Un adage africain dit : « en creusant le puits de l’adversité, fais-en sorte qu’il ne soit pas trop profond ». Ne sait-on jamais ?
Qui l’eût cru ? Que le renversement du régime du RPGAEC, au matin du 5 septembre 2021, aurait mis dos à dos la mouvance présidentielle et son opposition d’alors ? Les voies du Seigneur sont insondables ! Dieu est Grand !
Une imprévisible et inconfortable situation
Après avoir fait des prières, des sacrifices, des maraboutages, et organisé d’interminables manifestations de rue qui auront fragilisé, puis facilité, en quelque sorte, la chute du régime du RPGAEC, l ‘ ex opposition radicale guinéenne fait maintenant face à une situation imbrogliesque, qui nous amène à dire que si cette opposition savait :
– elle n’aurait peut-être jamais applaudi, aussi chaleureusement, et ovationné dans ses bastions, la chute du Professeur Alpha Condé.
-elle n’aurait surement jamais mené avec autant de ferveur et de volontarisme, à travers le monde, une campagne de dénigrement systématique du régime du RPGAEC, et de soutien inconditionnel au CNRD.
-que le délogement, presque sans préavis, de certains dignitaires de l’ancien régime (Amadou Damaro, Dr Mohamed Diané, Ismael Dioubaté et autres), conduirait également à l’expulsion sous forte escorte militaire de leurs leaders, elle aurait très certainement montré de la compassion pour les premiers déguerpis, à la place des railleries et sarcasmes que l’on a malheureusement pu entendre.
-que la lutte contre la corruption, les détournements et autres pratiques malsaines, allait déterrer des dossiers comme le démantèlement des rails du Conakry -Niger, de vieilles affaires comme Guinomar, Air Guinée, Friguia et de bien d’autres… Elle n’aurait pas jubilé trop vite, et aurait été moins lyrique dans son sévère réquisitoire contre les anciens dignitaires qu’elle voyait déjà embastillés.
-que certains de ses leaders pourraient se voir disqualifiés ou affaiblis par un éventuel allongement de la transition ou le tintement judiciaire de casseroles dont elle ne souhaitait plus entendre les désagréables bruits, l’opposition aurait certainement accepté le cadre de dialogue proposé par le PRAC, malgré certaines insuffisances qui auraient pu être éliminées ou atténuées, par le biais d’une médiation nationale et/ou internationale.
– que ses innombrables marches qui auront eu pour conséquences de très graves dégâts matériels et humains, conduiraient à cette impasse politique que nous vivons aujourd’hui, elle aurait surement choisi des méthodes de revendications plus douces, comme les sit-in et les villes mortes.
-elle n’aurait jamais mis en pratique sa volonté publiquement exprimée, dès la proclamation des résultats de l’élection présidentielle de 2010, à savoir : empêcher le Professeur Alpha Condé de gouverner dans le calme et la sérénité.
Au regard de résultats si peu probants, au plan politique, de la mise en œuvre d’une telle doctrine, on est conduit à se poser la question suivante : tout ça pour çà ?
Malheur à ce nageur qui, pour avoir méconnu ou sous estimé l’impétuosité du fleuve qu’il veut traverser, pourrait bien se retrouver face à la puissante furie du courant contraire du cours d’eau. Impuissant et angoissé, plein de remords il ne cessera de se livrer à cette inopportune et improductive cogitation : si je savais !
L’ancienne opposition radicale ne se trouverait- elle pas dans une telle posture si inconfortable ?
En tout cas, la déception récemment exprimée par l’ex-chef de file de cette opposition radicale, en dit long sur ses sentiments du moment à l’égard du CNRD.
Quoiqu’on en dise, elle y laissera surement quelques plumes, si ce n’est toutes ses plumes !
Puisse le ciel te venir au secours, très cher potentiel concurrent politique bien aimé, pour te tirer de cette mauvaise passe que, très malheureusement pour toi, même tes meilleurs joueurs de cauris n’auront pu prédire !
AMEN !
Dr Sidiki Cissé