Le président élu du Nigeria Bola Tinubu a prononcé un discours rassembleur, à Abuja, le 1er mars 2023. Au Nigeria, le président nouvellement élu, Bola Tinubu, a reçu ce mercredi après-midi 1er mars, le certificat de son élection lors d’une cérémonie solennelle devant les membres de la Commission électorale à Abuja. Même chose pour le vice-président élu, Kashim Shettima. À cette occasion, Bola Tinubu a tenu un discours où il appelle ses opposants à travailler avec lui. Ses opposants qui annoncent des recours pour contester l’élection.
En habit blanc et chapeau traditionnel yoruba rouge, acclamé par ses supporters de l’APC, le parti au pouvoir, Bola Tinubu brandit au-dessus de sa tête le certificat faisant de lui le nouveau président élu du Nigeria.
Puis au micro, il fait un discours solennel qui se veut rassembleur. « Je sais que beaucoup n’ont pas voté pour moi, dit-il, et que vous êtes déçu que ce ne soit pas votre candidat ici à ma place devant vous (…) » Bola Tinubu appelle tous les Nigérians à travailler ensemble pour créer des emplois et rétablir la paix.
Le président élu Bola Tinubu, au centre, présente son certificat, accompagné de son épouse Oluremi Tinubu, à droite, et du président de la Commission électorale nationale indépendante (INEC) Mahmood Yakubu, à gauche, lors d’une cérémonie à Abuja, le mercredi 1er mars 2023.
Peter Obi, quant à lui, a promis de prendre la parole prochainement. Celui qui devait être son vice-président, Yusuf Dati Baba Ahmed, a tenu une conférence de presse plus tôt dans la journée. Il appelle les partisans du Labour Party à rester calmes, à se mobiliser massivement pour aller voter le 11 mars, pour les élections des gouverneurs et des assemblées au niveau des États. Le Parti travailliste confirme son projet de mener des actions en justice pour dénoncer des fraudes et des manipulations du scrutin de samedi passé.
Comment expliquer l’élection de Bola Tinubu ?
Le bilan du président sortant Muhammadu Buhari n’a pas joué en sa faveur, selon Laurent Fourchard, directeur de recherche au CERI, le Centre de recherches internationales à Sciences Po Paris et spécialiste du Nigeria. « Ça serait trop court de dire qu’il a gagné uniquement par la triche. Il y a plein de facteurs qui ont joué en sa faveur. Il s’est dissocié de ce bilan désastreux. Il a voulu promouvoir plutôt son bilan comme gouverneur à la tête de l’État de Lagos entre 1999 et 2007. Et effectivement, il avait mené des politiques assez actives en termes de transports, de réduction de la criminalité, de récupération des espaces publics. Il a vraiment construit sur cette image de gouverneur capable de changer le pays et il dit ce que j’ai fait à Lagos, je peux le faire au niveau du Nigeria », explique Laurent Fourchard.
Puis le chercheur ajoute : « Le deuxième point, c’est que APC (All Progressives Congress) reste le plus important parti politique en termes de d’organisation politique. Ils contrôlent le gouvernement fédéral et 25 États sur 36. Et c’est important pour gagner une élection parce qu’il y a de nombreux réseaux politiques qui sont en fait des obligés des gouverneurs et qui votent un peu dans la ligne de ce que le gouverneur suggère de faire », souligne-t-il.
« Troisième point, APC a passé un certain nombre d’accords avec des gouverneurs d’opposition, notamment dans deux États dans le sud – River State et Ohio State – et les deux gouverneurs ont fait campagne contre leur parti. Donc Tinubu a vraiment un sens politique, il peut passer des accords avec ses ennemis pour gagner des voix en fait à la présidentielle », précise encore Laurent Fourchard.
« Quatrième point, ce sont les formes d’intimidation : l’usage de la violence, de bourrage d’urnes. C’est trop tôt pour dire si le niveau de violence et l’intimidation était plus fort à cette élection qu’aux élections précédentes. On sait en tout cas qu’à Lagos, pour plusieurs partis, tous les membres du Labour Party qui ont été empêchés de voter plus que les membres de APC », conclut Laurent Fourchard.
Avec RFI