C’est une information qui fait le chou gras de la presse. Lors de la 24ème journée du championnat national de la ligue 1 Guicopress, le 21 juin 2024, il y’a eu des incidents entre les supporters de l’AS Kaloum et ceux du Milo FC. Des incidents qui ont poussé la ligue guinéenne de football Professionnel à prendre des sanctions contre les deux équipes et de reprogrammer le match ce samedi 6 juillet 2024. Dans une interview accordée à notre rédaction, le président de la LGFP Lucien Beindou GUILAO dit tout sur ce contentieux et les nouvelles dispositions prises pour pallier à tout incident lors de la prochaine rencontre.
Intégralité Interview
– Investigatorguinee.com: Bonsoir Monsieur GUILAO
-Monsieur Lucien Beindou GUILAO: Bonsoir
Lors de la 24ème journée du championnat national de la ligue 1 Guicopress, il y’a eu des incidents entre les supporters de l’AS Kaloum et ceux du Milo FC. Pourquoi la décision de la ligue guinéenne de football Professionnel a-t-elle pris près de 10 jours?
Ce qu’il faut savoir, c’est que le championnat est basé sur des règlements. Donc, l’homologation des matchs ne se fait qu’après le match. Dans le règlement, nous avons entre 15 à 30 jours pour homologuer des matchs. La Commission qui a siegé sur ces incidents à plutôt fait vite, parce que le match ayant lieu un vendredi 21 juin dernier, les rapports de l’arbitre et du commissaire nous sont parvenus le lundi 24 juin à 17h. La Commission a sollicité les rapports de la sécurité, ainsi que les images des films, les images des matchs que le diffuseur a enregistré. Donc, ce qui fait que la Commission a accéléré son processus puisqu’elle a siegé les 27, 28 et 29 juin. C’est pas un cas facile, mais c’est un très bon cas d’école et j’aimerais que vous sachez que ça n’a pas pris du temps. Un match ne peut être homologué avant le 15ème jour du jour de son exécution.
Quelle est la décision prise par la ligue guinéenne de football Professionnel?
C’est la commission de la Ligue qui a pris une décision que le bureau a validé. Le bureau l’avait rejeté une première fois, parce qu’il n’y avait pas suffisamment d’informations dans leurs PV et leurs rapports. Vous avez vu le courrier? Je ne sais pas si vous l’avez diffusé, mais à la suite d’une réunion que nous avons tenu ce lundi, la Commission s’est expliquée. Elle nous a apporté d’autres éléments. Des éléments qui plaidaient en faveur de cette décision. Mais ce qu’il faut savoir aussi c’est que la CAF nous a mis un délai qui était le 2 juillet pour lui transmettre le nom des deux équipes qualifiées pour la Coupe d’Afrique et ce délai était de rigueur. Il ne pouvait pas bouger au départ tant que ce délai persistait, on ne pouvait pas faire rejouer ce match, parce qu’il n’y avait pas de plage, pas d’espace, il n’y avait pas de temps pour faire rejouer ce match. Donc, la Commission avait pris une décision, mais qui n’était plus applicable parce qu’on ne pouvait pas décider. On ne pouvait pas jouer ce match avant le 2 juillet. Or, le championnat s’arrêtait le 2 juillet et moi je leur ai demandé dans ce cas de prendre une décision forte en fonction des règlements qu’ils ont. Lorsque nous -nous sommes réunis on a travaillé, ils ont fait part de leur préoccupation et des pesanteurs qui pesaient sur eux et nous ont expliqué un certain nombre de facteurs.
Le premier, c’est que les rapports qu’ils ont consulté le premier jour de leur travail. Les rapports qu’ils ont consulté, c’est-à-dire le rapport du commissaire et de l’arbitre du départ n’étaient pas en phase avec le rapport de la sécurité et les images. Donc il y avait une incohérence entre le rapport écrit et l’image passée.
Deuxièmement, ils ont constaté plutôt un retard du Milo FC pour réapparaître sur le terrain. Ils ont constaté aussi que l’arbitre et c’est sur les images, a sifflé la fin du match, alors que le FC Milo avait déjà accepté de revenir sur le terrain, puisqu’il y avait trois(3), quatre(4) ou cinq(5) joueurs qui étaient prêts déjà au niveau de la même courade à rentrer sur la pelouse pour jouer ce match et là il a sifflé. On a trouvé un peu incohérent l’attitude de l’arbitre parce qu’elle(l’arbitre femme) a attendu 50 minutes. Elle aurait pu attendre deux(2) minutes de plus pour que le FC Milo soit à onze(11) sur le terrain, mais elle a préféré siffler la fin du match, alors qu’elle aurait pu atteindre. Donc, toutes ces petites imperfections, ont du coup amené la Ligue à se rendre à la Fédération pour expliquer cette situation et pour faire en sorte que le président de la Fédération Guinéenne de Football(FGF) appelle la CAF, puisqu’il est soucieux de l’équité de ce championnat. Il a pris son téléphone et a appelé le président de la Confédération Africaine de Football(CAF) pour plaider encore un renvoi de la date butoir qui nous était imposée, c’est-à-dire le 2 juillet et à partir de l’instant où la CAF a accepté de nous permettre de repousser cette date. La décision de rejouer le match devenait normal.
