Dans le discours de nouvel an du président de la transition, deux aspects ont retenu mon attention : la décision de consulter un panel d’experts constitutionnalistes chargé de revoir l’avant-projet de Constitution proposé par le Conseil National de la Transition (CNT), et l’organisation des élections générales en 2025. J’ai le sentiment, en effet, que le CNRD, à travers le général Mamadi Doumbouya, revient sur des propositions qui lui avaient été faites initialement, mais qu’il avait délibérément refusées.
Concernant la rédaction de la nouvelle Constitution, plusieurs acteurs politiques et sociaux avaient suggéré, initialement, la création autour du CNT d’une équipe de constitutionnalistes pour réviser les Constitutions de 2010 et 2020 et proposer un nouveau texte. Cette proposition avait été rejetée à l’époque. L’argument avancé était la nécessité d’une « Constitution inclusive, qui nous ressemble et nous rassemble ». Ont suivi les assises nationales, les concertations nationales, le dialogue interguinéen, le débat d’orientation constitutionnelle… entraînant des coûts financiers importants, avant que le CNT ne nous soumette un avant-projet de Constitution, le 29 juillet 2024. Les conseillers nationaux ont également été récemment redéployés sur l’ensemble du territoire pour assurer sa vulgarisation et recueillir des avis.
Dans l’attente de la version définitive du projet, le président de la transition a décidé finalement de consulter un panel d’experts constitutionnalistes guinéens de renom. Dans son discours du nouvel an, il a justifié cette démarche par la nécessité de garantir que le projet soumis à référendum reflète fidèlement les réalités sociopolitiques, les aspirations de développement et les ambitions des générations futures. L’objectif que le CNT s’était pourtant fixé avec toutes les activités citées plus haut. Le président remet-il en question le travail du CNT ? Un autre débat.
S’agissant du calendrier électoral, plusieurs propositions, telles que le scrutin couplé ou des élections générales, avaient également été formulées. Il a été répondu que la Guinée ne disposait pas des capacités techniques nécessaires, ou que la précipitation n’était pas souhaitable. L’annonce soudaine d’élections générales cette année soulève donc la question de savoir si la Guinée a effectivement acquis les compétences requises, ou si l’on revient finalement à de meilleurs sentiments.
F.Konaté