Tout d’abord ma conviction est que ni les uns ni les autres n’ont totalement raison ou tort. Cela demande à cogiter. Ayons la lucidité et le courage froid, de reconnaître que la culture et le culte du travail, du méritoire sont à développer dans notre pays. Pour beaucoup d’entre nous les tares du passé et surtout le système de prédation instauré sauvagement par l’élite postcoloniale ont fini d’installer une culture qui réduit le travail à une souffrance à laquelle on cherche à échapper au louvoyant, en trichant, en faisant le simulacre (car, en même temps, on aime l’argent que procure le travail).
Il est urgent de mettre la Guinée, surtout celle des zones urbaines, au travail, valeur sociale immuable, seule à même de procurer la liberté des masses, l’épanouissement social et la prospérité économique. La situation guinéenne est gravissime certes, mais elle n’est pas fatale. Elle illustre simplement les symptômes de causes rationnelles connues qui nécessitent une approche systémique.
Oui, c’est le système lui-même, dans ses différentes composantes, qui est compromis et dirigé contre l’intérêt général, national, puisque fondé sur des contre-valeurs qui ont pour noms incompétence, népotisme, corruption généralisée, acceptation de la domination de l’influence interne et externe, démagogie politicienne. Voilà ce qui génère les métastases de cette gestion publique scandaleuse et prébendière des ressources naturelles minières, foncières….
Le processus électoral a toujours été un danger pour la stabilité nationale en Guinée car l’argent a pris une place incontestée dans la politique tuant du coup le débat d’idées fortes et les grandes réformes nationales, d’où la piètre qualité de l’élite politique et les faibles performances dans les gouvernances d’État. Ce cycle d’échecs et de déceptions politiques déjà forgés dans ce système pieuvre dont le peuple est à la fois complice et victime nous condamne tous à vivre le désastre moral et économique dans lesquels nous sommes aujourd’hui.
Pour beaucoup d’entre nous l’intégrité constitue d’avantage une posture qu’une conviction. Or, pour reprendre l’actuel Premier Ministre Malien Choguel Kokala Maïga : « La politique c’est l’art de réaliser ce qui est possible et de rendre possible ce qui est nécessaire ». Ceci dit, qu’est qui est possible, nécessaire et réalisable en Guinée ? Sachons que nous devons croire que nous avons cette grande capacité à rendre possible tous, ce qui est nécessaire et réaliser ensemble ce qui est possible pour enfin construire ce modèle politique, exemplaire dans ce monde qui ne nous attend plus déjà car nous avons trop perdu du temps, c’est maintenant oui dès maintenant qu’il faut s’y atteler.
C’est tout ce qui démontre la crise de notre société, attestée par de nombreux cas de viols, enlèvements, assassinats, morts d’hommes, (même sur des enfants à bas âge). La situation est à l’image de notre retard économique, qui d’ailleurs en est la résultante de cette grosse paupérisation à la fois mentale et matérielle. Par nos actes peu honorables et désastreux, le pays est transformé en une pétaudière sans équivalence. Le système dont il s’agit est pernicieux, c’est une pieuvre tentaculaire et à plusieurs têtes. C’est d’ailleurs une incommensurable et monumentale erreur de l’identifier par sa seule composante politique.
En son sein, se trouve des échantillons représentatifs de toutes les couches socio-professionnelles: hommes politiques, technocrates, hauts fonctionnaires, patrons de presse et hommes de média, affairistes de tous bords, leaders religieux, lobbies d’État et privés étrangers. Chacune de ses composantes joue sa partition dans le maintien et la perpétuation du système et en contrepartie reçoit les avantages sonnants et trébuchants sous forme de juteux marchés, de promotions politiques ou administratives et d’absolution des actes de mal gouvernance, d’attributions de fréquences accompagnées d’immunité fiscale et d’avantages occultes, de mallettes d’argents et d’attributions foncières assaisonnées de passeports diplomatiques, de garantie de grande part de marché de marché faisant de la Guinée un gâteau livré au partage étranger.
Tout se tourne autour d’intérêts personnels et nul, en vérité, ne se soucie de la Guinée, de son avenir et de son peuple qui croupi dans une paupérisation grandissante. On fait semblant et on enfarine, au moyen de promesses démagogiques, du trafic d’influence, du pouvoir de l’argent illicitement acquis, des manipulations médiatiques et du soutien des lobbies, véritables maîtres du système. Le citoyen lui, mal formé et désinformé, n’y voit que du feu. Mais une chose est sûre, si ce système se régénère c’est à cause de nos peurs et de notre inaction.
Les plus avertis pensent avoir trouvé un exutoire dans l’expression de la volonté citoyenne par le vote, préférant fatalement s’en remettre à Dieu entre toutes les échéances électorales qui toujours s’avèrent fatales. Espérons en nous armant des clés véritables du changement présent pour l’avenir des défis présents et à venir. Croire pourquoi ? Parce-que nous pouvons remporter cette grande bataille en exprimant la simple et réelle volonté d’action.
Le chemin du changement est à la fois facile et difficile. Facile, car le chemin est connu, difficile car emprunter le chemin et s’y maintenir jusqu’à destination nécessitent énormément d’efforts, de volonté, de patience et de persévérance. Ce chemin nous allons l’écrire. Croyons en nous car il est possible de changer les choses. Ensemble dans la conquête de cette guinée nouvelle. Toute la conviction politique. Allons-y !
Écrivons le chemin ensemble.