De Paris à Rennes, de Marseille à Lille, la journée du 10 septembre a rassemblé entre 197 000 et 250 000 manifestants dans toute la France. Entre blocages, affrontements et grèves, le pays a vécu une mobilisation massive contre l’austérité et le gouvernement, annonçant une rentrée sociale tendue.
La journée du 10 septembre 2025 restera comme l’une des plus fortes mobilisations sociales de ces dernières années en France. Derrière le mot d’ordre « Bloquons tout », des milliers de citoyens se sont rassemblés pour exprimer une colère grandissante face au budget d’austérité 2026 et, plus largement, contre les orientations politiques du gouvernement. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, 197 000 manifestants ont défilé à travers le pays, tandis que la CGT en revendique près de 250 000. Ce sont au total 596 rassemblements et 253 blocages qui ont été recensés, traduisant l’ampleur et la diversité des actions menées.
La contestation ne s’est pas limitée aux slogans et aux pancartes. La journée a également été marquée par des affrontements et des tensions. À Paris, un départ de feu a touché la façade d’un immeuble près de Châtelet, tandis qu’à Rennes un bus a été incendié sur la rocade. Les forces de l’ordre, déployées massivement, ont procédé à entre 473 et 540 interpellations, dont près de 415 se sont traduites par des gardes à vue, notamment plus d’une centaine dans la capitale. Treize(13) policiers et gendarmes ont été légèrement blessés au cours des opérations.
Les répercussions se sont fait sentir dans des secteurs essentiels. Les transports ferroviaires ont subi de fortes perturbations : trains bloqués entre Bordeaux et Toulouse, difficultés sur les lignes vers Auch, Cherbourg ou Valence, et tentatives d’envahissement de plusieurs gares, dont celles de Paris-Nord, Marseille et Montpellier. L’éducation a été frappée par la mobilisation, avec près d’une centaine de lycées perturbés, dont vingt-sept complètement bloqués, sur les 3 700 établissements du pays. À cela s’ajoutent 715 actions de grève, touchant la fonction publique, les hôpitaux, l’éducation et les collectivités, avec des taux de grévistes compris entre 4 et 7 %.
Ce mouvement, né sur les réseaux sociaux, a rassemblé au-delà des structures syndicales traditionnelles et reçu l’appui de plusieurs forces politiques, notamment à gauche. Les revendications, bien que hétérogènes, se rejoignent dans un rejet du plan d’austérité du gouvernement, qui prévoit près de 44 milliards d’euros d’économies au prix de coupes dans les services publics, du gel des retraites et de la suppression de certains jours fériés. Pour une partie des manifestants, la contestation s’étend au-delà de ces mesures budgétaires, allant jusqu’à réclamer la démission du président Emmanuel Macron ou la mise en place d’une Sixième République.
Si cette journée n’a pas totalement paralysé la France, elle a donné la mesure d’un mécontentement social profond, capable de mobiliser largement et de perturber l’activité nationale. Les syndicats et collectifs appellent désormais à une nouvelle mobilisation intersyndicale le 18 septembre, augurant d’une confrontation durable entre l’exécutif et la rue.
Charlie Passy pour Investigatorguinee

