Visiblement, la décision de retrait des passeports diplomatiques des ministres et autres hauts commis de l’Etat n’a rien à voir avec un quelconque remaniement ministériels comme le font croire certains dans l’opinion. En tout cas, si l’on en croit aux explications de Mory Condé, ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, en plus des passeports diplomatiques, ceux de service que détenaient certains fonctionnaires ont aussi été retirés. L’objectif est de procéder à un travail de décantation, dans le but de savoir qui doit ou pas utiliser un passeport diplomatique ou un passeport de service et pour quelle finalité.
« Le passeport diplomatique reste la propriété exclusive de l’Etat guinéen. Le premier ministre et les membres du gouvernement, sont libres de le laisser garder par les cadres ou de les retirer. À un moment donné, le premier ministre a demandé à tous les chefs de départements ministériels, de lui faire le point sur les demandes de passeports de service et ceux diplomatiques. Nous sommes arrivés à la conclusion qu’il y a certains départements ministériels qui ont des passeports qui ont été émis depuis avant le 5 septembre. Ce que vous ne savez pas, c’est que les services de la police des aéroports reçoivent des citoyens guinéens, parfois qui ne sont même pas des fonctionnaires, mais qui ont des passeports qui ont été délivrés avant le 5 septembre avec pour profession fonctionnaire. Le travail de décantation a été fait par le ministère de la sécurité qui a présenté les résultats au conseil interministériel et même des ministres. On s’est rendu compte que sur 100 passeports de service en circulation aujourd’hui, c’est seulement 20% qui ont été émis au temps du CNRD. Plus de la moitié du reste est détenue par des personnes qui ne sont pas éligibles pour avoir un passeport de service. Parfois, ce sont des commerçants ou des gens qui ne savent même pas lire. (…). C’est ce qui a amené le premier ministre à demander aux ministres, de retirer tous les passeports diplomatiques et de service. De garder ceux de service et de déposer à son niveau, les passeports diplomatiques. Ce travail permettra, à la fin, de savoir qui exactement qui détient le passeport de service, qui détient celui diplomatique », a-t-il clarifié en répondant aux questions de nos confrères de FIM Fm, dans l’émission Mirador ce vendredi 27 octobre 2023.
Le procureur spécial de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF), Aly Touré avait annoncé l’interdiction de sortie du territoire à 34 responsables des divisions des affaires financières de l’administration publique, et même ceux de la présidence et de la primature. Cette décision motivée par des dénonciations de soupçons de détournement de deniers publics, continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Dans l’émission Mirador de FIM Fm de ce vendredi 27 octobre 2023, le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, Mory Condé a estimé qu’au lieu de jeter en pâture le procureur Aly Touré, celui-ci devait plutôt être célébré, car ce qu’il a fait, est un acte de bravoure et de courage.
« Il y a trois ans en arrière en Guinée, on ne pouvait pas imaginer qu’un commis de l’Etat s’inquiète de sa gestion, qu’un procureur se lève en toute indépendance, pour demander des comptes à un commis de l’Etat. Dans les commentaires que nous faisons en longueur de journée, nous nous attardons beaucoup plus sur les actions du procureur et oublions la portée sociale et sociologique de son action. Il reçoit des dénonciations. C’est tout à fait normal, en attendant que les auxiliaires de justice ne fassent leur travail, qu’il demande aux personnes incriminées de rester d’abord au pays. (…). Si le procureur, à l’issue des dénonciations qu’il a eues, a décidé d’interdire la sortie du territoire aux DAF, je pense que tout le peuple de Guinée devrait se réjouir de cet acte du procureur parce que, ça prouve que la CRIEF n’a pas été créée que pour la gestion du passé, mais c’est aussi pour le présent. Si on était dans un autre pays, dans un pays où les mérites sont reconnus, il devrait être célébré pour cet acte de bravoure et de courage. Se lever un bon matin, prendre une telle ordonnance dans un contexte que nous connaissons et dans un pays où on n’a jamais osé dénoncer même un simple assistant d’un ministre. C’est un acte de bravoure », a-t-il dit.
Au sujet des passeports diplomatiques, le ministre a affirmé que pour eux qui ont travaillé dans les organisations internationales, qu’ils« savent qu’il n’y a aucune qui donne des passeports et le laisse avec le détenteur après le voyage ».
Source : Mosaiqueguinee