Il ne pouvait pas dire « non » à la Guinée, la première nation africaine à lui avoir confié sa sélection, il y a plus de 20 ans. Pour la troisième fois, Michel Dussuyer revient entraîner la Guinée, pour une mission commando en vue de la qualification à la CAN 2025. Le technicien français explique à RFI les raisons de son retour au sein du Syli et ses ambitions à « très court terme ».
RFI : Michel Dessuyer, un premier passage à la tête de la Guinée (2002-2004), un deuxième (2010-2015), avec des quarts de finale de CAN, et là, on vous rappelle une troisième fois parce qu’il y a le feu avec deux défaites en deux matches en éliminatoires de la CAN 2025…
Michel Dussuyer : Oui, c’est vrai que c’est une course aux éliminatoires de la CAN qui est mal embarquée avec ces deux défaites. Surtout, la défaite contre la Tanzanie (1-2). Dans la poule (H avec la RDC), on peut considérer que la Tanzanie et l’Éthiopie sont des adversaires qu’il faut éliminer pour se qualifier. Donc, avoir perdu trois points, à domicile, même si c’était sur terrain neutre contre cette équipe-là, c’est dommageable. Il reste quatre matchs pour inverser la tendance.
C’est une opération commando. Quatre matchs, deux mois pour se qualifier ?
Oui, tout à fait. Après, il faut déjà commencer par gagner un match. Ce premier match contre l’Éthiopie va être très important. Il va donner le tempo aussi pour la suite, donc, bien se focaliser sur cette double confrontation. Les deux équipes jouent sur terrain neutre, donc de ce côté-là, il n’y aura pas, ni pour l’une ni pour l’autre, l’apport du public. En tout cas, on y va pour essayer de prendre le maximum de points contre cette équipe d’Éthiopie pour se relancer dans la course à la qualification. L’idéal serait de prendre six points. Après, chaque match de Coupe d’Afrique, c’est un combat. Il n’y a pas de petite équipe et à chaque fois, il faut lutter pour aller chercher les victoires, décrocher les trois points. Je compte aussi sur la capacité de réaction de ce groupe et sur son orgueil justement pour s’imposer et imposer son style à cette équipe d’Éthiopie.
Vous le connaissez bien ce groupe parce que vous étiez là ces dernières semaines. Vous supervisiez un petit peu le travail du successeur de Kaba Diawara, Charles Paquille…
Oui, j’étais avec eux. Il n’y avait pas beaucoup d’anciens parce que beaucoup d’années ont passé. Ça faisait neuf ans que j’avais quitté la Guinée. Il y avait beaucoup de jeunes joueurs et de joueurs que je ne connaissais pas. Mais c’est relatif parce que beaucoup évoluent quand même en Europe. J’ai toujours régulièrement eu un œil attentif sur la Guinée parce que c’est une nation que je ne peux pas oublier. Forcément, chaque fois qu’il y avait des matchs, j’étais devant mon petit écran pour suivre leur performance et en tant que supporter. Maintenant, on est dans une situation un peu compliquée, c’est aussi pour ça que je suis revenu un peu aux affaires. Il ne faut pas oublier que la Guinée a été le premier pays d’Afrique à m’accueillir et à lancer ma carrière. J’ai passé d’excellentes années en Guinée. Le public aussi me l’a bien rendu, même s’il y a toujours des moments où ça devient un peu plus compliqué. Mais dans l’ensemble, je sais que le public me l’a bien rendu. Je ne peux pas ne pas être attentif à ce qui se passe et ne pas venir aider si on a besoin de moi.
Vous allez disputer vos deux premiers matches contre le même adversaire l’Éthiopie, les 10 et 14. Peut-on s’attendre à un chamboulement?
Non, on ne peut pas chambouler l’effectif. En plus, le championnat guinéen est arrêté. D’autre part, il y a une ossature qui est là, présente, qui a aussi montré qu’il y avait du talent dans cette équipe. Maintenant, il y a aussi des aléas avec les blessures qui ont impacté le groupe. On s’est présenté sans des joueurs importants lors du dernier rassemblement, comme Mouctar Diakhaby ou Serhou Guirassy, qui sont des figures de proue de cette équipe. Mouctar, on sait que c’est une absence de longue durée. Et puis Serhou, j’espère qu’on va le récupérer pour ces deux échéances, on aura bien besoin de son sens du but. Même si Mohamed Bayo a aussi montré qu’il était très présent sur les deux matches qu’on a eus à disputer. Donc, il n’y a pas de chamboulement à attendre, on s’appuie sur le groupe et on compte sur sa capacité de réaction.
Si ça se passe bien, vous restez ?
On verra. Pour l’instant, je suis focalisé sur cet objectif à très court terme, qui est celui de cette course à la qualification. Pour l’instant, j’ai juste ça en tête.
Propos recueillis par Olivier Pron au cours de l’émission Radio Foot Internationale(RFI)