En général, c’est au partage du butin que les gangsters qui ont dévalisé la banque finisent par se déchirer et d’autres balancent le morceau. Que ce soit par cupidité, par jalousie, ou parce qu’un margoulin, désormais écarté de la manne, décide de dévoiler les dessous de la combine, rarement ces révélations sont motivées par un désir sincère de justice. Plus souvent, il s’agit d’une vengeance personnelle, une manière de régler des comptes, plutôt qu’une véritable prise de conscience morale.
Ne serait-ce pas précisément ce qui est arrivé à la Douane guinéenne avec l’affaire du siphonnage de 800 milliards de francs guinéens des caisses publiques ? Ce scandale, désormais sur la place publique, n’a-t-il pas éclaté suite à une fracture au sein des acteurs de ce réseau d’enrichissement illicite ? Ces dénonciations, bien que nécessaires pour révéler l’ampleur du pillage des ressources publiques, posent tout de même une question assez fondamentale : pourquoi faut-il attendre que les voleurs se disputent pour que la vérité éclate ?
Ce genre de situation révèle non seulement l’ampleur des détournements, mais aussi le dysfonctionnement d’un système où l’impunité règne jusqu’à ce que les appétits des uns et des autres s’entrechoquent. Plus qu’un fait divers, ce type de scandale amène à se poser des questions sur l’intégrité des institutions et la capacité des autorités à prévenir plutôt qu’à subir. Combien de milliards devront encore disparaître avant que des mécanismes de contrôle efficaces soient mis en place ?
Bonne nuit à celles et ceux qui, comme moi, s’apprêtent à dormir du sommeil du juste, et bon week-end à toutes et à tous ! 🙏🙏
Abdoulaye Sankara