Cher (e)s Camarades
Enseignant (e) de Guinée
Ce jeudi, 05 Octobre 2023, marque la célébration de la 29ème journée mondiale des enseignants sous le thème : les enseignants dont nous avons besoin pour l’éducation que nous souhaitons ; l’impératif mondial de remédier à la pénurie d’enseignants. La célébration de l’édition 2023 a pour principal objectif de mettre au premier plan de l’agenda mondial, l’importance de stopper le déclin du nombre d’enseignants, puis de commencer à augmenter leur nombre.
Cette célébration vise également à mobiliser le gouvernement et la population guinéenne pour assurer l’attribution d’une aide financière suffisante au soutien des personnels de l’enseignement et pour faire en sorte que l’accès à l’éducation devienne une réalité pour les jeunes des générations actuelles et futures dans tous les pays. C’est aussi l’occasion de plaider en faveur d’une profession enseignante digne et reconnue à sa juste valeur, d’analyser les défis auxquels elle est confrontée et de présenter des pratiques inspirantes pour attirer, retenir et motiver les enseignants et les éducateurs.
L’éducation est un puissant facteur de changement. Elle améliore la santé et les moyens de subsistance, contribue à la stabilité sociale et stimule la croissance économique à long terme.
C’est l’investissement le plus important qu’un pays puisse faire pour son avenir. Un enseignant efficace est le facteur le plus important pour qu’un élève apprenne bien. Etre enseignant, c’est avoir la chance unique de transformer durablement la vie des autres en contribuant à façonner un avenir durable en favorisant l’épanouissement de chacun. Sans une éducation inclusive et équitable de qualité, il n’y aura pas d’indice de développement humain porteur de croissance et de prospérité
Cher(e)s enseignant (e)s
Chaque jour on mesure l’importance de votre rôle et la manière dont les systèmes éducatifs, les sociétés, les communautés et les familles manifestent leur reconnaissance et leur appréciation envers vous et vous soutiennent activement.
Camarades combattant(e)s de la liberté et de la justice sociale.
Les défis à relever pour atteindre les objectifs du développement durable sont énormes mais pas insurmontables.
Aujourd’hui, selon les données de l’UNESCO, 244 millions d’enfants et de jeunes ne vont toujours pas à l’école et 771 millions d’adultes ne maitrisent pas les compétences de base en alphabétisation.
Il manque 69 millions d’enseignants à travers le monde pour atteindre une éducation universelle d’ici 2030. La pénurie la plus sévère se trouve en Afrique Subsaharienne. Selon l’UNESCO, il faudrait 24,4 millions d’enseignants supplémentaires au primaire et près de 44,4 millions d’enseignants dans l’enseignement secondaire pour atteindre l’objectif d’une éducation de base universelle d’ici 2030.
Publiés à l’occasion de la journée mondiale des enseignants, édition 2022, les nouveaux chiffres de l’UNESCO démontrent que pour
atteindre les objectifs fixés par l’Agenda 2030, il manque en inactifs, malades, soit non formables. De décembre 2021 au soir du 31 décembre 2022 près de 8 mille enseignants titulaires ont été admis à faire valoir leur droit à la retraite sans être remplacés par un nouveau recrutement. Pendant ce temps, 18741 enseignants contractuels communaux ont été recrutés pour servir au compte de l’année
scolaire 2022- 2023 en bénéficiant seulement que de trois mois de salaire sur 12 et sans toucher à aucun franc de la prime d’incitation mentionnée dans le contrat de travail signé et cacheté par les maires des communes urbaines et rurales.
