La marche programmée par le syndicat des professionnels de la presse de Guinée qui a mobilisé plusieurs journalistes guinéens dans la journée de ce lundi 17 octobre 2023, à Conakry a été tuée dans l’oeuf. Des hommes de médias violemment dispersés à coups de gaz lacrymogènes et de mattraques. Bilan: 13 personnes mises au arrêts, deférées au tribunal de Kaloum, puis libérés et mis à la disposition des avocats de la défense.
Des charges ont été retenues contre eux. Des violences condamnées par des acteurs sociopolitiques. C’est le cas de Cellou Dalein Diallo, président de L’UFDG. Dans une déclaration, le parti MoDeL d’Aliou Bah appelle à l’ouverture d’une enquête. L’UFR de l’ancien premier ministre Sidya Touré parle de musèlement de la presse par le régime militaire.
« Je condamne avec la plus grande fermeté l’arrestation et le déferrement de 14 journalistes ce lundi 16 octobre alors qu’ils participaient à la manifestation pacifique organisée par le Syndicat des Professionnels de la Presse en Guinée (SPPG) pour dénoncer les entraves récurrentes à l’exercice de la liberté de la presse. La répression de cette manifestation, qui n’avait pourtant pas été interdite par la mairie de Kaloum, est une illustration éloquente de la volonté de museler la presse à l’effet de faire taire ainsi toutes les voix dissonantes. Je tiens à exprimer tout mon soutien et ma solidarité aux Organisations professionnelles, au Syndicat Professionnel de la Presse de Guinée (SPPG) ainsi qu’à tous les journalistes guinéens qui font face actuellement à d’énormes difficultés dans l’exercice de leur noble métier. La liberté d’expression est indéniablement la sentinelle du respect de l’exercice effectif de tous les autres droits de l’homme. C’est pour cette raison que j’exhorte les Associations, Syndicats de la presse ainsi que tous les acteurs politiques et sociaux à se mobiliser pour exiger la libération immédiate des journalistes arrêtés et pour protéger à tout prix la liberté de la presse des dérives autocratiques de la junte au pouvoir ! »,a-t-il écrit sur sa page Facebook.
Le MoDel d’Aliou Bah de son côté condamne cette situation et exige l’ouverture d’une enquête sur les cas avérés d’agressions et d’arrestations.
“Le MoDeL a appris avec stupéfaction l’arrestation hors procédure de journalistes lors d’une manifestation pacifique ce lundi 16 octobre 2023 dans la commune de Kaloum. A rappeler que cette manifestation fut organisée pour dénoncer l’acharnement injustifiable que subit certains médias privés.
Nous sommes profondément préoccupés par la tournure qu’a pris l’exercice de cette liberté collective à travers la violence d’État dont a fait l’objet la presse. Par conséquent le MoDeL condamne catégoriquement ces actes autoritaires et dénonce ces pratiques liberticides qui fragilisent nos acquis démocratiques.
Nous rappelons aux autorités leur obligation de garantir la sécurité des journalistes, et nous exigeons l’ouverture d’une enquête sur les cas avérés d’agressions et d’arrestations. Nous exhortons aussi la société civile, les organisations internationales, les partis politiques, les associations syndicales à soutenir les revendications légitimes de la presse guinéenne.
Le MoDeL continuera à apporter son soutien total aux médias et aux journalistes qui constituent le quatrième pouvoir de toute société moderne dans le sens de l’exercice de la liberté d’information et d’expression”, peut- on lire dans la déclaration du parti dirigé par Aliou Bah.
L’UFR de Sidya Touré s’inscrit dans la même logique. Elle dénonce le reniement des valeurs défendues par les régimes précédents. « Ce à quoi nous venons d’assister est très inquiétant. S’attaquer à une manifestation légalement organisée pour une cause qui fonde même notre humanité, qui construit notre hymne national : la liberté, n’est rien d’autre que le reniement des valeurs pour lesquelles nos devanciers se sont battus. En réprimant la manifestation de la presse, en arrêtant des journalistes, en détruisant leurs matériels de travail, le régime militaire à la tête du pays assume et réaffirme sa volonté de museler toutes les voix contraires. Nous pensons que ce sont là des signaux d’un lendemain incertain pour notre pays. Il revient alors à toutes les forces vives de la Nation de réaliser ce qui se prépare contre l’aspiration légitime du peuple de Guinée portée sur la démocratie, ses valeurs et ses principes. Ce qui reste clair, aucune civilisation ne récuse la liberté. S’attaquer à celle-ci c’est créer les conditions d’unir tous les guinéens pour ne pas perdre cette valeur qui fait partie des sceaux de notre pays », a-t-elle dénoncé via son chargé de communication Fodé Baldé.
Charlie Passy pour Investigatorguinee.com