Le 35e sommet de l’Union africaine (UA) s’achève ce dimanche soir 6 février à Addis-Abeba. Outre les récents coups d’États en Afrique de l’Ouest ou la guerre civile en Éthiopie, un autre sujet brûlant s’est invité à l’événement : l’arrivée massive de mercenaires sur le continent africain. Au Mali, les dirigeants continuent de nier la présence du groupe russe Wagner. Mais le Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’UA, Bankole Adeoye a rappelé le danger de ces groupes.
Depuis plusieurs années, la Russie avance ses pions sur le continent africain à travers les mercenaires de la société Wagner. Leur arrivée au Mali, fin janvier 2021, a soulevé des questions sur la véritable influence et l’efficacité de ces troupes irrégulières. L’Union africaine, qui organisait son sommet les 5 et 6 février à Addis-Abeba, a brièvement condamné « l’émergence de ce phénomène nouveau ».
Lors de ce sommet, marqué par la condamnation unanime de la vague de coups d’États en Afrique de l’Ouest, la question de l’intervention de paramilitaires étrangers a été soulevée par le commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité, Bankole Adeoye. Lors de son allocution, le Nigérian a appelé à un effort commun pour « exclure complètement les mercenaires de notre continent ». Pour cela, il souhaite la coopération du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que de l’Union européenne.
Convention de 1977 sur l’élimination du mercenariat en Afrique
« De la région mozambicaine du Cabo Delgado à la Libye, nous faisons face à l’émergence d’un nouveau phénomène, la présence de contractants militaires privés venus de l’étranger et de mercenaires », a-t-il déclaré. Les paramilitaires russes de la société Wagner, propriété d’Evgueni Prigojine, un proche du Kremlin, sont aujourd’hui également présents en République centrafricaine, au Soudan, et dernièrement au Mali. Bamako leur verserait 10 millions de dollars par mois, d’après l’armée américaine.
Dans son plaidoyer pour un multilatéralisme africain, Bankole Adeoye a évoqué la Convention sur l’élimination du mercenariat en Afrique, un texte adopté à Libreville en 1977 par l’UA. « C’est le moment de dépoussiérer ce texte, de l’utiliser de façon concrète », a-t-il ajouté. Le sujet pourrait être abordé au mois de mai à Malabo en Guinée équatoriale, lorsque l’Union africaine se réunira pour un sommet extraordinaire sur la lutte contre le terrorisme et les changements anticonstitutionnels de gouvernement. « Nous nous attendons à un leadership fort des pays membres pour renforcer notre réponse commune à ces menaces existentielles », a conclu Bankole Adeoye.
Avec RFI