Ce vendredi 8 août 2025, à travers un communiqué diffusé sur les médias d’État, le ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, par l’intermédiaire de la Direction générale des élections (DGE), a exprimé sa vive préoccupation face à « l’organisation, depuis quelques jours, de campagnes relatives au référendum constitutionnel, initiées de manière unilatérale par certains citoyens sur le territoire national ».
La DGE rappelle que cette pratique enfreint les dispositions de la loi L/2025/012/CNT fixant les modalités d’organisation du référendum constitutionnel en République de Guinée, et plus particulièrement l’article 17, qui précise :
« La campagne pour le référendum constitutionnel est ouverte vingt et un (21) jours avant la date du scrutin et close quarante-huit (48) heures avant cette date. »
« Pendant la campagne, les réunions et manifestations publiques se tiennent dans le respect de la loi, de l’ordre public et des bonnes mœurs. »
« Les dates et heures d’ouverture et de clôture de la campagne référendaire sont fixées par décret du président de la République, trente (30) jours au moins avant la date du scrutin. »
En conséquence, la DGE exhorte l’ensemble des citoyens à s’abstenir de toute activité pouvant être assimilée à une campagne en lien avec le référendum constitutionnel, et ce, afin de respecter scrupuleusement les dispositions légales en vigueur.
Elle précise toutefois que « cette mise en garde ne vise en aucun cas la campagne officielle de vulgarisation du projet de nouvelle Constitution actuellement en cours sur l’ensemble du territoire national », conclut le communiqué.
À un peu moins de six semaines du référendum prévu le 21 septembre, cette sortie de la DGE intervient dans un climat politique tendu. Le projet de nouvelle Constitution, présenté par les autorités de transition comme un socle indispensable pour un retour à un ordre institutionnel stable, divise la classe politique et la société civile.
Officiellement, la phase actuelle est une campagne de vulgarisation destinée à informer les citoyens sur le contenu du texte, ses innovations et implications. Pourtant, plusieurs observateurs et acteurs dénoncent un glissement progressif de cette vulgarisation vers une véritable campagne électorale anticipée. On observe notamment des affiches, des slogans mobilisateurs, des sensibilisation au ton partisan, et des prises de parole publiques qui vont au-delà de la simple pédagogie.
Face à cette situation, la DGE rappelle que « la campagne pour le référendum constitutionnel est ouverte vingt et un (21) jours avant la date du scrutin », soulignant ainsi que toute activité assimilable à une campagne menée hors délai est contraire à la loi.
Cependant, cette mise en garde intervient assez tardivement, alors que certaines initiatives sont déjà bien avancées sur le terrain. La question se pose donc de savoir si cette injonction sera effectivement respectée. En l’absence de sanctions strictes ou d’un contrôle renforcé, rien ne garantit que les acteurs en infraction suspendront leurs actions.
Par ailleurs, la nuance faite par la DGE, selon laquelle sa mise en garde « ne vise en aucun cas la campagne officielle de vulgarisation », laisse une zone d’ombre. En effet, la frontière entre vulgarisation institutionnelle et campagne politique devient floue, suscitant des interrogations légitimes sur l’équilibre et la transparence du processus référendaire.
Dans ce contexte, le respect rigoureux du calendrier électoral ne sera pas seulement une formalité administrative, mais un enjeu majeur de confiance. La crédibilité du scrutin et la légitimité de ses résultats dépendront en grande partie de la capacité des institutions à garantir un cadre de jeu juste, transparent et respectueux des règles.
À défaut, le référendum pourrait être perçu comme déséquilibré dès son lancement, ouvrant la voie à des contestations et à une crise post-référendaire dont le pays pourrait difficilement se relever rapidement.
Charlie Passy pour Investigatorguinee

