie sur les articles 39 et 40 de la loi L/2010/002-CNT du 22 juin 2010, qui régit la liberté de la presse en Guinée. Cette loi encadre non seulement l’exercice du journalisme mais fixe également les sanctions applicables en cas d’infraction aux règles établies.
Cette suspension s’inscrit dans un climat déjà tendu entre l’autorité de régulation et certains médias privés. Depuis plusieurs mois, la HAC a pris des mesures similaires contre d’autres organes de presse, alimentant de vives discussions sur l’équilibre à trouver entre le respect de la loi et la préservation de la liberté d’expression. Pour les défenseurs de la régulation, cette sanction illustre la nécessité de rappeler aux médias leurs obligations, tandis que pour d’autres observateurs, elle pourrait renforcer l’autocensure et fragiliser davantage le paysage médiatique guinéen.
Au-delà des débats juridiques et politiques, cette suspension aura des conséquences directes pour le groupe Sabari. La radio, très suivie à Conakry comme dans plusieurs régions, se voit contrainte de cesser toute activité pendant un mois et demi, ce qui représente une perte importante de revenus publicitaires et plonge son personnel dans l’incertitude. Pour les auditeurs et téléspectateurs habitués à ses programmes, il s’agit d’une coupure brutale qui réduit encore la diversité des sources d’information dans le pays.
N’Faly Guilavogui pour Investigatorguinee

