Le roi a été déposé, vive le roi ! Après le revers du champion du RPG AEC le 5 septembre dernier, c’était la joie. Les guinéens de tout bord ont applaudi l’arrivée de la grande muette au pouvoir. 5 mois après ce changement sur fond de cohésion populaire, le CNRD et son prince sont- ils à l’épreuve d’un chambardement?
Avant et après sa prestation de serment sur la charte de la transition, le colosse de la grande muette a enchainé des actes et reformes intrépides : la libération des détenus politiques, la réouverture des frontières, la baisse du prix du carburant jadis insupportable, les grâces présidentielles, la restitution des villas belle vue à la famille du père de l’indépendance, Feu Ahmed Sékou Touré, la libération provisoire de l’ancien président Alpha Condé, l’installation des 81 membres du CNT, la mise en place de la cour de répression des infractions économiques et financières CRIEF, l’annonce du dégel des comptes des EPA, ceux des anciens dignitaires, le désengorgement de la fonction publique suite au renvoi des milliers de cadres à la retraite, la récupération des domaines de l’Etat, j’en passe ont été glorifiés par la majorité écrasante des guinéens.
Cependant, le non-respect de votre concept « non recyclage » des caciques au sein de l’administration visiblement embourbée outre la retraite gouvernementale initiée à Kalia et le séminaire de Conakry, la rebaptisassion de l’aéroport de Conakry, le choix du président du CNT, l’exclusion quelque fois de la presse privée, sont des faits qui ont divisé ceux qui vous ont célébré hier et la fourbure reste la durée de la transition, 5 mois après avoir déposé celui qui se faisait passer pour le meilleur animal politique. Des décisions qui ont fait déchoir la côte de popularité du CNRD et de son chef.
En effet, le colonel Mamadi Doumbouya semble changer de fusil d’épaule. Acclamé hier par tous les guinéens dont ceux de l’axe hamdallaye- Bambéto- cosa, alors que le président déchu était en résidence surveillée, le fief de l’opposition est en froid à la suite de plusieurs décisions. Lâché par ces derniers, il se fait ovationner dans le bastion de l’ancien parti au pouvoir le RPG AEC, en témoigne cette foule en liesse à la casse de madina qui a déclaré son soutien à l’homme du 5 septembre.
Comme enjeux, la présidence soutient que cet exercice du colonel Mamadi Doumbouya dans les Communes de Kaloum, Matoto, Matam et Dixinn s’inscrit dans le cadre de sa tournée pour prendre la température de la population, les actes majeurs et déterminants dans le cadre de la gouvernance et de l’amélioration des conditions de vie des Guinéens au quotidien. Normal la démarche, mais y a- il opportunité de se livrer à une démonstration de force, alors que le peuple attend l’essentiel avec insistance et impatience ? En lieu et place de cet exercice, le colonel ne devrait- il pas mettre le cap sur les défis de la transition ?
Acculé par la communauté internationale et une frange importante des acteurs de la vie de son pays notamment la classe politique, le colonel doit éviter de trébucher dans les pièges de ses prédécesseurs en évitant d’emprunter des chemins de dispersions, en esquivant des démagogues travestis autour du palais Mohamed 5. Hier les mêmes qui marmonnaient pourraient dresser des épines sur son chemin. La côte de popularité et l’image d’un homme publique se mesure par des actes.
N’Faly Guilavogui, éditorialiste