La syndicaliste guinĂ©enne Hadja Rabiatou Serah Diallo est dĂ©cĂ©dĂ©e Ă Conakry dans la nuit de mardi au mercredi 28 juin 2023. Ancienne secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale de la ConfĂ©dĂ©ration nationale des travailleurs de GuinĂ©e, première femme africaine Ă diriger un syndicat national, elle est Ă l’origine de la première grève gĂ©nĂ©rale de GuinĂ©e en 2006, puis une seconde en janvier 2007 qui paralyse le pays avant de conduire au plus important soulèvement populaire de l’histoire guinĂ©enne.
NommĂ©e Ă la tĂŞte du Conseil national de transition en 2010 sous la junte CNDD du capitaine Moussa Dadis Camara, puis prĂ©sidente du Conseil Ă©conomique et social sous la prĂ©sidence d’Alpha CondĂ©, Hadja Rabiatou Serah Diallo a rendu l’âme Ă 73 ans Ă l’hĂ´pital de l’AmitiĂ© Sino-GuinĂ©enne de KipĂ©, en banlieue de Conakry.
Originaire de Mamou en moyenneGuinée, Hadja Rabiatou Diallo a lentement gravi les échelons du monde associatif puis du syndicalisme. Issue d’une famille nombreuse en milieu rural, elle participe aux réunions de quartier dès son enfance puis se présente à 19 ans aux élections syndicales du deuxième congrès de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) de 1969.
Elle n’y est pas élue, les mentalités de l’époque n’étant pas prête à voir une femme accéder à un poste dirigeant. Il lui faudra du temps pour faire ses preuves et accéder à d’autres responsabilités que celles traditionnellement dévolues aux femmes : affaires familiales, mariages, enfants et problèmes domestiques, et convaincre de ses capacités, y compris les femmes persuadées de ce que le syndicalisme est une affaire d’hommes.
En 2000, elle accède au poste de secrétaire générale de la CNTG, qui sous sa direction devient le principal mouvement de travailleurs du pays avec 60 000 affiliés.
Rabiatou s’attèle à deux tâches parallèles : implanter le syndicalisme dans un pays où l’économie informelle tient une place prépondérante, et y ouvrir une place aux femmes.
En 2006 la première grève générale qu’ai connue la Guinée, en protestation contre la dégradation des conditions de vie est un succès, suivie y compris par le secteur informel qui n’ouvre ses marchés qu’à la nuit tombée pour permettre à la population de s’approvisionner.
Début 2007, Rabiatou en première ligne d’un nouveau soulèvement qui réclame, entre autres la mise à l’écart de personnalités corrompues. Le 22 janvier elle est arrêtée avec d’autres dirigeants syndicaux, ils ont été libérés sous les pressions internationales.
Aux accusations de vouloir mettre le feu, Rabiatou Serah Diallo répond : « Je suis femme et mère de six enfants et quand je mets le feu, c’est sous la marmite, pour nourrir mes enfants. Mais en Guinée, la marmite est vide. C’est ça qui met le feu au pays».
Que son âme repose en paix amen!
Karifa Traoré kimpess