C’est une première depuis 1990, période pendant laquelle la Guinée a opté pour la démocratie. Trois médias libres de guinéens viennent de voir leurs licences retirées par les dirigeants militaires du pays. Il s’agit de « Fim FM, Espace Fm, Espace TV, Sweet Fm, Djoma Tv, Djoma Fm ». La Décision signée par le Ministre de l’Information et de la Communication, Fana Soumah invoque comme motif, le « non-respect du contenu des cahiers de charges, conformément à la réglementation en vigueur en République de Guinée ».
Dans un entretien accordé à nos confrèresd’AfricaGuinée, Talibè Barry explique comment la Direction Générale du Groupe Fréquence Médias a été saisie de cette décision du ministère de l’Information et de la Communication.
« Je n’ai pas suffisamment d’éléments sur les motifs ayant conduit au retrait de l’agrément du Groupe Fréquence Média (FIM Fm). C’est à 11h quand nous sommes sortis de l’émission Mirador que la Direction Générale du Groupe Fréquence Média a reçu une équipe de l’ARPT (autorité de régulation des postes et télécommunications) qui nous a signifié qu’ils ont été notifiés d’une décision du Ministère de l’Information et de la Communication, signée du ministre Fana Soumah en date d’hier mardi 21 mai 2024 qui retirait à FIM et à d’autres médias leurs agréments. Ce signifiait qu’on devrait aussitôt cesser d’émettre en guise d’exécution de cet arrêté », expliqué le directeur de la radio FIM FM.
« Meurtri », Talibé Barry rappelle que depuis six mois, Fim Fm ne travaille pas à cause du brouillage de la fréquence de la radio.
« Nous sommes meurtris ! Depuis plus de 6 mois, nous ne travaillons pas, une centaine de journalistes du Groupe Fréquence Média sont à la maison. Ils sont privés de ce qu’ils savent faire et de ce qu’ils ont toujours fait, ils sont privés de la liberté qui leur ait accordée par les lois de la République, d’exercer la profession du journalisme. Cette décision vient encore nous poser dans une plus grande détresse mais nous ne baisserons pas les bras. Nos auditeurs et nos partenaires sont déjà de cœur avec nous, ils savent que c’est la loi et la raison du plus fort. Nous sommes au regret de constater ce qui arrive et nous comptons sur eux », a-t-il ajouté. Vu ce que le média a enduré ces six derniers mois, ce responsable de Fim Fim affirme qu’ils s’attendaient à tout. « Nous sommes suffisamment avertis parce que depuis 6 mois, on a l’émetteur de FIM Fm qui est brouillé entrainant donc l’interruption de nos émissions. Ce qui vient de nous arriver, peut-être c’est une décision extrême mais on s’attendait à tout », indique M. Barry.
Que compte faire le média ?
« Nous attendons la copie de la décision pour que nous puissions comprendre les allégations ou encore les arguments développés dans ce document. Pour le moment nous n’avons pas pris une décision sur la suite à donner. Nous allons prendre le temps pour chercher à savoir les motifs de cette décision. Sans doute, au niveau de FIM Fm nous allons déterminer la conduite à tenir et pourquoi pas au niveau des médias concernés et les associations de presse. Donc, pour le moment il est prématuré de dire comment nous comptons réagir face à cet arrêté », a-t-il martelé.
Mohamed Mara, Directeur Général de Radio Espace Fm lui déclare chez nos confrères d’Africa Guinée que c’est avec beaucoup de surprise qu’ils ont appris cette mauvaise nouvelle annonçant le retrait de la licence de son média. « Jusqu’à présent jamais nous n’avions reçu un quelconque courrier venant du département de la communication sur une quelconque violation des termes de notre cahier de charge. Le courrier qu’on a vu dit simplement que c’est pour le non-respect des termes de ce cahier de charge. Ce qui est extrêmement vaste. Nous ne croyons pas à avoir violé le contenu de ce cahier de charge. L’autre chose, l’ARPT a débarqué dans nos locaux avec des agents de sécurité nous intimant d’éteindre l’ensemble de nos équipements alors qu’on n’avait pas été notifiés de cette décision.
Donc, en toute illégalité elle a quitté notre Direction et s’est rendue sur notre site de Koloma, casser nos portes et enlever nos équipements. Les équipements de la radio espace, de sweet fm. Ils ne se sont pas arrêtés à cela parce qu’ils sont revenus arrêter notre Directeur technique qui était entre temps arrivé sur le site et ils sont allés le séquestrer au 11ème étage de l’ARPT pour des raisons que nous ignorons pour le moment tout en enfermant un vigil dans une des salles avant de partir. Nous nous demandons qu’est-ce qui se passe pour qu’il y ait cette forme de violence d’Etat contre nous ? », dénonce M. Mara.
Que compte faire Espsace ?
« Déjà nous engageons des discussions, nous sommes dans une dynamique de réflexion collective avec les autres médias qui se sont vus infligés le même traitement (FIM Fm et Djoma Media). Ensemble nous sommes en train de réfléchir avec un pool d’avocats pour voir les différentes possibilités qui s’offrent à nous. Essentiellement ce sera par la voie judiciaire mais aussi par les voies des négociations », a annoncé notre confrère.
Aboubacar Condé, directeur de l’information de Djoma Média. Notre confrère parle d’une décision « inattendue » et « très brutale ».
« Nous traversons des périodes très difficiles depuis maintenant 6 ou 7 mois. Pendant que nous nous battions pour aller vers la normalisation avec ces mêmes autorités, soudain ce mercredi 22 mai 2024 contre toute attente alors que nous nous étions à la maison de la presse pour la signature des textes fondateurs de l’organe d’autorégulation, nous avons appris qu’une équipe de l’ARPT était dans nos installations pour notifier que la licence de notre groupe de Médias (radio, télé et antennes relais) a été retiré par les autorités.
Quand ils sont arrivés dans les locaux de Djoma Média, ils ont dit que si on ne s’exécute pas ils feront usage de la force. Puisque les équipements sont sensibles pour éviter que les dégâts soient dans tous les sens, nous avons donc décidé de mettre hors tension tous nos équipements. A l’heure où je vous parle la radio et la télé de Djoma sont éteintes ainsi que toutes les antennes relais. Ils n’ont pas hésité de nous menacer au cas où on contrevenait cette décision », explique Aboubacar Condé.
Source: Africa Guinée