Alors que le président de la conférence des Chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a entamé des consultations pour une éventuelle reprise du dialogue, le Gouvernement guinéen vient de lui couper l’herbe au pied. Umaru Sissoco Embalò qui a déjà rencontré le bloc des acteurs ayant boycotté le dialogue en Guinée entre le 24 novembre et le 15 décembre, ne pourra pas continuer. Et pour cause, les autorités de la transition ont décidé de lui fermer la porte. Pour elles, il est hors de question de reprendre le dialogue à plus forte raison le délocaliser ailleurs.
En conférence de presse ce jeudi 12 janvier 2023, le porte-parole du gouvernement a tranché dans ce débat. Ousmane Gaoual Diallo a martelé que le dialogue dans un pays est permanent. Cependant, précise le ministre, « le processus qui vient de s’achever en Guinée est derrière nous, parce que les sujets ont été débattus avec nos partenaires de la Cédéao, les accords ont été trouvés… Nos relations avec la Cedeao se sont normalisées ».
Aujourd’hui, à l’en croire, «il n’y a aucune raison que le dialogue se tienne ailleurs, parce qu’il a été bouclé… Qu’est-ce qu’on va dire, que l’accord avec la Cédéao ne tient pas ? Je pense qu’il faut se résoudre à aller de l’avant, à travailler pour la mise en œuvre de ce qui est obtenu dans le cadre de dialogue. C’est ce qui est fondamental pour notre pays et c’est sur ça que nous travaillons…», a répondu Ousmane Gaoual Diallo, à la question d’un journaliste.
Le colonel Amara Camara, porte-parole et secrétaire général de la présidence a fait une mise au point sur le démarrage des 24 mois fixés comme durée de la transition. En conférence de presse ce jeudi 12 janvier 2023, ce responsable du CNRD a indiqué qu’aucune volonté extérieure ne viendra fermer le processus en cours.
« Les 24 mois ont été obtenus dans un compromis dynamique. Certes les chefs d’Etat de la Cedeoa ont dit dans leur résolution ‘’à compter d’aujourd’hui (04 décembre, ndlr)’’, mais on ne va s’attarder sur des questions de jours. La conférence a eu lieu le 04 décembre alors que la transition guinéenne avait proposé le 1er janvier. C’est un détail de 25 à 26 jours sur lequel on ne peut pas mettre en cause l’avenir ou le devenir d’un pays.
Le processus de transition mis en place, il y a encore des actions réalisées sur le terrain. Le processus de transition est en cours. Aucune volonté extérieure ne viendra fermer cela.
Nous avons voulu partir vers ce compromis. C’est une volonté guinéenne, c’est nous qui avons écrit et présenté à la Cedeao ce que nous voulons. Ce n’est pas un bras de fer qui a été engagé. Le chronogramme tient compte des réalités du pays et de ses spécificités. C’est ce qui a permis de parvenir à ces 24 mois », a déclaré le colonel Amara Camara.
Mory Condé, ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation a apporté des précisions lors de cette conférence de presse coanimée avec Ousmane Gaoual Diallo et le colonel Amara Camara, respectivement porte-paroles du Gouvernement et de la présidence.
Du recensement Général de la population et du fichier électoral
« Actuellement nous sommes dans un processus de recensement de l’ensemble des fonctionnaires de la fonction publique. Alors, ce que vous devez comprendre, ceux qui doivent être recensées sur la base du fichier d’état civil biométrique, ils ne vont plus revenir devant la machine pendant la période du recensement administratif à vocation de l’état civil. On aura déjà eu leurs données.
Ce sont les autres qui vont passer devant la machine de recensement. A l’issue de ce processus, nous allons avoir le nombre exact des guinéens dans la base de données de l’état civil. Maintenant, c’est dans cette base de données que nous allons prendre tous les guinéens qui ont 18 ans révolus pour constituer le fichier électoral. Progressivement, aller vers le processus de retour à l’ordre constitutionnel.
Rédaction de la constitution
Nos équipes et celles du Ministère de la justice sont en train de travailler sur les avant-projets de plusieurs textes de lois. Notamment la constitution. Tous les textes de lois dont on aura besoin pour faciliter le retour à l’ordre constitutionnel. Une fois que ces documents seront prêts nous allons les envoyer au CNT avant de passer à l’action.
Le CNRD partira-t-il à la fin des 24 mois même sans achever les 10 points du chronogramme ?
Si on doit partir, il faut quand même qu’il y ait des élections pour que le pouvoir soit remis à quelqu’un d’autre. Le premier point de l’agenda de la transition n’a rien à avoir avec un chronogramme de retour à l’ordre constitutionnel autrement dit le recensement général.
Les neuf (9) autres points sont des actions qui sont liées. On ne peut pas organiser le référendum pour l’adoption d’une nouvelle constitution sans un fichier électoral qui permet d’appeler le peuple à se prononcer sur le oui ou sur le non. On ne peut pas avoir ce fichier électoral là tant qu’on ne fera pas le recensement administratif à vocation d’état civil.
Ce système de recensement de population à vocation d’état civil va nous permettre d’avoir un fichier électoral dynamique. Il nous permettra d’avoir un fichier électoral non manipulable.
Maintenant lorsque vous me dites que lorsque cette durée-là arrive est-ce qu’on va partir ? Je me pose la même question quelles vont être les conditionnalités pour le transfert du pouvoir à un civil pour partir ? Autrement dit, si nous avons fait ce travail technique avec les experts de la CEDEAO, c’est parce qu’ils ont une certaine expérience du code de processus électoral tel que nous l’avons ici. Pour nous, la question n’est pas les 2 ans, mais plutôt ce sont les ressources financières qui doivent permettre au processus de pouvoir se caler correctement sur la durée qui a été défini sur l’agenda de la CEDEAO.
Si nous avons fait engager notre Ministre des Affaires Étrangères sur un document signé, c’est parce que nous estimons qu’au regard de nos expériences de gestion des processus électoraux dans d’autres pays, effectivement les 2 ans nous permettront avec l’accompagnement financier de pouvoir tenir les 2 ans. L’enjeu fondamentale, c’est la question de ressource financière”. Il a aussi été question des actions réalisées en 2022 et les perspectives de 2023.
Avec Africaguinee