Connu pour son combat pour la paix et la pour la réconciliation nationale, l’ambassadeur de la paix a passé en revue dans une interview accordée à notre rédaction, les sujets qui focalisent toutes les attentions. La durée de la transition, les assises nationales, la dernière sortie du président de la commission CEDEAO sur le chronogramme des 3ans de transitions adopté par le CNT. Il invite par ailleurs la classe politique à mettre la guinée au-dessus des intérêts privés en acceptant de venir dans le cadre de concertation déjà initié par le président de la Transition, colonel Mamadi Doumbouya.
Investigatorguinee.com : Elhadj Diériba Diaby bonsoir…
Elhadj Diériba Diaby : Bonsoir monsieur le journaliste…
El Hadji Diériba Diaby, Ambassadeur de la paix, Vous êtes l’un des membres du comité national des assises(CNA). Vous étiez récemment en tournée à l’intérieur du pays. Dites-nous quelle a été la portée de cette initiative des nouvelles autorités ?
Je remercie d’abord le peuple de Guinée. En parlant de cette aventure que j’ai mené avec mes collègues, ça été une grande expérience de la vie et une expérience pour notre pays. Je félicite chacun des membres du CNA et surtout je félicite notre jeune brave ministre de l’administration du territoire, monsieur Mory Condé, un homme qui s’est mis à la disposition de tous, qui nous a accompagné pour l’accomplissement de cette lourde tâche. Je félicite le Colonel Mamadi Doumbouya et son gouvernement qui ont eu cette initiative. C’est un courage du Colonel Mamadi Doumbouya qu’il faut saluer, c’est un courage mérité et c’est un courage qu’on n’avait jamais enregistré dans notre pays à travers nos dirigeants. Les assises ont été une réussite, ça été une école pour nous. Une véritable découverte pour nous à l’intérieur pour savoir comment les guinéens vivent et quels sont les dangers qui nous entourent. Avec les résultats que nous avons obtenu au fur et à mesure, cette fois-ci les guinéens sauront que c’est le vrai sérieux qui a commencé.
-Dans un communiqué publié récemment, le CNRD a interdit les manifestations de rue sur toute l’étendue du territoire national. Une mesure que les acteurs politiques qui réclament un cadre de dialogue inclusif entendent braver. En tant qu’ambassadeur de la paix, comment réagissez- vous à cette ligne de front ?
C’est la loi qui prévoit la liberté de manifestations des citoyens dans notre pays. Et il faut aussi faire attention, manifester librement sans entraver la sécurité des autres guinéens. Je pense bien, interdire n’est pas forcément la meilleure solution, parce que tout ce que vous interdisez, les gens se radicalisent. Par contre, il faut empêcher la manifestation à la place du dialogue, il faut le dialogue, la concertation, parlons entre nous, on peut trouver la solution entre nous guinéens sans appeler ni la communauté internationale, moins encore la CEDEAO, ni un autre étranger. Soixante (60) ans d’indépendance, on ne peut pas me dire que ceux qui ont eu l’indépendance il y a 10 ans peuvent venir nous dicter la démocratie que nous devrons prendre dans notre pays. Au gouvernement, au peuple, aux organisations de la société civile, aux partis politiques nous devrons dialoguer entre nous, sans le dialogue rien n’est possible. Manifester oui, c’est parce quelque part on n’est mécontent, mais ce ne pas dans la rue on peut trouver la solution. Nous devrons privilégier d’abord la Guinée avant nos partis politiques. Le président, les partis politiques, les ministres peuvent tous passer, mais le peuple restera pour toujours. Donc, nous devrons être soudés pour construire la Guinée et on ne peut pas le faire dans le désordre.
La durée de la transition est fixée à trois(3) ans. Qu’est-ce que vous en dites Elhadj Diériba ?
À mon avis tout est à négocier, allons y pas-à-pas, ce sont les guinéens qui sont au pouvoir. Nous sommes gouvernés par les hommes et non par DIEU le tout puissant Allah, donc c’est nos fils qui sont là, qui nous gouvernent. Si le CNT a proposé 36 mois, cela ne veut pas dire que les guinéens vont mourir et fuir. Nous sommes là ça fait 63 ans d’indépendance de notre pays, on a vu combien de chef d’Etat nous ont gouverné ? Aujourd’hui, c’est le Colonel Mamadi Doumbouya qui est là, nous devrons avoir le temps des discussions et savoir que ce n’est pas par la haine et la violence qu’on peut avancer. Quand on organise les élections dans le désordre le pouvoir va tomber dans le désordre. La Guinée a besoin d’une ramification parce que le pays est en fissure et c’est les politiques qui nous ont mis dans cette fissure. Avec les 36 mois, je ne vois pas où il y a le mal ? Je ne cautionne pas, mais que Dieu nous donne la chance, la vie continue et c’est la Guinée qui est en retard. Il faut combattre ce retard.
Le président de la commission de la Communauté Economiques des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) s’est récemment prononcé sur la durée des transitions. Pour lui, une transition ne doit pas avoir la même durée qu’un mandat normal. Quelle est votre analyse sur cette actualité ?
Je suis très étonné avec nos amis de la CEDEAO, je suis le premier à le dire haut et fort que j’ai vécu tout mon temps dans leur milieu, je connais ce qu’on appelle la CEDEAO et ses dirigeants. Il y a la CEDEAO des peuples et la CEDEAO des dirigeants. Avant nous étions avec la CEDEAO des peuples de l’Afrique de l’Ouest avant que la Mauritanie ne sorte de la CEDEAO. Aujourd’hui c’est la CEDEAO des dirigeants. Je condamne la CEDEAO qui condamne les coups d’Etat militaires et qui accepte les coups d’Etat constitutionnels, parce que leurs collègues qui sont au pouvoir ne veulent pas que les coups d’Etat militaires viennent mettre en arrêt leurs coups d’Etat constitutionnels. Je connais beaucoup de pays de la CEDEAO qui ne sont pas légitimes, alors comment se fait-il qu’elle (la CEDEAO) peut s’occuper de la Guinée ? Nous sommes libres dans notre pays, nous sommes des guinéens et mieux nous avons aidé ces pays-là pour leur stabilité et leur formation… Je me rappelle encore, quand feu Ahmed Sékou Touré intervenait au Bénin pour mettre Mathieu Keroukou au pouvoir. La Guinée était la gendarme de l’Afrique à l’époque. Ce ne pas une CEDEAO dont le père fondateur a été feu camarade Ahmed Sékou Touré qui peut venir nous dire, en Guinée il faut ceci, il faut cela… Je dis haut et fort les guinéens ne doivent pas accepter de se faire et de s’humilier. Les guinéens doivent accepter de se pardonner, se parler, s’unir, se donner la main…, que ce soit le gouvernement, les partis politiques et la société civile. Ne mettons pas un étranger dans cette affaire, la CEDEAO va nous faire quoi ? Nous avons notre port, notre aéroport, nos frontières…de toutes les façons quand Ebola et le choléra étaient là, ils nous ont fermé les frontières, ils ne nous ont jamais aidé. Ils n’ont qu’à s’occuper de leur démocratie et laissé la Guinée tranquille.
Merci Elhadj Diériba Diaby d’avoir répondu à nos questions…
C’est à moi de vous remercier
Interview réalisée par François Lelano 621498175