La rentrée des classes en Guinée, session 2025-2026, s’ouvre déjà sous le signe de la discorde. Dans un communiqué officiel publié le 25 août, le Ministère de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation (MEPU-A), dirigé par Jean-Paul Cédy, a fixé la reprise des cours au 15 septembre 2025 sur l’ensemble du territoire national.
Pour le gouvernement, cette décision n’est pas négociable : il s’agit d’une question de survie pour l’école guinéenne. Les statistiques sont implacables: la Guinée enregistre un quantum horaire de moins de 850 heures au primaire, là où ses voisins comme le Sénégal et le Maroc dépassent les 1 080 heures.
Selon le ministère, cette faiblesse est l’une des causes majeures du retard chronique du système éducatif et des faibles performances scolaires. « Le temps d’apprentissage est un levier essentiel de la qualité de l’enseignement », rappelle le département, qui justifie ce calendrier rapproché par la nécessité de rattraper les retards accumulés et d’offrir enfin aux élèves neuf mois effectifs de cours.
Mais du côté des enseignants, le son de cloche est tout autre. Le secrétaire général du SLECG, Aboubacar Soumah, dénonce une décision unilatérale et injuste qui viole, selon lui, les droits des formateurs. Il rappelle que les enseignants ont droit à trois mois de vacances, ce qui ne serait pas respecté si les classes rouvrent dès la mi-septembre.
À cela s’ajoute un problème financier : « Au 15 septembre, nous n’avons pas encore touché nos salaires. Reprendre le travail sans moyens pour rejoindre nos postes, c’est exiger l’impossible », fulmine-t-il. Pour le syndicat, ouvrir les classes à cette date revient à demander un sacrifice de trop, alors même que les conditions de travail et de rémunération des enseignants restent précaires.
Le camp gouvernemental, lui, estime qu’il n’est plus question de céder à des « vacances interminables » au détriment des élèves. L’intérêt supérieur des apprenants doit primer, plaide le ministère. À l’inverse, les syndicats voient dans cette décision une nouvelle preuve du mépris des autorités pour les enseignants, qui restent la cheville ouvrière du système éducatif mais se sentent marginalisés et pressurés.
Ainsi, entre la quête de rigueur et de performance prônée par l’État et la défense des droits sociaux revendiquée par les enseignants, un bras de fer s’annonce. Si aucun compromis n’est trouvé, la rentrée scolaire 2025-2026 risque de commencer sur fond de tensions et de perturbations, au grand désarroi des élèves et de leurs parents, pris une fois encore en otage dans ce duel récurrent entre pouvoir et corps enseignant.
Mohamed Saliou CAMARA pour Investigatorguinee