-L’ASK paie comme sanction un montant de 3 millions 500 francs guinéens et le Milo FC 2 millions de Francs guinéens. Pourquoi cette inégalité dans les sanctions?
C’est lié au règlement. La Commission a estimé qu’il fallait que l’AS Kaloum paie tel montant. Ça pouvait aller plus loin, Ça pouvait aller jusqu’à sanctionner L’AS Kaloum de trois(3) ou quatre(4) matchs ou cinq(5) matchs. À huit- clos ça pouvait aller jusqu’à interdire tous les supporters qui ont été identifiés au stade, mais la Commission a estimé que comme c’est la première fois, elle a donné un avertissement et a donné une amende.
Ces sanctions ne sont- elles pas légères Monsieur Lucien Beindou GUILAO, parce que ça peut pousser d’autres clubs à faire autant?
Ces sanctions contre les deux(2) clubs ne sont pas légères, il faut tenir compte de la situation financière des clubs. Les clubs n’ont pas suffisamment d’argent, c’est une sanction de telle sorte que les amandes de telles niveaux sont acceptables pour le niveau économique de notre championnat. Actuellement quand tu sanctionne des clubs au paiement de 2 millions sur un match il y en a 26, et tous les trois(3) matchs à deux(2) millions ça fait beaucoup. Il n’y a pas que ça. Nous allons essayer de sortir les statistiques des sanctions qui ont été faites. Vous verrez que les clubs qui ont le plus souffert de cette situation sont des clubs qui ont été les plus indisciplinés.
Quelles sont les nouvelles dispositions prises par votre institution pour éviter ces genres de violences?
Nous allons avoir une réunion avec L’AS Kaloum, mais d’ores et déjà c’est que le système ou le dispositif de sécurité va tripler. Les dispositions vont tripler. Il y’a des menaces sur la rencontre parce que nous allons exiger à ce que toutes les conditions soient rassembler avant que ce match ait lieu, mais avec tout ce qu’on a vu, je ne pense pas qu’il y aura de récidive parce que nous allons veiller au grain, il y a la télévision. Il y a des images et quelques soient les supporters, que ce soit un supporter visiteur ou des supporters qui reçoivent quelque soit ce qui va se passer dans le sens d’apporter de l’insécurité dans les stades, ce club paiera et perdra le match ou il commencera la saison prochaine avec un déficit de beaucoup de points.
Dites- nous, pourquoi le stade de la mission est retenu pour le Match ASK- Milo FC vu qu’il ne répond pas aux normes sécuritaires?
Quel est le stade qui répond aux normes de sécurité? Il n’y en a pas. Ne parlons pas de normes sécuritaires parce qu’on en a pas, la preuve en est qu’on ne joue pas nos matchs ici. Ce que je veux dire, c’est qu’on ne peut pas être à la place de la Commission. La Commission n’a pas sanctionné le stade de la mission dans sa décision. La Commission n’a pas infligé à l’AS Kaloum des matchs à huis- clos. La Commission a pensé qu’il fallait donner un avertissement à l’AS Kaloum. Dans ce cas, je ne vois pas pourquoi le match ne se rejouerait pas au stade de la mission. Si le stade avait été sanctionné. Oui, on l’aurait ramené ailleurs. Mais il faut savoir aussi que dans le règlement pour rejouer un match, le match se rejoue sur le même stade et dans les mêmes conditions techniques.
Quel est le message fort que vous avez pour les deux clubs, les supporters et tous les acteurs du championnat guinéen?
Le message que j’ai, la violence et l’indiscipline dans des stades ne peuvent pas être combattues que par la Ligue seule. Nous pensons que les clubs, la ligue, les arbitres et tout le monde devraient se donner la main pour combattre cette gangrène, mais quand je dis donner la main ça veut dire quoi? Ça veut dire que lorsque la Ligue sanctionne d’un côté, il faudrait que les présidents des club sanctionnent de l’autre. Parce que nous- nous infligeons une amende de deux(2) millions à un club pour des actes que son entraîneur a posé ou son joueur a posé. Ça veut dire quoi? Que cet entraîneur est discipliné que ce joueur est discipliné, mais si arrivé dans son club il n’est pas réprimandé par sa direction. Il n’est pas pénalisé par sa direction ça ne peut pas changer parce qu’il va toujours faire la même chose sachant qu’à l’interne il ne va pas être sanctionné. Si nous, nous sanctions des clubs, ils doivent à leur tour aussi sanctionner ce pour lesquelles ils ont été sanctionnés et c’est seulement comme ça que ça va baisser.
Merci Monsieur Lucien Beindou GUILAO, Président de la Ligue Guinéenne de Football Professionnel d’avoir répondu à nos questions…
Merci à vous d’être venu à la source…
Interview réalisée par N’faly GUILAVOGUI pour Investigatorguinee.com