Séisme judiciaire! Trois magistrats guinéens viennent d’être suspendus de leurs fonctions, une décision sans appel prise par le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme pour « faute lourde ». Un geste fort, qui soulève à la fois espoirs de réforme et inquiétudes sur l’état de la justice nationale.
La note de service, signée le 12 septembre 2025 par Mme Irène Marie Hadjimalis, Secrétaire générale du ministère, agissant « par ordre et par délégation spéciale de signature » du ministre, a pris effet immédiatement. L’information, divulguée ce samedi 13 septembre, a rapidement fait le tour des milieux judiciaires.
Les magistrats sanctionnés sont : Mamadou Hady Diallo, Substitut du procureur assurant l’intérim du Procureur de la République près le Tribunal de première instance de N’Zérékoré ; Amadou Oury Barry, Juge de Paix à la Justice de Paix de Lola et Ibrahima Camara, Juge au Tribunal de première instance de N’Zérékoré, qui faisait l’intérim du Juge de Paix de Lola.
Si la loi L/054/CNT/2013 portant statut des magistrats prévoit de telles sanctions en cas de manquements graves, les raisons exactes de ces suspensions n’ont pas été révélées. Selon des sources judiciaires, elles seraient liées à des comportements incompatibles avec l’éthique et la rigueur attendues des magistrats.
Réactions enchaînées
Du côté de la société civile, certains saluent une décision courageuse : « La justice doit être exemplaire. Quand ceux qui l’incarnent faillissent, des sanctions fermes sont nécessaires », estime un responsable d’ONG anticorruption qui a préféré garder l’anonymat.
Cependant, au sein même de la magistrature, le climat est plus tendu. Des voix s’élèvent pour dénoncer des sanctions jugées arbitraires. « Nous craignons que ces suspensions servent davantage de signal politique que de véritable réforme judiciaire. », a lancé un membre de l’AMG
Cette affaire survient dans un contexte où la justice guinéenne fait face à une crise de confiance. Accusée de lenteurs, de politisation et de corruption, elle est régulièrement pointée du doigt par les citoyens.
En suspendant trois de ses propres juges, le ministère semble vouloir montrer que la tolérance zéro s’applique désormais à tous les échelons. Mais cette fermeté suffira-t-elle à restaurer la crédibilité de l’institution ?
Une chose est certaine, ce coup de balai inédit marque un tournant dans la gouvernance judiciaire. Reste à savoir si cette dynamique s’inscrira dans la durée ou si elle restera un signal isolé.
Mohamed Saliou CAMARA pour Investigatorguinee