Camarades syndicaliste, militant (e)s d’honneur sans bonheur,
C’est dans ce contexte d’évanescence et de déliquescence de notre profession enseignante que nous célébrons la 29ème journée mondiale des enseignants sous le prisme de la paupérisation et d’une demande sociale très forte, symptomatique de la baisse drastique de nos pouvoirs d’achat consubstantielle à la flambée vertigineuse des prix des denrées de premières nécessités du loyer, des transports, des frais de scolarité de nos enfants qui, du fait de la privatisation à outrance de l’éducation et par ricochet par manque d’écoles de proximité en ce 21ème siècle dans lequel, ce n’est pas l’enfant qui va vers l’école pour être scolarisé gratuitement, mais c’est l’école qui va vers l’enfant pour lui offrir une scolarité obligatoire, gratuite, de qualité, équitable et inclusive, sans oublier l’incapacité des pouvoirs publics à réguler le marché, règlementer le loyer et le secteur de l’enseignement privé livré à lui-même avec ses corollaires d’accumulation primitive du capital sur le sang et la sueur des pauvres parents d’élèves.
Cette célébration se déroule également dans un climat morose d’ouverture des classes et dans un contexte de négociation tripartite avec à la clé la mauvaise foi du gouvernement à entendre le cri de cœur des travailleurs, créateurs de richesse qui réclament un partage du profit et de la prospérité dus au travail de tous en procédant autour de la table de négociation à la politique du petit pas (10%, 12%, 15%, 20%) d’augmentation de la valeur monétaire du point d’indice pour toutes les catégories de fonctionnaires et des pensionnés face à une demande syndicale de 100% d’augmentation. Cette politique d’usure du temps et de posture méprisante et condescendante teintées d’une dose de mauvaises foi et de manque de volonté du gouvernement ne saurait durer éternellement.
Nous devrons restés unis, vigilants et mobilisés pour répondre à l’imminence d’un mot d’ordre de grève qui sera lancé par le mouvement syndical guinéen à l’effet de recourir à tous les moyens légaux pour faire aboutir nos différents points de revendication inscrits dans la plate-forme revendicative en date du 20 Avril 2023 et l’addendum à la plate-forme revendicative de 2023 en date du 20 Mai 2023
Chers Camarades
Le thème de cette année rime parfaitement bien avec les réalités de l’école guinéenne et de l’exercice de la profession enseignante. Les enseignants sont-ils devenus des dinosaures qui en leur temps étaient en voie de disparition ? Pourquoi ce déficit d’enseignant ? Les causes sont profondes. On peut citer entre autres:
La pénibilité de l’exercice du métier d’enseignant.
La trop grande charge de travail facteur crucial du décrochage de beaucoup de jeunes enseignants en début de carrière.
Le manque d’attractivité du secteur de l’éducation ;
L’image du métier est écornée. Le métier d’enseignant est devenu ingrat et sous-payé, déconsidéré par la société. Bref, l’image de l’enseignant est dévalorisée dans la société
La faiblesse du salaire.
Face à un salaire médiocre, on constate une augmentation de travail tant à la maison qu’à l’école ; il n’a pas que les cours en présentiel, il y’a des préparations de cours, les corrections etc.
L’absence d’une réelle formation continue.
Les parents-rois et démissionnaires dans l’éducation de leurs enfants tant à la maison qu’à l’école.
Comment faire face à la pénurie d’enseignant ?
1. Revaloriser l’image de l’enseignant dans la société, et redonner l’importance centrale à la profession enseignante, celle qu’elle
devrait occuper dans toute société authentiquement préoccupée de son avenir social et économique.
2. Augmenter les salaires des enseignants : ils sont mal payés et leur salaire n’a pas évolué depuis deux ans.
Un enseignant a déclaré que les enseignants vont bénéficier de cette pénurie : « peut-être qu’un jour, on sera tellement rares qu’on sera payés correctement ! »
3. Améliorer les conditions de vie et de travail des enseignants par la construction des logements sociaux, de dispensaires scolaires, la prise en charge de l’évacuation sanitaire, des bus de transports, la dotation en denrées de premières nécessités, la construction des laboratoires de recherche dans les centres de recherche scientifique et des laboratoires de physique, de chimie et de biologie, la construction des bibliothèques et des salles de lecture dans les collèges et lycées du pays.
