Le 9 septembre 2024, la Guinée a franchi une étape historique dans son parcours vers l’indépendance énergétique. À Beijing, en marge du Forum sur la Coopération Sino-Africaine (FOCAC), une rencontre stratégique entre la délégation guinéenne, dirigée par le Ministre Djiba Diakité, et le groupe énergétique chinois TBEA, a scellé l’accord final pour la finalisation du barrage d’Amaria. Ce projet d’envergure, initié sous la direction du Président Mamadi Doumbouya, constitue une avancée majeure dans le secteur énergétique de la Guinée et marque un tournant décisif pour l’avenir économique du pays.
Un projet stratégique pour la diversification énergétique.
La construction du barrage d’Amaria s’inscrit dans la volonté du gouvernement guinéen de diversifier ses sources d’énergie et de réduire la dépendance du pays vis-à-vis des importations d’électricité. La Guinée, bien que dotée d’un potentiel hydroélectrique immense grâce à ses nombreux fleuves, reste dépendante des infrastructures vieillissantes et d’une production énergétique insuffisante pour répondre à la demande croissante.
Le projet d’Amaria, qui représente plusieurs centaines de mégawatts de capacité, vise à combler cette lacune en augmentant considérablement la production d’électricité à partir de sources renouvelables. Ce barrage permettra de fournir une énergie durable, propre et moins coûteuse aux citoyens et aux industries guinéennes, stimulant ainsi le développement industriel et l’amélioration du cadre de vie.
La coopération sino-guinéenne, clé de la réussite.
Le rôle du groupe énergétique TBEA dans la finalisation du projet d’Amaria est central. TBEA, une entreprise chinoise spécialisée dans les infrastructures énergétiques, possède une expertise mondiale reconnue dans le domaine de la construction de barrages et de centrales hydroélectriques. Leur collaboration avec la Guinée s’inscrit dans une dynamique plus large de coopération sino-africaine, où les investissements chinois dans les infrastructures sont souvent perçus comme des leviers pour le développement économique du continent.
Le Forum sur la Coopération Sino-Africaine (FOCAC) a offert une plateforme stratégique pour formaliser cet accord. Le soutien de la Chine dans la construction de ce barrage est une nouvelle illustration du renforcement des liens économiques entre la Guinée et l’empire du Milieu, qui investit depuis plusieurs années dans les secteurs clés de l’économie guinéenne tels que les mines, les transports et désormais l’énergie.
Une ambition soutenue par les autorités guinéennes. Sous la présidence de Mamadi Doumbouya, la Guinée a entrepris des réformes majeures pour moderniser ses infrastructures et maximiser le potentiel économique du pays. Le secteur énergétique, étant un pilier fondamental du développement industriel, figure parmi les priorités de cette administration.
En diversifiant ses sources d’énergie et en s’assurant une production locale d’électricité, la Guinée aspire à réduire significativement sa facture énergétique. Les importations d’électricité, autrefois indispensables pour pallier aux déficiences locales, seront réduites, permettant ainsi de réorienter ces ressources vers d’autres secteurs stratégiques tels que la santé, l’éducation ou les infrastructures routières.
Un projet aux bénéfices multiples
Les retombées du projet d’Amaria ne se limitent pas à la production d’électricité. Ce barrage, en plus de répondre aux besoins énergétiques du pays, aura des impacts environnementaux et économiques significatifs. D’une part, l’utilisation de l’énergie hydroélectrique contribuera à réduire l’empreinte carbone de la Guinée en limitant le recours aux sources d’énergie fossiles polluantes. D’autre part, la construction et l’exploitation du barrage vont générer de nombreux emplois locaux, stimulant ainsi l’économie régionale.
En outre, ce projet est également perçu comme une opportunité de renforcer l’intégration régionale. L’électricité produite à Amaria pourrait à terme être exportée vers les pays voisins dans le cadre d’un projet plus large d’interconnexion des réseaux électriques ouest-africains, renforçant ainsi la position de la Guinée en tant que fournisseur clé d’énergie dans la sous-région.
Vers une indépendance énergétique durable.
La finalisation du barrage d’Amaria constitue une victoire symbolique pour la Guinée, dans sa quête d’indépendance énergétique. Grâce à ce projet, le pays se positionne comme un acteur clé de la transition énergétique en Afrique de l’Ouest, misant sur des solutions durables et renouvelables pour répondre aux défis énergétiques du futur.
Le soutien des partenaires internationaux, notamment la Chine à travers TBEA, souligne l’importance stratégique de ce projet non seulement pour la Guinée, mais aussi pour toute la région. Alors que le projet approche de sa finalisation, il incarne une vision plus large du développement économique et social de la Guinée, un pays résolument tourné vers l’avenir et qui aspire à devenir un modèle de développement énergétique en Afrique.
Le barrage d’Amaria n’est pas seulement une infrastructure, mais un symbole de souveraineté, d’indépendance et de prospérité pour la Guinée. En capitalisant sur ses ressources naturelles et en s’associant à des partenaires de premier plan, la Guinée se dote des moyens nécessaires pour sécuriser son avenir énergétique et offrir à ses citoyens un accès équitable à l’électricité, un des piliers de tout développement durable.
Par Oumar Thiam / activiste de la société civile guinéenne et analyste politique.