Le 11 mars 2025, un élève du lycée Sainte-Marie de Nongo a ouvert le feu sur deux de ses camarades, les blessant. Face à cet événement choquant, le ministère de l’Enseignement Pré-universitaire et de l’Alphabétisation a rapidement réagi en publiant un communiqué.
Il y annonçait que les deux élèves, pris en charge au CMC de Ratoma, étaient hors de danger. Le ministère y exprimait également son regret face à cet acte de violence en milieu scolaire, indiquait que la police avait ouvert une enquête et rappelait aux parents et enseignants leur responsabilité dans l’encadrement rigoureux des enfants.
Cette réactivité du ministre Jean Paul Cedy a permis de dissiper les rumeurs alarmistes, notamment celles concernant le pronostic vital de l’élève blessé au ventre, et a sans doute contribué à éviter des représailles, comme cela se produit souvent dans de telles circonstances.
Cependant, un problème récurrent est apparu une fois de plus : la qualité médiocre de certaines couvertures journalistiques. Un site d’information, tout en relayant le communiqué officiel, a maladroitement écrit que « le ministère de l’Enseignement s’est fendu d’un communiqué ».
L’auteur de cette phrase semble ignorer qu’une telle formulation est généralement péjorative, suggérant une réaction maladroite ou inappropriée de la part du ministère, ce qui n’était absolument pas le cas ici, ni dans ce qu’il écrira lui-même par la suite. Cette erreur témoigne d’un manque de maîtrise du contexte et de la subtilité du langage journalistique.
Trop souvent, certains journalistes, séduits par des tournures qu’ils découvrent ailleurs, les utilisent sans discernement. Dans des circonstances aussi graves qu’une fusillade en milieu scolaire, la rigueur et la neutralité devraient primer.
Ce site aurait dû se limiter à publier fidèlement le communiqué sans y ajouter d’interprétation hasardeuse. Voilà pourquoi les rédactions ont besoin de journalistes formés, de rédacteurs en chef compétents et, à défaut, au moins d’un secrétaire général de rédaction capable de filtrer ces maladresses.
Apprendre avant de savoir : une exigence journalistique
Le journalisme ne se résume pas à recopier ou à enjoliver des phrases trouvées ailleurs. Il exige une véritable formation, une compréhension des nuances du langage et un sens des responsabilités, surtout lorsqu’il s’agit de sujets aussi sensibles. La communication de crise repose sur la rapidité, mais aussi sur la précision des mots.
Mal employées, certaines expressions peuvent fausser la perception d’un événement et aggraver une situation déjà tendue. D’où l’impérieuse nécessité pour les médias de s’entourer de professionnels qualifiés et conscients de leur rôle dans la transmission d’une information juste et équilibrée.
Abdoulaye Sankara