Dans une interview récemment accordée à nos confrères du site ‘’africaguinee.com’’, le Ministre Postes, des Télécommunications et de l’Economie Numérique et par ailleurs, porte parole du Gouvernement de transition, affirme tantôt que les membres du gouvernement ont fait leur déclaration de biens, tantôt qu’il n’y a aucune loi qui les y oblige.
Une déclaration qui crée ainsi un flou artistique dans l’esprit du contribuable guinéen. Et malgré l’évidence des faits, le ministre s’est obstiné durant tout le temps qu’a duré l’entretien à nier la vérité qui crève pourtant les yeux. Mais sans pour autant réussir à convaincre son interlocuteur puisque, ce dernier revenait régulièrement à la charge.
Toujours obnubilé à défendre l’indéfendable, le ministre affirmera que les membres du gouvernement ont « signé des engagements » auprès du Président de la transition, avant d’annoncer implicitement, qu’à part le bien matériel, les biens financiers et monétaires ne doivent figurer dans la déclaration des biens.
Pour étayer son argument, il lancera même un défi au journaliste d’aller vérifier dans les archives de la Cour des comptes, s’il existe un haut commis de l’Etat, qu’il a appelé « homme politique », qui a fait une déclaration avec son « numéro de compte bancaire ». « Ce régime est passé, allez-y à la Cour des comptes et demandez s’ils ont ça dans les archives », ajoutera-t-il pour titiller le régime déchu d’Alpha Condé.
Mais cette déclaration de trop, ne passe pas inaperçue chez certains membres du précédent régime. Très étonné par ces « contrevérités » du ministre, un ancien ministre de la République qui ne compte pas rester de marbre, a décidé de démentir Ousmane Gaoual, avec des preuves à l’appui.
L’ancien ministre de l’agriculture et de l’élevage qui a appartenu à l’équipe gouvernementale dirigée par Ibrahima Kassory Fofana, qui voit dans cette sortie de Gaoual, une volonté manifeste de l’intéressé à vouloir souiller l’honneur des gouvernements précédents, ne compte pas rester silencieux. Face donc à ces dérapages du porte parole du gouvernement, Roger Patrick Milimono, puisqu’il s’agit de lui, a choisi de réagir pour rétablir la vérité.
Ainsi, contrairement à ce que veut faire croire Ousmane Gaoual, l’homme clame, mordicus que les membres du gouvernement auquel il appartenait, ont bel et bien déclaré leur bien.
« Dès que le Président nous a rencontrés, la première des choses qu’il nous a dites, c’était de déclarer nos biens. Et le premier ministre Kassory, était l’un des premiers à déclarer ses biens », annonce Roger Patrick Milimono, avant d’ajouter : « avec le premier gouvernement Kassory, tous les ministres….ont fait leur déclaration de biens auprès de la Cour des comptes….».
M.Milimono nous brandira ensuite une copie scannée de sa déclaration des biens pour confirmer ces affirmations. Sur le document, dont kibanyiguinee.info dispose une copie, il est clairement mentionné les avoirs matériels, financiers et monétaires de l’ancien commis de l’Etat.
Mieux, dans l’article V du document, la rubrique « Meubles, Cheptel et Volaille » est clairement identifiée. Notamment, « les bœufs, les moutons et chèvres, les volailles et autres » qui doivent être déclarés. Alors que le ministre Gaoual disait le contraire, affirmant que ni l’élevage ni l’agriculture n’est concerné par la déclaration des biens. Ce sont des activités, selon lui, dans lesquelles, « les ministres peuvent investir…» dans la mesure où « c’est autorisé par l’article 31 de la charte…».
Mais que dit réellement l’article 31 de la charte de la transition ? Cet article stipule : « le respect et la défense du patrimoine national et des biens publics sont un devoir pour tout citoyen ». Un contenu qui ne corrobore pas avec les explications avancées par le ministre Gaoual.
Conforté davantage dans sa réaction, l’ancien ministre Roger Patrick Milimono dira qu’il y a deux choses qu’il faut retenir dans la déclaration des biens. La première, c’est que la déclaration se fait auprès d’une institution dûment habilitée, notamment la Cour des comptes et non auprès d’un « justiciable », fut-il « le chef de l’Etat », comme le prétend Ousmane Gaoual. « Il (ndlr, Ousmane Gaoual Diallo) dit, qu’ils (ndlr, les membres du gouvernement) ont fait leur déclaration de biens auprès du Président, ça n’a aucune valeur juridique », fera remarquer l’ancien ministre de l’agriculture et de l’élevage.
La deuxième chose, poursuit l’ancien cadre de la BCRG (Banque centrale de la république de Guinée), « quand on dit déclaration de biens, il s’agit de bien matériels (immobilisation, tableaux de valeur, or, diamant et autres) et immatériels (monétaire et financier). Car tu peux ne pas acheter de biens matériels, mais ton compte en banque peut augmenter en milliards… », avant de se souvenir : « je rappelle que, le gouvernement nouvellement nommé en 2021, M. Ousmane Gaoual Diallo, en réponse à la demande des acteurs sociaux sur la déclaration des biens, avait dit qu’il n’y avait aucune loi qui les y obligeait. Ce qui est faux, archifaux, il y a une loi qui oblige les membres du gouvernement à faire leur déclaration de biens. »
Insistant sur les éléments devant être pris en compte dans la déclaration des biens, l’ancien banquier informe : « les éléments pris en compte dans la déclaration de biens, sont les biens matériels, les biens financiers et monétaires. On dit financier parce qu’on peut avoir des titres, comme les bons de trésor, de participation au capital. Bref, les placements. »
Donc, renchérit-il, c’est une « ’obligation de faire la déclaration de ses biens monétaires, financiers et matériels, parce qu’ils peuvent être source d’enrichissement ».
Avec Africaguinee