Le ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation a pris l’initiative d’évaluer les partis politiques en Guinée. Le rapport provisoire a déjà été présenté aux acteurs. Pour le reste, le processus se poursuit. Et un rapport final est attendu. C’est un sujet politique qui intéresse à plus d’un titre l’Association Guinéenne de Sciences Politiques. Son président pense que le MATD est bien dans son rôle en soumettant les différentes formations politiques à cet exercice.
« De manière générale, l’évaluation des partis politiques relève de la responsabilité du ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation. De ce point de vue-là, c’est un exercice routinier ou qui devrait l’être, dans la mesure où il y a à regarder un peu comment les partis politiques fonctionnent. Est-ce qu’ils obéissent aux règles qui gouvernent leur exercice ? C’est quelque chose de très bien et qui doit même se perpétuer à l’effet justement de réguler un peu l’action des partis politiques qui sont des institutions extrêmement importantes de la vie publique », sollicite Kabinet Fofana.
Le ministère de l’administration du territoire ne doit pas se limiter à la présentation du rapport provisoire. Le processus d’évaluation doit continuer jusqu’au bout, poursuit l’analyste politique. Mais quelle doit être la suite ? Le politiste Fofana répond.
« Je pense que la suite sera de présenter les résultats finaux, puisque la première séance a consisté à avoir les partis politiques à un atelier de présentation des résultats primaires. Donc ce qui va suivre, c’est la mise à disposition des rapports finaux assorties de recommandations permettant aux partis de corriger les imperfections que l’évaluation aura révélées. En revanche, il y a à faire de la part du ministère de l’administration, dans la pédagogie, dans l’assurance. Il faut rassurer les acteurs politiques pour qu’ils n’y voient pas en cet exercice-là une chasse aux sorcières, d’autant plus que la confiance n’étant pas véritablement au beau fixe », déclare le président de l’AGSP.
Pendant que le processus se poursuit, des données ont récemment fuité tendant à donner le PADES de Dr Ousmane Kaba, premier du classement à l’issue de l’évaluation. D’autres formations politiques comme le RPG ont vigoureusement pris le contrepied de cette déclaration. Pour Kabinet Fofana, c’est de bonne guerre.
« Que cela fasse des réactions, c’est tout à fait normal, puisque les partis politiques étant en perpétuelle compétition, chaque parti voudra qu’il soit plébiscité comme répondant aux normes du ministère de l’administration du territoire. Et de ce point de vue-là, un parti croit que cela n’est pas encore officiel. Je veux dire que le rapport d’évaluation ne dit pas cela tout à fait. Ça reste donc des fuites qui ont été constatées lors de la présentation des résultats primaires. Il faut donc attendre que tout cela soit officialisé », tempère le politologue.
Puisque les partis politiques sont tous tentés de se targuer d’être leaders sur le terrain, le président de l’Association Guinéenne de Sciences Politiques pense qu’au-delà de l’évaluation portée par le MATD, il y a nécessité d’instituer des baromètres politiques.
« Il faut dire que les élections restent le baromètre le plus important, puisque c’est là où s’exprime la légitimité des acteurs politiques, de leurs programmes de société. Mais en dehors de ces périodes électorales, il y a à penser aujourd’hui à mettre en place des baromètres politiques. Ces baromètres politiques sont des études d’opinion qui peuvent être réalisées en vue justement de jauger les forces des partis politiques, en sachant que la capacité ou l’adhésion de l’opinion à un parti politique ou à un personnage politique est très dynamique. Et plusieurs facteurs peuvent venir influencer les avis, les opinions, les adhésions, l’acceptabilité d’un acteur à un autre », soutient Fofana.
L’Association Guinéenne de Sciences Politiques dirigée par Kabinet Fofana a de l’expérience dans la réalisation des études d’opinions politiques. Elle n’exclut pas d’élargir son champ d’action à partir de l’année prochaine.
« Nos études sont en accès libre, puisqu’elles sont financées le plus souvent par des organismes internationaux. L’année prochaine, nous prévoyons d’instituer le baromètre du personnel politique guinéen. Ce sera donc plusieurs études que nous mènerons de manière périodique sur le personnel politique, sur l’animation de la vie politique, sur la perception politique de manière générale. Nous nous en ferons et nous ferons le plaisir de présenter ces études-là aussi bien à travers notre site internet que par le biais d’interviews ou des ateliers qu’on organisera à cet effet, parce qu’il faut arriver à la mise en place de ces instances de crédibilisation de manière générale », assure le politologue.
Avec mosaïque Guinée