En annonçant qu’il ne se représentera pas à la présidence du Bloc Libéral (BL) lors du congrès d’octobre 2025, Dr Faya Millimouno déclenche le débat. L’ancien candidat à la présidentielle se distingue par une décision rare dans la classe politique guinéenne : renoncer volontairement au leadership de son propre parti au nom de l’alternance. Une prise de position qui sonne comme une critique voilée des leaders politiques qui refusent de lâcher le pouvoir.
Le président fondateur du Bloc Libéral (BL), Dr Faya Millimouno, a annoncé qu’il ne briguera pas de nouveau mandat lors du congrès de son parti prévu en octobre 2025. Fidèle à ses principes, l’ancien candidat à la présidentielle de 2015 confirme son engagement en faveur de l’alternance et réaffirme que son objectif politique ultime demeure l’accession à la magistrature suprême.
Interrogé par nos confrères du site AfricaGuinée, Dr Faya est revenu sur les motivations qui justifient son retrait après deux mandats à la tête du BL. Selon lui, cette décision s’inscrit dans la ligne des valeurs qui ont fondé son parti. « À la naissance du Bloc Libéral, qui se voulait une rupture avec les pratiques établies, j’ai toujours affirmé que le BL ne serait la propriété de personne, ni d’une communauté. Il devait être un espace républicain, destiné à nourrir les rêves au service de la Nation. Dès le départ, j’ai confié à mes compagnons fondateurs que si je prenais la direction du parti, je ne ferais jamais plus de deux mandats », a-t-il rappelé.
Le leader précise que ce choix n’a aucun lien avec ses ambitions présidentielles.
« Cela n’a absolument rien à voir avec mes aspirations nationales. On n’a pas besoin d’être président d’un parti pour en être le candidat à une élection », a-t-il insisté.
Revenant sur son parcours à la tête du BL, Dr Faya rappelle avoir été la voix la plus forte et la plus critique de son camp. « Lorsque nous avons dénoncé les agissements de M. Alpha Condé, ce n’était pas un simple effet de groupe. Vous m’avez certainement entendu dire qu’un dirigeant qui promet de respecter la Constitution, de s’en tenir à deux mandats et de se retirer, mais qui reste président fondateur de son parti depuis trente ans, ne peut inspirer confiance. Je reste fidèle à mes convictions. Je demeure membre du Bloc Libéral et acteur politique majeur en Guinée, mais cela ne m’oblige pas à rester président du parti », a-t-il souligné.
Pour Dr Faya, l’exemple de l’alternance doit d’abord être pratiqué au sein des partis politiques avant de s’imposer au sommet de l’État. « Je veux que les Guinéens comprennent que lorsqu’ils réclament la démocratie, cela suppose une véritable éducation citoyenne. Au nom de l’alternance, ce pays a connu des manifestations, parfois meurtrières. Mais regardons-nous en face : combien de chefs de partis ont gardé la présidence de leur formation pendant plus de vingt ans ? C’est en partie cette absence de renouvellement qui explique la prolifération de partis politiques. On adhère à une formation pour ses idéaux, mais aussi avec l’espoir d’un jour pouvoir la diriger. Si le président fondateur s’accroche indéfiniment, le parti devient perçu comme sa propriété personnelle », explique-t-il.
Dans cette logique, il estime que son rôle sur l’échiquier national ne se résume pas à conquérir le pouvoir, mais à le faire de manière exemplaire. « Mon ambition n’est pas seulement de gagner le pouvoir, mais de l’obtenir avec et pour le peuple, en donnant l’exemple. Je ne peux pas convaincre les Guinéens de ma volonté de rupture si, dans le même temps, je viole mes propres principes ou falsifie la Constitution pour un troisième mandat. Je dois leur fournir des preuves concrètes de ma cohérence », conclut-il.
Mohamed Saliou CAMARA pour Investigatorguinee
