“Une image vaut mille mots”, dit-on. Cette photo de François Kamano, 1er vice- capitaine du Syli National de Guinée et Aguibou Camara, milieu offensif de la même équipe, prise ce lundi 15 janvier 2024, lors de la rencontre entre le Syli national de Guinée et les Lions indomptables du Cameroun, fait des tollés chez des supporters et autres internautes. De l’empathie, à la colère, chacun y va de son commentaire. Mais quels les messages decodables derrière cette photo? Quelle est la dimension supraverbale décodable?
Pour mieux cerner les signes, appliquons notamment la règle des 3V( verbal, vocal, visuel) ou la règle de 7- 38- et 55% d’Albert Mehrabian. Ce professeur Américain en psychologie soutient que dans toute communication le verbale représente 7%, le vocal 38% et le visuel 55%.
Comme dans ce cas précis il s’agit de photo, donc de visuel, cinq(5) dimensions décrivent le non verbal: le periverbal(l’espace et le temps), le paraverbal(la voix, le ton), l’infraberval(odeur, couleurs), le preverbal(attitude) et le supraverbal(signes extérieurs). Les deux dimensions qui nous intéressent ici sont les deux dernières(attitude et les signes extérieurs).
En effet, cette photo sur laquelle on voit les deux joeurs guinéens, dont j’ignore l’auteur, a été prise lors de la rencontre entre le Syli national de la Guinée et les Lions indomptables du Cameroun à Yamoussoukro. Lorsque Kamano a écopé d’un carton jaune, puis rouge, un verdict de l’arbitre sans appel, surpris, il a été contraint de quitter le stade.
C’est lors de ce coup dure pour lui capitaine accusé à tort ou à raison d’être absent dans le jeu, tête basée, moral en berne, qu’il a bénéficié de ce geste de soutien de la part d’Aguibou Camara. Les deux têtes des deux joueurs collées au niveau du l’une à l’autre, les regards braqués l’un sur l’autre et la tête de François tenue entre les mains, on peut décoder entre autres messages derrière cette photo saisissante, l’amour et la compension d’Aguibou à l’endroit de son coéquipier qui a commis une faute grave en cherchant à empêcher l’adversaire dans son camp.
Le regard de François Kamano un peu plus bas que celui du milieu offensif, traduit l’exaspération sur fond de nervosité, puisque ses nerfs d’ailleurs sont visibles. Autrement dit, le changement brusque d’humeur a laissé place à une vive émotion.
Alors que le regard vers les sursils d’Aguibou, c’est à dire un peu plus haut véhicule un message de solidarité et de partage d’une souffrance, l’empathie, l’émotion, la compréhension, l’écoute et dans certains contextes(sans tension), c’est la séduction. Sa main droite à l’oreille visible veut dire, n’écoute pas surtout les critiques, tu peux compter sur nous(les coéquipiers du Syli).
La communication corporelle arrive volontairement et involontairement, mais porte mieux les messages que celle paraverbale. Pour preuve, François Kamano après ce geste non verbal, une heure après la rencontre, s’est confondu en excuses, via un message qu’il a posté sur sa page Facebook.
« Gloire au Seigneur pour le point obtenu. On comptait sur la victoire mais hélas. Nous ne baisserons pas les bras, nous irons jusqu’au bout. J’aurais aimé faire mieux, mais le destin a décidé autrement. Je suis désolé et je tiens à m’excuser auprès de tout le monde », a-t-il plaidé.
Se sont-ils parlés?
La réponse est oui. Et s’il n’y a pas eu parole, il y a eu à travers le visuel un message fort, un message extérieur. Comme pour rejoindre Albert Mehrabian, l’interprétation du non-verbal utilisée en communication politique n’est pas une science exacte comme les mathématiques. Elle peut être objective, comme nous avons tenté de le faire ou subjective(Discours politique et manipulation de l’opinion).
L’essentiel est de prendre en compte les résultats de nos gestes(volontaires ou involontaires). Le décodage du non-verbal n’est pas une fin en soi, mais est un élément incontournable du processus d’analyse que nous faisons d’une personne, d’une situation ou du discours de son prochain.
N’Faly GUILAVOGUI, Éditorialiste politique, Journaliste, Mastérant en Communication politique et publique ISIC de Kountia, Enseignant.