Depuis l’intervention de l’ancien Premier ministre KabinĂ© Komara lors d’un panel organisĂ© par Émergence Magazine dans le cadre de la 3e Ă©dition de son Forum Ă©conomique, des dĂ©formations malhonnĂŞtes de ses propos circulent, semant la confusion entre le Projet Simandou et le Programme Simandou 2040.
Comme d’habitude, cette confusion trouve son origine chez ces pseudo-vlogueurs incultes et certains communicants des réseaux sociaux, qui s’emploient à manipuler l’opinion.
Ils ont ainsi attribuĂ© Ă l’ancien Premier ministre une absurditĂ© : « Le projet Simandou n’est pas encore rĂ©digĂ© » (voir illustration de gauche). Soit ils ignorent tout du sujet, soit ils instrumentalisent leurs contre-vĂ©ritĂ©s Ă des fins politiques. Dans les deux cas, ils feraient mieux de s’informer avant de s’exprimer afin d’Ă©viter le ridicule.
Plus simplement : ce n’est pas le Projet Simandou qui n’est pas encore rĂ©digĂ©, mais bien le Programme Simandou 2040, actuellement en cours d’Ă©laboration. Ce programme, qui couvre les quinze prochaines annĂ©es, repose sur cinq axes stratĂ©giques :
1. Agriculture, industrie alimentaire et commerce : pour renforcer la souverainetĂ© alimentaire et favoriser l’exportation.
2. Éducation et culture : pour former une génération apte à porter le développement national.
3. Infrastructures, technologies et transport : pour connecter la GuinĂ©e au monde et soutenir l’industrialisation.
4. Économie, finances et assurances : pour stabiliser et dynamiser l’économie.
5. Santé et bien-être : pour garantir un développement humain durable.
Voilà tout ce qui existe officiellement, en termes de rédaction, sur le Programme Simandou 2040 à ce jour.
Or, lors de son intervention au Forum Économique d’Émergence Magazine, KabinĂ© Komara n’a jamais affirmĂ© que « le Projet Simandou n’existe pas sur papier ». Il faisait rĂ©fĂ©rence au Programme Simandou 2040, pour lequel il est d’ailleurs consultant. Il a simplement rappelĂ© que le seul Projet Simandou ne saurait, Ă lui seul, garantir le dĂ©veloppement de la GuinĂ©e (photo Ă droite).
Mais alors, comment des blogueurs et des pseudo-influenceurs, accompagnĂ©s de leur cohorte d’abrutis des rĂ©seaux sociaux, peuvent-ils ainsi dĂ©former ses propos et les diffuser massivement, livrant une haute personnalitĂ© Ă la vindicte populaire ?
Ce fut implicitement le cas ce week-end à Kindia dans des discours officiels de soutien à une éventuelle candidature du Général Mamadi Doumbouya.
Si l’on devait s’en tenir aux inepties relayĂ©es sur les rĂ©seaux sociaux, le Projet Simandou n’existerait donc pas sur papier ! Vraiment ? Ce qui n’existe pas encore sur papier en tant que projet de sociĂ©tĂ© (peut-ĂŞtre) pour les quinze prochaines annĂ©es, c’est le Programme Simandou 2040, et non le Projet Simandou, qui, lui, est bien rĂ©el sur papier depuis 2012 — et bien avant — sous le magistère du professeur Alpha CondĂ©, avant d’être renforcĂ© par le CNRD, qui l’a ouvert Ă de nouveaux partenaires de premier plan, notamment le gĂ©ant mondial de la mĂ©tallurgie, Baowu, ainsi que d’autres amendements.
Ensuite, comment des institutions financières internationales, connues pour leur rigueur, auraient-elles acceptĂ© de financer un projet inexistant ? Sur quelle base l’État guinĂ©en a-t-il signĂ© des accords avec Rio Tinto-Simfer, Winning Consortium Simandou (WCS) et dernièrement avec Baowu, le gĂ©ant mondial de la mĂ©tallurgie ? Pourquoi ce dernier aurait-il dĂ©boursĂ© 99 millions de dollars comme ticket d’entrĂ©e si le projet Ă©tait une chimère ? D’ailleurs, le CNT demande la traçabilitĂ© au TrĂ©sor public de ces 99 millions de dollars ! De plus, les trois volets fondamentaux du projet – blocs miniers, chemin de fer et port en eau profonde – auraient donc Ă©tĂ© conçus dans le vide ? Il faut une dose extraordinaire de mauvaise foi ou d’ignorance crasse pour croire Ă une telle absurditĂ©. Simandou est le plus grand projet minier du monde, avec un investissement colossal de 20 milliards de dollars. Celui qui affirme le contraire confond ses dĂ©sirs politiques avec la rĂ©alitĂ© des faits.
