C’est le fait qu’ils ne soient pas du camp des oppresseurs qui leur fait plus mal.
C’est pour cette raison que la plupart des gens arrêtent leur combat dès qu’ils intègrent le camp des oppresseurs.
Une fois dans le camp des oppresseurs, ils retrouvent leur confort.
Ils oublient vite tous les maux de l’oppression qu’ils vivaient hier et s’érigent en oppresseurs un peu plus violents que leurs hôtes.
Pour quitter le camp des opprimés et rejoindre le camp des oppresseurs, les gens usent de tous les moyens : dénonciations, marches, campagnes médiatiques, injures…
Des hommes politiques aux acteurs de la société civile en passant par les hommes des médias sans oublier les religieux, le seul vrai combat que les gens mènent s’appelle « intérêt personnel ».
Pas besoin de citer les noms mais chacun de vous connaît au moins une personne pour qui vous aviez beaucoup d’estime et de confiance en son engagement, en sa probité morale mais qui a fini par vous décevoir.
Comment expliquer que les gens condamnent Sékou Touré et pardonnent en même temps Lansana Conté pour les mêmes actes ?
Comment expliquer que les gens s’opposent à Alpha Condé et soutiennent le Colonel Mamadi Doumbouya pour les mêmes faits ?
Opprimés d’hier, oppresseurs d’aujourd’hui, oppresseurs d’aujourd’hui, opprimés de demain, c’est le seul chemin régulier des Guinéens.
Ces changements de camp et de rang social se sont invités même dans l’appareil judiciaire.
Cette mutation empêche certains procès de se tenir, certaines vérités de se manifester et certains changements d’intervenir.
Face aux questions fondamentales de la nation, certains se retrouvent entre marteaux et l’enclume parce qu’ils dorment avec les victimes et déjeunent avec les bourreaux. Ils deviennent indécis.
Les Guinéens, y compris moi, sont très égoïstes. Quand tu es à la tête d’un mouvement de lutte, les gens t’applaudiront tant que tu prononces les mots qu’ils veulent entendre.
La meilleure façon de se battre pour ce pays est de ne pas parier sur sa vie car les seuls vrais perdants sont les morts.
Notre pays est mystérieux, on peut se coucher opprimé et se réveiller oppresseur. Se coucher oppresseur et se réveiller opprimé. Ayez le bon sens !
Ousmane Bangoura Mamarakhouri