Nous sommes très durs avec les militaires quand ils prennent le pouvoir par les armes. On est très prompt à les rappeler qu’ils sont soumis à un double cantonnement : juridique et territorial. On leur dit qu’ils sont commis à la défense nationale et aussi qu’ils doivent vivre dans les casernes. Nous nous dressons contre leurs violations de ces règles . Mais quand les autorités civiles faillissent , trahissent les principes qui régissent ou doivent régir le fonctionnement de la République et de ses institutions , nous sommes moins prompts à les dénoncer et à nous dresser contre eux. L’avènement des militaires au pouvoir sans être un remède efficace à l’échec de la démocratie est le corollaire de l’inconséquence des civils et leurs trahisons des valeurs qu’ils disent défendre.
Les civils ont encouragé Alpha Condé dans sa démolition de la constitution de 2010
Pourtant, il avait lui-même une fois dit qu’il ne modifierait pas la constitution et que serait trahir ce pourquoi il s’était toujours battu. A mesure que les années passaient, Alpha Condé émettait les signaux comme quoi, il était insatisfait de son bilan. A l’heure du jugement, il s’est rendu compte qu’il n’avait pas été à la hauteur des attentes , et , alors , avec ses suppôts, il a entrepris l’oeuvre de démolition de la constitution . En le faisant, nous le lui avons dit qu’il s’était renié et avait rendu sa postérité dédaigneuse . Pour lui ce passe-droit devait lui permettre de montrer ce dont il était capable. En changeant de constitution pour des raisons personnelles, politiques, il venait de trahir la démocratie et refuser que l’alternance est un des principes de la démocratie.
Pour justifier la forfaiture, il s’est mis avec des opportunistes qui l’avaient pris dans leurs rêts , à vilipender la constitution de 2010 , à l’accuser de tout et le rendre responsable de son absence de bilan souhaité. Il a été exploité par ceux qui voyaient leur parti perdre à la présidentielle de 2020 sans Alpha Condé et qui désiraient à tout pris perpétuer leur accaparement du patrimoine national. Ces fraudeurs à la constitution ne manquaient pas d’imagination . Ils disaient qu’ils voulaient d’une nouvelle constitution pour le pays afin de tenir en compte les nouvelles générations des droits de l’homme. Respecter les droits humains n’avaient pourtant jamais été leurs préoccupations.
La constitution soumise au référendum avait été édulcorée de plusieurs pages, et était différente de cette adoptée et publiée au journal officiel . Voilà l’oeuvre des criminels et des faussaires qui osent encore nous parler de démocratie et qui n’ont aucunement respecté pendant une décennie de règne ses valeurs et principes.
A présent, au lieu de faire leur acquit de conscience , ces bambochards , jouisseurs impénitents , se faufilent et disent défendre le CNRD. Ces girouettes bougent avec le vent. Ils savent se tordre de mille manières pour accéder à la rente. C’est triste qu’ils aient réussi leurs reconversions, ces girouettes vénales.
Sans défendre le coup d’Etat survenu le 5 septembre 2021, ce petit récit permet à ceux qui sont frappés par l’oubli inhérent à notre peuple de comprendre le bien que les jeunes militaires nous ont fait( pour autant que cela nous aveugle pas ). Ils nous ont libérés des criminels civils . Ils nous ont libérés de la tentative d’instauration du régime dictatorial à base professionnelle que mijotaient les fausseurs à la constitution qui par vampirisme avaient soutenu Alpha Condé-Président contre Alpha Condé-Opposant.
Les bienfaits du coup d’État pour Alpha Condé sont si grands que son visage luit à présent , lui dont le visage était presque tuméfié. Tel un élixir de jeunesse, l’avènement du 5 septembre a guéri le Professeur Alpha de ses démons internes et de ses maladies. On eût dit qu’il a fait sa mue. Il s’en vante partout. L’avènement du 5 septembre 2021 l’a libéré et lui a permis d’avoir le temps pour , sa santé. Les tartuffes à sornettes qui l’avaient pris en otage afin qu’il réalise pour eux ce qu’ils étaient de faire eux-mêmes , lui ont même tourné le dos. Qu’est-ce qu’ils défendaient ? Pas la démocratie quand même.
Les civils refusent la démocratie et veulent que les militaires la respectent .
Il n’existe pas un semblant de démocratie dans nos partis politiques . Les textes qui y sont rédigés permettant de justifier l’existence légale des partis. Au-delà de cette fonction , ils n’y sont ni suivis , ni consultés. Les partis appartiennent à leurs fondateurs. C’est leur chose. Leur fonds de commerce . Ils leur garantissent l’existence dans l’opinion . Certains sont même plus connus que leurs partis. Ils peuvent sans gêne dire qu’ils sont les pionniers dans l’instauration de la démocratie de ce pays. Mais pour quel bilan ?
Dans les partis , les instances de délibération sont imposées par le président du parti, candidat à vie dont on ne doit pas contrarier la pensée. Ces instances lui sont inféodées . Il les a à ses pieds, il les marche dessus. Ni par entrisme , ni par un autre moyen ,on ne peut changer la ligne du parti. En s’y essayant , on est chassé et est pris pour quelqu’un qui a l’âme d’un traite et on est donc persécuté.
Les responsables des partis paraissent comme des hommes et des femmes tombés dans le pouvoir tout petits pour se nourrir de son lait dont ils ne doivent pas être sevrés. Ils ont une susceptibilité maladive . Ce qu’ils appellent congrès n’est un moyen consacré pour leur renouveller l’allégeance de tous . Tout doit tourner autour d’eux . Ils sont l’âme , le corps du parti. Même quand ils ont une tête de lard , ils sont la tête du parti.
Je lance un avis de recherche . Quel est ce parti politique guinéen dont le dirigeant a été investi président du parti à la suite d’une élection ? Quel est ce parti politique guinéen où la limitation des mandats est consacrée et respectée ? La crise de légitimité est grande dans nos partis doublée de celle de la légalité.
Quand les gens refusent la démocratie à l’intérieur de leurs partis , ils se disqualifient pour prêcher ses vertus , ses valeurs. Il nous faut une hygiène politique à l’intérieur des partis et les fats se tairont pour l’éternité et arrêteront de donner les airs profonds et factices de démocrates.
Ceux qui n’ont pas respecté les règlements intérieurs et statuts de leurs partis, violeront la constitution. Ceux qui ne veulent pas quitter la tête de leur parti, de leur alliance , ne daigneront pas quitter la tête du pays une fois élus, ils ne respecteront pas le haltes qui leur sont imposées. Quand , il n’y aura plus de recours que les armes pour mettre fin à leur boulimie du pouvoir , nous viendrons dire :<< les militaires c’est dans les camps.>>
Ibrahima Sanoh