Il est vrai que le seul Projet Simandou ne suffira pas Ă dĂ©velopper la GuinĂ©e, comme l’a si bien dit l’ancien Premier ministre KabinĂ© Komara Ă ce forum. L’enjeu est de transformer cette manne en moteur de croissance pour des secteurs clĂ©s : agriculture, Ă©ducation-culture, santĂ©, nouvelles technologies, finances, etc (voir dĂ©tails plus haut). Tous ces axes, dĂ©jĂ soutenus par l’État, les institutions de Bretton Woods (FMI-Banque mondiale), le PNUD, la FAO, le FIDA, ainsi que d’autres partenaires technics financiers, verront leur dĂ©veloppement accĂ©lĂ©rĂ© grâce aux revenus de Simandou. C’est en cela que le Projet constitue un catalyseur pour le Programme.
En revanche, ce qui n’existe pas encore sous une forme dĂ©finitive et Ă©crite, c’est le Programme Simandou 2040. Ce dernier repose uniquement sur les cinq axes prioritaires, tenant Ă peine sur deux pages. Son Ă©laboration est en cours, impliquant les ministères compĂ©tents, le cabinet d’audit KPMG pour le cadrage technique, ainsi que des banques d’affaires de renom comme Rothschild et SouthBridge, avec le consultant KabinĂ© Komara. DĂ©jĂ , fin janvier 2025, le cabinet KPMG a procĂ©dĂ© Ă la restitution et Ă la validation des rĂ©sultats des diagnostics sectoriels, en prĂ©sence du secteur privĂ© guinĂ©en et des dĂ©partements ministĂ©riels concernĂ©s.
Ceux qui prĂ©tendent sur la toile que le Projet Simandou n’existe pas et qu’il s’agit d’un mirage sont soit irrĂ©mĂ©diablement ignorants, soit foncièrement malhonnĂŞtes. La politique de la dĂ©sinformation s’invite une fois de plus dans le dĂ©bat. Peut-on critiquer quelque chose qui n’existe pas encore ? Comment accorder prochainement du crĂ©dit Ă des arguments dĂ©jĂ bâtis sur des mensonges et des manipulations ? Il est tout Ă fait lĂ©gitime — et c’est de bonne guerre — de critiquer sĂ©vèrement la gestion actuelle du pouvoir. Toutefois, encore faut-il le faire sur la base de faits avĂ©rĂ©s, sous peine de sombrer dans le ridicule, comme c’est prĂ©cisĂ©ment le cas en ce moment !
Au final, et Ă leur dĂ©charge, il faut reconnaĂ®tre que ces rĂ©seaux sociaux s’informent Ă©galement sur les publications des “influenceurs” du gouvernement. Comment peut-on confier une partie de sa communication digitale et dĂ©rivĂ©e Ă Makosso, Eudoxie Yao et Bibiche ou c’est Mimiche mĂŞme, et s’attendre Ă une visibilitĂ© crĂ©dible sur les rĂ©seaux sociaux ?! Il ne s’agit pas de miracles d’un pasteur escroc ou des dĂ©filĂ©s de caleçons sur la toile, tout de mĂŞme. C’est plus sĂ©rieux que ça !!!
Et pour la comprĂ©hension des masses populaires, on Ă©carte les communicateurs traditionnels et autres Kibarou, radios rurales, pour faire place Ă des artistes comme Singleton, Yama Sega, etc., plus professionnels dans les invectives que dans la comprĂ©hension des deux concepts du Simandou. Peut-ĂŞtre bien que la plupart des ministres ne comprennent pas eux-mĂŞmes leurs propres concepts… Ă€ commencer par le premier d’entre eux, qui dit devant les camĂ©ras de la RTG, malgrĂ© l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), que certains aspects incontournables et essentiels de Simandou relèvent… du secret d’État. Tout est dit.Â
Abou Maco