La République de Guinée est-elle devenue une jungle où chacun dicte ses lois? Cette question n’est pas anodine, elle reflète de l’actualité du pays en ce moment.
Comparer la Guinée à une jungle n’est pas un fait nouveau. Cette comparaison nos devanciers l’avaient faites avant nous. Et aujourd’hui, il est à nous les fils et petit fils de ce pays de répéter cette expression déshonorante de l’image de notre chère Guinée.
La nuit du 4 au 5 novembre 2023, est l’exemple parfait pour qualifier la Guinée de jungle. À ce jour, le pays s’est vu menacé par ses propres fils, qui de par leur force et courage ont été animé d’une volonté à piétiner les lois les plus inviolables inscrites de manière indélébiles dans la charte qui encadre juridiquement le pays . Aller faire sortir de la maison centrale des détenus les plus illustrés du moment.
Finalement, l’évasion de Moussa Dadis Camara et de ses co-accusés n’était pas si bien préparée. En tout cas, l’un après l’autre, ils sont revenus dans leurs cellules respectives. Après Moussa Tiégboro Camara et Blaise Goumou, l’ancien chef de la junte lui-même, est revenu à la prison civile de Conakry. S’est-il rendu, après avoir constaté que l’entreprise était vouée à l’échec et s’éviter ainsi un sort plus tragique ? Ou bien a-t-il été repris par ceux qui ont poursuivi les fugitifs toute la matinée de ce samedi ? Pour l’heure, difficile de savoir ce qui s’est passé.
Désormais, il ne reste plus que Claude Pivi dont le fils est présenté à tort ou à raison comme le chef d’opération de cette évasion manifestement avortée. Ces détenus pas les moindres étaient en 2009, les dignitaires sur une partie de l’Afrique occidentale, la République de Guinée. Dadis et ses hommes se permettaient de tout par la force du pouvoir.
C’était avec un sentiment de soulagement que les Guinéens avaient accueilli la nouvelle du coup d’État sans effusion de sang, survenu en décembre 2008 après le décès du président Lansana Conté, au pouvoir depuis 1984. Non seulement la bataille de succession tant redoutée entre les factions de l’armée avait pu être évitée, mais le chef de la junte militaire au pouvoir, le capitaine Moussa Dadis Camara, s’était engagé à éradiquer la corruption et à organiser des élections.
Mieux encore, il avait promis de ne pas se présenter au scrutin. « Je n’ai jamais eu d’ambitions du pouvoir », avait-il déclaré à l’époque. Dès lors que les voix de l’opposition ont commencé à se faire entendre, l’utilisation du service d’envois de message texte par téléphone portable et les activités politiques ont été interdites. Des soldats déployés pour empêcher les rassemblements ont attaqué à maintes reprises les sièges des partis d’opposition.
Lorsque les journalistes ont commencé à dénoncer son emprise de plus en plus forte sur le pouvoir, Camara a interdit tout débat politique à la radio. Bien que certaines interdictions aient été levées par la suite, le message adressé aux journalistes et aux opposants était clair : Dadis Camara était décidé à les réduire au silence.
Le 28 septembre 2009, un meeting de l’opposition tournait au drame dans la capitale guinéenne. Alors qu’une foule d’opposants s’était réunie dans le stade de Conakry pour manifester contre la candidature probable à l’élection présidentielle du capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte au pouvoir. le CNDD, les forces de sécurité réprimaient violemment le rassemblement.
Le jour même et les jours suivants étaient commises diverses exactions, notamment des meurtres, des coups et blessures volontaires, des séquestrations et actes de torture, des viols et des pillages par les membres des forces de sécurité déployés dans les quartiers d’où était issue la majorité des sympathisants de l’opposition.
Ces évènements sont connus comme le « massacre du 28 septembre » En raison de leur gravité, ils ont eu un retentissement médiatique tant en Afrique de l’Ouest que dans le monde, justifiant un intérêt particulier de la communauté internationale et imposant une réponse judiciaire nationale.
De prime abord, il est facile de comprendre la tentation de renoncer à la justice dans le souci de mettre fin à une pression morale. Cependant, les témoignages et les recherches réalisées par les différents avocats ont démontré que la décision de fermer les yeux sur des atrocités et de renforcer la culture de l’impunité pouvait coûter très cher.
Les procès équitables aident également d’une part à rendre aux victimes leur dignité en reconnaissant leur souffrance et, d’autre part, à créer un compte-rendu historique des évènements qui protège contre le révisionnisme de ceux qui chercheront à nier les atrocités qui se sont produites.
Kadiatou Soumah, Journaliste au groupe Evasion Guinée