4. Encadrer systématiquement et offrir un soutien actif obligatoire à tous les enseignants.
5. Repenser la formation continue des enseignants, et prévoir davantage de temps dans l’horaire des enseignants.
6. Recruter les 13052 enseignants contractuels communaux dont les diplômes sont authentiques à la fonction publique sans concours tout en renforçant leurs capacités en compétences didactiques, pédagogiques et académiques pour remédier au déficit d’enseignants titulaires de près de 30 mille soldats de la craie dans les 8114 écoles primaires et 740 écoles secondaires dont 85 lycées publics du pays selon les données du BSD du MENA (2019-2020).
7. Payer intégralement les 9 mois d’arriérés de salaire et 12 mois de prime d’incitation de 18741 enseignants contractuels
communaux au titre de l’année scolaire 2022-2023.
8. Elaborer une politique holistique de la profession enseignante par la prise en compte d’un plan de carrière,
d’un avancement au mérite et tout cela sous le magistère de la fonction publique des carrières.
9. Elaborer un nouveau statut particulier de l’éducation plus attractif et incitatif permettant de mettre fin à la transhumance des enseignants vers d’autres départements ministériels considérés comme un eldorado et le pont d’accès au bien-être psychosocial.
10. . Elaborer un plan Marshall de sauvetage de notre système
éducatif guinéen évanescent et déliquescent par l’organisation des assises foraines sur l’éducation dans les capitales régionales, préfectorales, sous préfectorales pour interroger les acteurs, les citoyens, les experts, spécialistes de l’éducation, les partenaires techniques et financiers, les partenaires sociaux(syndicats, fédérations guinéenne des parents d’élèves et amis de l’école, FEGUIPAE) sur le type d’école que nous voulons pour notre pays et en fonction des réalités sociales, économiques, politiques et culturelles de notre pays.
Une école dans laquelle nous parlerons à aux générations actuelles et futures de notre passé glorieux et des potentialités économiques dont belle nature nous a offertes.
11. .Réglementer le secteur de l’enseignement privé en vue de
mettre fin à l’exploitation de l’homme par l’homme dont sont victimes certains enseignants du privé dans certaines écoles privées dans lesquelles les fondateurs sont des hommes d’affaires soucieux du profit engrangé que de la qualité des enseignements et des apprentissages dans leurs écoles. Pire , ils refusent de payer le salaire du mois de juin à leurs
enseignants alors que les parents d’élèves s’acquittent du frais de scolarité de ce mois à l’inscription et à la réinscription.
12. . Payer un 13ème mois pour les enseignants à la fin du mois d’août de chaque année et mensualiser le paiement des salaires des mois de juillet-août aux enseignants qui souffrent
de la double peine de paiement des deux mois à la fin du mois de juillet.
13. . Réduire le taux directeur à la banque centrale à 10%
permettant aux banques primaires d’accorder des prêts avec un taux d’intérêts relativement faible et ne dépassant pas 50% du salaire de l’enseignant qui est sacré et alimentaire.
14. . Construire une banque d’habitat sans taux d’intérêts pour permettre aux enseignants de construire leur maison de retraite sans subir les affres de la double peine : prendre des prêts pour construire une maison et continuer de payer le loyer pendant des années avant de déménager dans sa propre maison. Le prêt bancaire et le loyer cher constituent en même temps la double peine de l’enseignant qui jusqu’à la retraite n’arrive pas à la finaliser.
Victoire aux enseignants !
Gloire aux enseignants !
Honneur aux enseignants !
Meilleures conditions de vie et de travail aux enseignants !
Ensemble unis et solidaires nous serons forts !
La force des faibles se trouvent dans leur nombre. Désunis, nous mendierons !
Restons sereins et mobilisés pour les futurs combats et futures victoires dans la justice sociale.
Camarade salut, salut et salut ! Ensemble, nous pouvons !