L’ancien président de l’Assemblée Nationale est de retour à la barre de la Chambre de Jugement de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF). Amadou Damaro Camara est poursuivi pour des faits présumés de ‘’détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux, corruption dans le secteur public et privé, prise illégale d’intérêts et complicité’’.
Devant le juge Yacouba Conté, l’ex chef du parlement guinéen a rejeté les charges portées à son encontre. A la barre, cet ancien dignitaire du régime d’Alpha Condé a donné des détails supplémentaires sur les circonstances de son arrestation. Pour lui, tout était planifié à l’avance. Il se dit être victime de la justice des vainqueurs.
« Le 27 avril 2022 après que la gendarmerie ait conclu que le dossier était vide, elle m’a appelé pour venir signer les PV (procès-verbaux). Mais quel fut ma surprise lorsque vers 08h 30-09h, mon fils m’a appelé de Paris pour me dire qu’il a appris à la radio qu’un gros poisson va être déposé à la maison centrale. J’avoue que je n’ai pas pris ça en considération. Arrivé à la gendarmerie, on a essayé de tirer les PV, mais entretemps il y a eu coupure (de courant). Vers 11h, on n’a plus signé de PV, ce sont des véhicules de police qui sont venues me demander de venir à la Crief. J’ai demandé la raison que je n’ai pas obtenue », a déclaré le prévenu à la barre de la Crief.
Au Yacouba Conté, Juge de la Crief Amadou Damaro Camara explique qu’arrivé à la Crief, on lui a donné une chaise dans le couloir où il est resté de 11h 30 à minuit 30’. (13h chrono). C’est à cette heure, relate-t-il, qu’on l’a fait introduire dans une salle pour annoncer l’ouverture de l’audience. « C’était ma première fois de comparaître devant des hommes en robe », précise-t-il, ajoutant qu’on lui a signifié une litanie d’accusations dont on lui reprochait.
« J’ai posé la question de savoir s’ils n’avaient pas reçu les résultats des enquêtes préliminaires de la gendarmerie. On m’a ouvert la chemise pour me dire qu’il n’y avait que l’accusation du procureur. J’ai posé la question de savoir si l’accusation seulement du procureur peut envoyer quelqu’un en prison même sans enquête préliminaire. On m’a répondu qu’il était tard et que mes avocats allaient s’en occuper. C’est sur ça qu’on m’a envoyé à la maison centrale.
Quand je suis rentré dans ma cellule, j’ai demandé d’aller aux toilettes, mon codétenu m’a demandé dit : grand frère fais attention, la peinture est fraîche. Je lui ai répondu que j’étais au courant. Lorsqu’il m’a dit comment l’as tu su, je lui ai répondu que la radio l’a annoncé avant même que je n’arrive à la CRIEF », a expliqué l’ancien président de l’Assemblée nationale.
M. Camara a décrit dans quel contexte et comment il a utilisé le montant des 15 milliards Gnf, objets du contentieux qui l’a conduit en prison. Amadou Damaro Camara a nié en bloc les faits de « détournement de deniers publics ». Il se dit être victime de la justice des vainqueurs. L’audience se poursuivra le 4 mars 2024.
Source: Africa Guinée