Au forum des parlementaires sur la sécurité et les renseignements à Londres, le président du conseil national de la transition a délivré un message de conviction.
Dr Dansa Kourouma qui est intervenu sur le thème, les perspectives de la lutte contre le terrorisme et le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde aux côtés des représentants parlementaires de la Sierra Leone et du Soudan ainsi qu’un éminent expert-consultant Américain, les a invités à remplacer les armes par une diplomatie responsable en Afrique.
Ci-dessous discours du président du conseil national de la transition, Dr Dansa Kourouma :
Mesdames et Messieurs,
En ce moment crucial de l’histoire mondiale, notre responsabilité en tant que parlementaires est amplifiée face à la résurgence des guerres et aux attaques terroristes inhumaines qui déstabilisent des nations souveraines, en particulier en Afrique. Ces défis remettent en question la capacité des États à garantir la stabilité de leurs institutions démocratiques, et ils sont accompagnés de crises de confiance au sein des entités et ensembles régionaux et sous-régionaux.
Les statistiques alarmantes soulignent l’ampleur de ces problèmes. Au cours des dernières années, nous avons assisté à une augmentation significative du nombre de conflits armés dans le monde. En 2022, par exemple, il y avait 21 conflits majeurs actifs, soit une augmentation de 70 % par rapport à 2010. Ces conflits ont entraîné un nombre choquant de pertes humaines, avec plus de 200 000 décès liés à des conflits en 2021, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.
Les attaques terroristes sont également en augmentation, touchant non seulement les régions en conflit, mais aussi des pays stables. L’Afrique a connu une part disproportionnée de ces attaques. Selon le Global Terrorism Index, en 2021, 7 des 10 pays les plus touchés par le terrorisme se trouvaient en Afrique, notamment le Burkina Faso, le Mozambique et le Niger. Ces attaques ont non seulement coûté des vies, mais ont également sapé le tissu social et économique de ces nations.
De plus, les crises de confiance au sein des entités régionales et sous-régionales entravent notre capacité à collaborer efficacement pour résoudre ces problèmes. Les tensions politiques et économiques entre les États membres affaiblissent la solidarité nécessaire pour lutter contre les menaces communes à l’échelle régionale.
Face à ces défis monumentaux, nous devons intensifier nos efforts pour renforcer la sécurité et le renseignement à l’échelle mondiale. Cela nécessite une coopération accrue entre les nations, une allocation budgétaire appropriée pour nos forces de sécurité et une législation adaptée pour faire face aux menaces actuelles, y compris la cybercriminalité.
Nous devons également réaffirmer notre engagement envers les principes fondamentaux de la démocratie et de l’État de droit, même lorsque nous sommes confrontés à des menaces graves. La lutte contre le terrorisme ne doit pas être un prétexte pour restreindre les libertés civiles. La sauvegarde de ces principes est essentielle pour préserver la confiance de nos citoyens et renforcer la stabilité.
Enfin, nous devons reconnaître que la résolution de ces problèmes ne peut pas être la tâche exclusive des États. Nous devons collaborer avec les organisations internationales, les ONG et les partenaires régionaux pour élaborer des solutions globales et durables.
Au-delà de tout, la sécurité et les renseignements sont des complexes complémentaires et consubstantiels. Les pays doivent accepter de coopérer sincèrement:
– pour détecter des cibles et les menaces qu’elles constituent les pays africains affichent une dépendance notoire des renseignements des pays développés.
– Ces renseignements viennent au gré des puissances détentrice, rien n’oblige, à communiquer à temps une partie ou la totalité.
Ce forum vient à point nommé, car notre pays, la Guinée observe avec stupéfaction ce qui se passe autour de lui, des pays frères comme le Mali, le Faso, le Niger, le Nigeria, le Togo, la Cote d’Ivoire, pour ce citer que ceux-là, agonisent sous les attaques barbares, violentes inhumaines de bandits lourdement armés et équipés de moyens militaires et de renseignement parfois de pointe, obtenus avec la complicité de pays producteurs d’armement, le tout facilité par une asymétrie de vue dans les politiques internationales, une interprétation unilatérale des règles juridiques internationales, d’ailleurs règles qui ont prouvées des limites inacceptables. L’Afrique doit-elle continuer à briller par son absence au conseil de sécurité ? ou doit-elle continuer à recevoir des injonctions ou des instructions des membres permanents ?
Non, dirai-je, car ni l’histoire, ni la géopolitique, ni la géo-économie ne le permettent de nos jours. Corrélativement, les statistiques des conflits armés en disent mieux sur la nécessité de revoir les rapports entre l’Afrique et le reste du monde au sein du conseil de sécurité des nations unies. La pauvreté honteuse ou pour mieux dire, l’appauvrissent éhonté de l’Afrique: le bradage des ressources naturelles, sa faible résilience face aux conséquences du réchauffement climatique, la confiscation de ses intérêts, la corruption de son élite politique, choses qui poussent irrémédiablement la jeunesse du continent à la migration vaille que vaille, parfois au prix de leurs vies, les guerres et les conflits violents amplifient la misère des africains et déstabilisent ses institutions démocratiques. Les armes doivent être remplacées par la diplomatie responsable pour l’Afrique.
Mesdames et Messieurs, dans ce contexte mondial complexe, notre rôle en tant que parlementaires est crucial. Nous devons agir avec détermination et dévouement pour promouvoir la sécurité, la stabilité et les valeurs démocratiques qui sont essentielles pour notre avenir commun. Je vous encourage à travailler ensemble avec persévérance et à tirer parti des leçons du passé pour construire un avenir plus sûr et plus juste pour tous. Je vous remercie pour votre attention et vous souhaite des délibérations fructueuses lors de ce forum parlementaire.
Dr Dansa Kourouma
Président du Conseil National de la Transition