Au quartier Ratoma Cyber, commune de Ratoma, des familles Baga luttent pour conserver leur terrain de 14 hectares. C’est un conflit qui date de depuis le premier régime. Alors que les adversaires des coutumiers Baga changent, eux et leurs positions restent intacte.
Depuis la première République, tous à Ratoma reconnaissent que le terrain situé près du collège Ratoma en bordure de mer estimé à 14 ha appartient aux familles Baga. Sauf que depuis 2008, elles sont en conflit avec un ressortissant Libanais nommé Avif qui affirme avoir acheté ce terrain dans les mains de la famille de l’ancien Premier minier Lansana Béavogui.
Pourtant, nous a raconté le porte-parole de la famille ce lundi 3 février 2025, le terrain n’a jamais appartenu à cette famille. D’ailleurs, ont-ils insisté avec des preuves à l’appui, en 2005, un décret présidentiel avait attribué définitivement ledit espace aux familles Baga, reconnaissant ainsi qu’elles sont les véritables propriétaires.
Dans ce conflit domanial, les familles Baga et le Libanais sont allés en justice, à savoir devant le Tribunal de première instance de Dixinn. Là-bas, la paternité du terrain aux familles Baga de Ratoma a été reconnue, avant que le camp du libanais n’interjette appel.
Arrivé à la Cour d’appel, dans l’espoir qu’elles seront rétablies dans leur droit, les familles Baga ont été surprises du rôle qu’a joué le juge Abdoulaye Conté. Selon les dires du porte-parole des familles, en la personne de Salif Camara, le juge de Conté a pris son côté dans cette affaire.
« Le président Abdoulaye Conté nous a jugés à la Cour d’appel où il nous a demandé ce qu’on allait faire du terrain si nous gagnions (communauté, ndlr) ? Nous avons dit qu’on allait le vendre. Alors il nous a demandé d’aller négocier avec le libanais, au lieu de vendre à une autre personne. Proposotion que nous avons acceptée. Une fois avec le Libanais, il nous demandé à combien on voulait notre terrain, on lui a répondu 20 milliards. Lui, au lieu de faire une proposition concrète, a dit qu’il l’achète à 400.000.000, puis quelques jours après, à 500.000.000. Chose que nous n’avons pas acceptée. C’est ainsi qu’on s’est retourné à la Cour d’appel et le juge Abdoulaye Conté nous a dit : qu’il n’y a plus de village à Conakry, qu’on ne doit plus parler de village. C’est ainsi qu’il a tranché en faveur du libanais alors que c’esgt nous qui avons raison dans cette affaire. C’est une démarche qui n’honore pas la justice de notre pays. Comment un libanais peut discuter la paternité de terrain en Guinée avec un Guinéen ? C’est comme ça au Liban », s’est-il interrogé.
Les familles de Ratoma impliquées dans cette affaire n’entendent pas baisser les bras. Salifou Camara promet, au nom de ses parents, qu’ils se battront jusqu’au bout mais ils ne renonceront pas à une parcelle de cet espace.
« L’affaire-là, on va partir jusqu’à chez le président. On ne va pas abandonner. Quel que soit le problème, on n’abandonnera pas. S’il vient ici, peut-être que tous les villageois-là vont mourir. On ne cédera pas », a promis le sexagénaire.
Toutes nos tentatives pour avoir la version des faits du juge Abdoulaye Conté cité dans cette affaire, se sont révélées improductives.
La rédaction