Après lecture des propos du ministre de la justice Alphonse Charles Wright, vraisemblablement tirés d’une vidéo contenant des échanges tenus à la maison centrale suite aux derniers événements, je me fais ce devoir de décryptage qui se termine par quelques modestes conseils citoyens :
• Le ministre Charles Wright (CW) dit : “quand je ne suis pas au pays, on pagaille. C’est normal ça ? Je vous appelle tous les jours, c’est comme si je m’inquiétais. Je suis tous les jours sur le terrain et je parle beaucoup (…)Fin de citation.
Ce propos démontre simplement deux choses : ceux à qui il s’adresse qui sont apparemment ses subordonnées, font semblant de respecter son autorité. Cela devrait l’amener à remettre en cause son système de management des ressources humaines.
Aussi, l’exhibition et le spectacle ne produisent jamais des résultats probants. Lorsqu’un père de famille reconnaît que son autorité se réduit à sa présence physique, c’est qu’il aura admis l’échec de sa responsabilité.
• Le ministre CW rajoute : “Vous avez fait ce que vous avez voulu faire. La mort, c’est une seule fois. Vos agissements me prouvent à suffisance que je n’ai plus confiance en vous. Le pacte de confiance est terminé entre nous (…). Fin de citation.
Apparemment cette rupture de confiance est réciproque dès lors qu’elle est fondée sur le semblant mutuel et les menaces. Juste que les interlocuteurs du ministre, à l’instar de la plupart de nos fonctionnaires frileux, ne peuvent avoir l’audace de le lui dire ouvertement.
• Le ministre CW poursuit : “Depuis l’extérieur, je ne vous ai pas dit qu’il y a des téléphones portables ici ? Je vous ai demandé d’aller voir telle cale, parce qu’il y a des téléphones là-bas. Est-ce que c’est à moi de veiller sur cela ?”. Fin de citation.
Cela prouve simplement que c’est le centralisme absolu qui est le mode de gestion du ministère. Sinon un ministre ne s’occupe pas de la surveillance des cales de prison (il l’admet subtilement d’ailleurs). En le disant ainsi, au lieu d’impressionner l’opinion publique et celui qui l’a nommé, il prouve juste que toute l’administration de son département est centrée sur sa personne. C’est une sorte de culte de personnalité souvent préjudiciable à la qualité de la gestion publique.
De par ses habitudes, Monsieur CW semble croire que l’exercice d’une autorité est synonyme de haussement de ton et de récitation de textes de loi. Parler fort ne veut pas dire parler bien encore moins efficacité de service.
Conseils :
> Mettez en place, si ce n’est pas encore fait, une cellule de crise composée de spécialistes. Peu importe leurs départements d’origine et leur opinion vis-à-vis de vous;
> En vous mettant trop au-devant de cette situation à travers des agissements spectaculaires, vous donnez l’impression de manquer de sérénité et de vouloir sauver quelque chose de personnel (votre réputation et votre poste);
> Laissez le soin aux procureurs et services de communication d’informer l’opinion sur l’évolution de la gestion administrative, judiciaire et sécuritaire de cette situation;
> Abstenez-vous d’humilier vos collaborateurs; quelles que soient leurs fautes supposées ou réelles;
> Remettez en question votre gestion en évitant d’abord de vous faire passer pour Monsieur “connaît-tout et parfait”.
Aliou BAH/ Président du MoDeL