La publication successive de deux communiqués contradictoires, émanant respectivement d’Alhoussein Makanéra Kaké et de Cheick Tidiane Traoré, met en lumière des tensions internes au sein de la structure dite Synergie Général Mamadi Doumbouya 2025 (GMD25). Cette « guerre de communiqués », bien plus qu’un simple différend de calendrier ou d’organisation, révèle des enjeux politiques profonds, des maladresses de communication, des erreurs stratégiques ainsi qu’une dégradation notable de l’image du mouvement politique dans l’espace public.
Ci- dessous l’analyse neutre sur le plan politique, stratégique et l’image de l’entité…
Sur le plan politique, ces deux textes traduisent une rupture manifeste de cohésion au sein de la coordination nationale de la Synergie GMD25. Le communiqué signé par M. Makanéra Kaké annonce une tournée sur le terrain, à visée explicative autour de la nouvelle Constitution, tout en informant d’un déménagement temporaire des bureaux. Cette initiative se présente comme une activité ordinaire de la coordination. Toutefois, la réaction rapide et tranchée de M. Cheick Tidiane Traoré, au nom de la Coordination nationale, révèle une situation de clivage profond au sommet du mouvement. Cette fracture se matérialise par un désaveu explicite, et donc politiquement lourd de sens, d’un cadre de haut rang, ce qui expose au grand jour une absence de validation interne préalable, mais surtout une rivalité entre deux pôles d’autorité. D’un côté, un coordinateur général en tournée active sur le terrain ; de l’autre, une structure centrale qui veut réaffirmer son autorité. Ce double positionnement trahit une lutte pour le contrôle symbolique et opérationnel du mouvement, dans un contexte marqué par les enjeux de la transition politique en Guinée.
D’un point de vue communicationnel, les deux communiqués adoptent des tons et des objectifs radicalement différents, mais également problématiques. Le premier se veut informatif, presque administratif et de légitimation, comme s’il s’agissait d’une routine habituelle établie. Toutefois, son contenu suggère une tentative implicite de poser des actes de leadership territorial. Mais y a- t- il eu une concertation consensuelle en amont? Le second communiqué, répond à cette interrogation, mais fait preuve d’une rhétorique défensive, destinée à protéger l’institutionnelle. En insistant sur l’absence de concertation, il se positionne en gardien de l’ordre organisationnel. Toutefois, en optant pour une dénonciation frontale, lui aussi contribue à rendre visible une crise interne qui aurait pu être gérée autrement. Ainsi, le discours perd son unité et se transforme en terrain d’affrontement public. La publication du deuxième communiqué est un message connu et orchestré, comme pour dire, ” Comme il n’y a pas d’entente entre nous, mettons le linge sale à la place publique”.
Ce déchirement discursif offre un spectacle de désordre qui nuit à la perception externe du mouvement. Le public, les partenaires et les sympathisants assistent à une séquence de désaccords internes exposés sans filtre, ce qui peut affaiblir la parole collective et engendrer une confusion sur l’identité même de la Synergie denommée GMD25.
Sur le plan stratégique, la situation révèle un déficit dans la gouvernance interne de la structure. Ça veut dire que même le subordonné peut dire non à son responsable. Le fait qu’un coordinateur engage une tournée nationale avec le consentement ou pas d’une coordination nationale, ou que celle-ci choisisse de répondre sur la place publique plutôt que par voie disciplinaire ou organisationnelle, dénote une désarticulation des mécanismes internes de gestion de conflit. En lieu et place d’une procédure interne de rappel à l’ordre, le conflit devient public et alimente un cycle d’invalidation mutuelle. Cela constitue une faute stratégique, car la crise de leadership ainsi révélée ne profite à aucune des parties, et encore moins à la structure elle-même.
En effet, plus qu’un simple conflit de personnes, cette séquence exprime l’absence de clarté dans la hiérarchie, de procédures formelles pour la validation des actions, et de discipline organisationnelle. Ce genre de crise, s’il se reproduit ou s’aggrave, risque de disqualifier la Synergie GMD25 dans l’arène politique comme un mouvement crédible et structuré. Il est donc impératif, sur le plan stratégique, que des mécanismes de régulation, de validation des actions et de gestion des initiatives locales soient rapidement clarifiés et rendus obligatoires.
La gestion de l’image du mouvement sortira particulièrement affaiblie de cet épisode. La juxtaposition de deux communiqués antagonistes donne l’impression d’un groupe divisé, mal organisé et en perte de contrôle sur sa propre communication. En matière d’image, l’alignement entre la parole et la structure est essentiel. Or ici, le public est confronté à deux(2) voix dissonantes, émanant toutes deux(2) de la même entité, mais délivrant des messages contradictoires. Le nom même de « Synergie GMD25 », utilisé dans les deux textes, perd en cohérence symbolique. En l’absence d’un système de validation unique, de signatures numériques unifiées ou de logos institutionnels centralisés, il devient difficile de discerner l’authenticité des prises de position. Cela ouvre la porte à des interprétations non professionnelles et à des manipulations de communication, voire à une perte de confiance généralisée de la part des sympathisants et partenaires. Par ailleurs, l’appel à la vigilance lancé dans le second communiqué, bien que légitime sur le fond, peut être perçu comme un aveu d’impuissance organisationnelle, voire comme un signal d’alarme adressé à l’opinion publique. L’image de sérieux et de rigueur que toute organisation cherche à préserver est ainsi fragilisée par la mise en scène de ce conflit sans filtre.
Donc, a publication de ces deux communiqués, qui s’excluent mutuellement, dévoile une crise multidimensionnelle au sein de la Synergie GMD25. Politiquement, elle reflète un affrontement pour le contrôle symbolique et opérationnel du mouvement. Sur le plan de la communication politique, elle illustre une perte de cohérence et d’unité dans la parole publique. Stratégiquement, elle témoigne d’un défaut de gouvernance interne et d’un manque de mécanismes de régulation efficaces. Er en matière d’image, elle expose l’organisation à une dévalorisation de son identité, de sa crédibilité et de sa capacité à fédérer autour d’un projet qu’ils ont en commun. Face à une telle situation, seule une restructuration rapide de la coordination, l’encadrement strict des communications publiques et une médiation interne forte peuvent permettre de restaurer l’autorité, la cohésion et la confiance. À défaut, ce type de conflit pourrait précipiter la fragmentation du mouvement et compromettre son influence politique. Qui sait si à l’interne ça ne sent pas plus mauvais sur le réseau social Facebook?
Analyse de N’Faly Guilavogui pour Investigatorguinee



