En Côte d’Ivoire, le spectre d’un quatrième mandat présidentiel pour Alassane Dramane Ouattara réveille les tensions politiques et ravive les plaies d’un passé électoral douloureux. Ce samedi 9 août 2025, l’opposition, rassemblant plusieurs figures de poids, est descendue dans la rue pour exprimer un rejet ferme de ce qu’elle considère comme une « dérive monarchique ».
Les cortèges, partis de différents quartiers d’Abidjan, ont convergé vers des points stratégiques, défiant une présence policière massive et des restrictions officielles sur les rassemblements publics.
Pour les organisateurs, il ne s’agit pas seulement de contester une éventuelle candidature, mais de défendre les principes démocratiques inscrits dans la Constitution ivoirienne. « La limitation des mandats est un verrou essentiel. Y toucher, c’est ouvrir la voie à l’instabilité et au chaos », martèle un leader de l’opposition, rappelant que les promesses faites en 2020 d’un renouvellement générationnel sont aujourd’hui foulées aux pieds.
La tension autour de cette question s’explique par l’histoire récente du pays : les crises post-électorales de 2010 et 2020 ont laissé des cicatrices profondes, tant sur le plan humain que sur le tissu social. Les violences, les arrestations ciblées et les divisions communautaires qui en avaient découlé hantent encore la mémoire collective. En évoquant un quatrième(4è) mandat, Ouattara qui demeure une figure dominante de la scène politique réactive, volontairement ou non, ces traumatismes?
Du côté du pouvoir, on met en avant la nécessité de préserver la stabilité, de poursuivre les chantiers économiques et de garantir la sécurité face aux menaces régionales. Les partisans du chef de l’État affirment que l’homme incarne l’expérience et la continuité nécessaires dans un contexte international incertain. Mais pour ses opposants, cet argument masque mal une volonté de s’accrocher au pouvoir et de verrouiller le jeu politique.
L’enjeu dépasse la seule Côte d’Ivoire. Dans une sous-région ouest-africaine marquée par des transitions forcées, des coups d’État militaires et des contestations constitutionnelles, chaque tentative de prolongation de mandat présidentiel résonne comme un signal politique majeur. Les analystes estiment que si Ouattara franchissait le pas, cela pourrait inspirer d’autres dirigeants de la région, contribuant à l’érosion des acquis démocratiques.
La mobilisation de ce 9 août est un avertissement clair : une partie significative de la société ivoirienne est prête à se dresser contre toute manœuvre visant à prolonger indéfiniment un pouvoir en place. Reste à savoir si cet avertissement sera entendu ou s’il marquera le début d’un bras de fer politique aux conséquences imprévisibles.
N’Faly Guilavogui, Journaliste Éditorialiste politique, Analyste politique et Mastérant en Communication Politique et publique pour Investigatorguinee
