Au cours d’une conférence de presse ce mercredi 28 août 2024 à la maison commune des journalistes, le Forum des Forces Sociales de Guinée a passé au crible l’actualité de l’heure, notamment l’avant-projet de la nouvelle constitution, les violations des droits humains, les engagements du Président de la transition à la prise du pouvoir le 5 septembre 2021, la détention des anciens dignitaires et le cas des activistes Foniké Menguè et Billo Bah.
À l’entame, cette frange de la société civile s’est prononcée sur la mouture de l’avant-projet de la nouvelle constitution, dont le processus d’amendement est en cours. Pour Abdoul Sacko, c’est une distraction car le retour à l’ordre constitutionnel devrait être la question autour de ce texte juridique. « D’abord, est-ce qu’il y a une nouvelle constitution ? Cette distraction ne s’inscrit dans aucune logique ni aucun plan, encore moins un programme. Pour nous, c’est là où le paradoxe guinéen existe. C’est là où d’abord, il faut se poser la question. Comment réfléchissent les acteurs politiques en Guinée ? Vous avez un tout, un programme qui devait être défini, vous ne savez pas en réalité où vous allez. Vous n’avez aucun programme sous les mains, et on vous distrait à chaque moment. On vous envoie dans le Ravec. Vous allez continuer à vous distraire là-bas, ils vous partagent des primes, comme des mendiants .Tantôt aussi, on vous parle d’avant-projet de constitution. Est-ce que le règlement du CNT, les procédures d’élaboration de constitution permettent au CNT de jouer de la sorte ? Voilà la réalité. Pour des acteurs sociaux, des acteurs politiques responsables, la première question serait aujourd’hui à savoir quel est le chronogramme réel défini dans le temps, avec les ressources définies, les responsabilités définies, qui nous permettent d’aller au retour à l’ordre constitutionnel », a-t-il expliqué.
S’agissant de la détention prolongée des anciens Ministres d’alpha Condé par la Crief, le FFSG parle de la politisation de la justice. « Vous voyez la diligence à laquelle les cas des ministres du CNRD à la CRIEF ont été relâchés ? Le fait qu’ils avaient la présomption d’innocence ils n’ont pas été conduits en prison. Mais pourquoi d’autres Guinéens qui sont en prison depuis près de deux ans n’ont pas bénéficié de cette présomption d’innocence. Puisque cela fait deux ans qu’ils courent derrière les preuves , qu’ils les placent au moins sous contrôle judiciaire. Cette politisation de la justice, cet harcèlement contre les acteurs politiques et sociaux qui osent prendre des positions pour dire que le pays ne mérite pas ça doit cesser », a regretté Abdoul Sacko.
Ces acteurs de la société civile n’ont pas manqué de déplorer les tueries, manifestations, arrestations et disparitions, anciennes pratiques que le Général Président Mamadi Doumbouya avait promis de mettre fin au lendemain de sa prise du pouvoir à la suite d’un coup d’Etat en septembre 2021. « De notre point de vue, il était important et fondamental de rappeler au Gouvernement guinéen et au CNRD, les traités et conventions que notre pays a signés, notamment le droit de manifester (…). Nous pensons donc qu’il serait important que ne nous restions pas dans un silence coupable en tant qu’activistes. Nous sommes un contre-pouvoir allant dans le sens de rappeler à l’Etat son rôle régalien, qui est celui de protéger les personnes et leurs biens et à tous les niveaux (…) », a confié Ibrahima Aminata Diallo, membre des Forces Sociales de Guinée, avant de s’adresser au Président Doumbouya : “Je pense que nous ne sommes pas dans un régime où tout le monde est aveugle. Il faut à un moment donné qu’on rappelle, la manière dont le Général Mamadi Doumbouya a justifié la prise du pouvoir, le 05 septembre 2021, notamment la violation des droits de l’homme, de l’impunité. A mon avis, il y a aujourd’hui un grand fossé entre son discours du 05 septembre et ce qui se passe aujourd’hui. Les tueries continuent lors des manifestations, les arrestations, les disparitions et aujourd’hui chaque voix discordante n’est pas la bienvenue », ont dénoncé les membres du FFS.
Au cours de cette rencontre, le dossier Foniké Mengué et Billo Bah, deux(2) responsables du FNDC, arrêtés depuis le 9 juillet 2024 et conduit à une destination inconnue n’a pas été “Il faut que l’Etat nous fasse la situation pour nous dire qui les a kidnappés, pour quelle raison et où ils ont été conduits”, a déclaré Abdoul Sacko, le coordinateur du Forum.
Face à cette situation, “l’Etat reste le coupable le plus parfait”, estime Abdoul Sacko, qui précise que la disparition forcée des activistes pro-démocratie constitue le premier niveau de revendication des Forces vives de Guinée.
Mohamed Saliou Camara pour investigatorguinee.com