Un nouveau massacre endeuille l’est de la République démocratique du Congo. Dans la nuit du 8 au 9 septembre 2025, des combattants des Forces démocratiques alliées (ADF), affiliées à l’organisation État islamique, ont attaqué le village de Ntoyo, situé dans le secteur de Bapere, territoire de Lubero, province du Nord-Kivu. Le bilan provisoire fait état d’au moins 89 morts, selon des sources locales, sécuritaires et humanitaires.
D’après Samuel Kagheni, président de la société civile locale, « la plupart des victimes participaient à des funérailles » lorsque les assaillants ont ouvert le feu. Certaines personnes ont été abattues alors qu’elles tentaient de fuir, d’autres brûlées vives dans leurs maisons. Au moins 14 habitations ont été incendiées, de même que plusieurs véhicules, motos et bicyclettes. Quatre personnes blessées ont pu être recensées.
Ce nouveau carnage s’inscrit dans une série d’attaques meurtrières qui frappent le Nord-Kivu et l’Ituri depuis juillet. En un peu plus d’un mois, plus de 150 civils ont péri dans des exactions attribuées aux ADF. Ces violences surviennent malgré l’opération militaire conjointe « Shujaa », lancée fin 2021 par les forces armées congolaises (FARDC) et l’armée ougandaise (UPDF). Les militaires peinent à contenir ces rebelles, qui se replient dans des zones difficiles d’accès et privilégient les attaques contre les populations civiles.
Selon un rapport des Nations unies, les ADF ont tué plus de 650 civils entre juin et décembre 2024, principalement dans les territoires de Beni et Lubero. Leur modus operandi reste marqué par des raids nocturnes, l’incendie de villages, le pillage des récoltes et l’exploitation illégale des ressources minières, notamment l’or.
Le président de la Commission de l’Union africaine, Mahmoud Ali Youssouf, a fermement dénoncé cette « attaque terroriste odieuse » et rappelé que de tels actes constituent « des violations graves du droit international humanitaire et des droits humains ». Il a appelé à « mettre fin au climat d’impunité qui alimente la récurrence de ces atrocités ».
La Mission de l’ONU en RDC (MONUSCO) a également condamné ces violences et promis de renforcer son appui aux FARDC pour la protection des civils. Mais sur le terrain, les habitants expriment un sentiment d’abandon, face à des massacres qui se répètent avec une régularité glaçante.
La province du Nord-Kivu est non seulement confrontée aux exactions des ADF, mais aussi aux offensives du mouvement rebelle M23, accusé d’être soutenu par le Rwanda. Cette double menace entretient un climat de terreur et accentue la vulnérabilité des populations, déjà marquées par des décennies de guerre et d’instabilité.
Mohamed Saliou CAMARA pour Investigatorguinee

